Je ne suis pas d'accord avec cet article.
Je suis même, je l'avoue, assez surprise de lire de tels arguments (que je respecte au demeurant, bien évidemment) dans un magazine comme Madmoizelle.
Je ne crois pas du tout que cette affaire soit en train de discréditer le mouvement "Me Too" (sauf aux yeux des gros cons misogynes, mais ceux-là ne seront de toute façon jamais acquis à la cause, quoi qu'il arrive). Je pense qu'elle en souligne tout simplement les limites : c'est à dire qu'elle nous rappelle qu'en dépit des progrès de l'égalité, le patriarcat s'accroche fermement, bien déterminé à ne pas céder du terrain. L'opinion publique ne pouvait pas fermer les yeux sur l'affaire Weinstein : trop de victimes, trop de preuves, et surtout, une posture de "coupable idéal", tant dans le physique (imposant, presque monstrueux, raccord avec l'idée que les gens se font d'un violeur) que dans les privilèges qu'il détenait. Mais pour le reste ? Quand les coupables présumés sont des hommes a priori bien sous tous rapports, à mille lieux de l'image d'Epinal de l'agresseur échevelé, il n'y a plus d'écoute possible. L'affaire Hulot prouve simplement que la libération de l'écoute, et la prise de conscience qui s'en est suivie sont terriblement limitées. Et que le combat à mener est immense, plus immense encore que ce qu'on croyait.
Bien sûr que dans un monde idéal, les violences faites aux femmes seraient punies par la justice, loin du cadre virtuel de Twitter et des pages glacées des journaux. Mais nous ne sommes pas dans un monde idéal, et le chemin à parcourir est immense. Nous sommes dans un monde où plus de 90% des agressions sont impunies, où les viols sont requalifiés en agression sexuelle lorsqu'ils ne sont pas tout simplement classés sans suite, où les victimes sont discréditées, mal accueillies, souvent humiliées une seconde fois lorsqu'elles osent pousser la porte d'un commissariat.
Donc la jolie petite phrase de Marlène Schiappa :
"Parler d’une agression sexuelle pour la première fois doit pouvoir se faire dans un cadre sécurisé pour le bien de la victime, auprès de personnes formées ou empathiques, qui n’ont aucun intérêt personnel à l’orienter vers tel ou tel point"
Certes, on est tous d'accord là-dessus. Mais en attendant une généralisation des "personnes formées et empathiques" (qui sont bien loin pour l'instant de constituer une majorité), qu'est-ce qui reste aux victimes comme solution ? Faut-il fermer sa gueule en attendant sagement que la police, et la justice daignent enfin réserver aux femmes le traitement qu'elles méritent ?
Marlène Schiappa ne peut de toute manière pas s'exprimer librement sur le sujet. Elle est tenue d'être solidaire avec le gouvernement, qui a clairement choisi sa position, celle de la complicité. C'est d'ailleurs un très mauvais message qu'ils et elles renvoient aux femmes, et j'espère voir un peu plus de soulèvement et d'indignation à ce sujet.
Enfin, j'ajouterais qu'il n'y a pas de fumée sans feu, et qu'une plainte classée sans suite ne signifie aucunement que l'acte n'a jamais été commis. Je crois toujours les victimes, qui n'ont aucun intérêt (mais vraiment aucun) dans la société dans laquelle on vit à mentir et à porter de fausses accusations.
Je suis même, je l'avoue, assez surprise de lire de tels arguments (que je respecte au demeurant, bien évidemment) dans un magazine comme Madmoizelle.
Je ne crois pas du tout que cette affaire soit en train de discréditer le mouvement "Me Too" (sauf aux yeux des gros cons misogynes, mais ceux-là ne seront de toute façon jamais acquis à la cause, quoi qu'il arrive). Je pense qu'elle en souligne tout simplement les limites : c'est à dire qu'elle nous rappelle qu'en dépit des progrès de l'égalité, le patriarcat s'accroche fermement, bien déterminé à ne pas céder du terrain. L'opinion publique ne pouvait pas fermer les yeux sur l'affaire Weinstein : trop de victimes, trop de preuves, et surtout, une posture de "coupable idéal", tant dans le physique (imposant, presque monstrueux, raccord avec l'idée que les gens se font d'un violeur) que dans les privilèges qu'il détenait. Mais pour le reste ? Quand les coupables présumés sont des hommes a priori bien sous tous rapports, à mille lieux de l'image d'Epinal de l'agresseur échevelé, il n'y a plus d'écoute possible. L'affaire Hulot prouve simplement que la libération de l'écoute, et la prise de conscience qui s'en est suivie sont terriblement limitées. Et que le combat à mener est immense, plus immense encore que ce qu'on croyait.
Bien sûr que dans un monde idéal, les violences faites aux femmes seraient punies par la justice, loin du cadre virtuel de Twitter et des pages glacées des journaux. Mais nous ne sommes pas dans un monde idéal, et le chemin à parcourir est immense. Nous sommes dans un monde où plus de 90% des agressions sont impunies, où les viols sont requalifiés en agression sexuelle lorsqu'ils ne sont pas tout simplement classés sans suite, où les victimes sont discréditées, mal accueillies, souvent humiliées une seconde fois lorsqu'elles osent pousser la porte d'un commissariat.
Donc la jolie petite phrase de Marlène Schiappa :
"Parler d’une agression sexuelle pour la première fois doit pouvoir se faire dans un cadre sécurisé pour le bien de la victime, auprès de personnes formées ou empathiques, qui n’ont aucun intérêt personnel à l’orienter vers tel ou tel point"
Certes, on est tous d'accord là-dessus. Mais en attendant une généralisation des "personnes formées et empathiques" (qui sont bien loin pour l'instant de constituer une majorité), qu'est-ce qui reste aux victimes comme solution ? Faut-il fermer sa gueule en attendant sagement que la police, et la justice daignent enfin réserver aux femmes le traitement qu'elles méritent ?
Marlène Schiappa ne peut de toute manière pas s'exprimer librement sur le sujet. Elle est tenue d'être solidaire avec le gouvernement, qui a clairement choisi sa position, celle de la complicité. C'est d'ailleurs un très mauvais message qu'ils et elles renvoient aux femmes, et j'espère voir un peu plus de soulèvement et d'indignation à ce sujet.
Enfin, j'ajouterais qu'il n'y a pas de fumée sans feu, et qu'une plainte classée sans suite ne signifie aucunement que l'acte n'a jamais été commis. Je crois toujours les victimes, qui n'ont aucun intérêt (mais vraiment aucun) dans la société dans laquelle on vit à mentir et à porter de fausses accusations.
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