Merci pour cet article !
Petite précision, les élèves de séries technologiques ne passent pas uniquement les mathématiques mais les langues et l'histoire-géographie aussi.
Enfin, la plus grande critique de ces épreuves par le corps enseignant n'est pas vis-à-vis d'un problème de forme (qui est pour autant tout à fait présent : organisation chaotique, banques de sujets disponibles que depuis un mois donc préparation de cours "à l'aveugle" etc...) mais un problème de fond : la rupture d'égalité entre les différents lycéens de France. En effet, les sujets sont choisis par les enseignants de chaque lycée, et la correction est effectuée également par les enseignants du lycée. Rien n'empêche certains professeurs de choisir des sujets "faciles", ou de préparer leurs élèves spécifiquement au sujet qui tombera, ou au contraire de choisir un sujet "difficile", voire un sujet auquel les élèves n'auront pas été réellement préparés ! Le bac devient ainsi un diplôme dépendant de l'établissement où l'on a fait sa scolarité, ce qui accentue les inégalités territoriales et sociales (le phénomène du "bon lycée de centre ville" vs "mauvais lycée de banlieue") et renforce également une inégalité d'accès aux études supérieures : la sélection des dossiers sur parcoursup peut tout à fait concerner l'établissement d'origine !
Indépendamment des E3C, s'ajoute le problème du choix des 3 spécialités (puis 2 en terminale) : l'offre de ces spécialités est TRES variable en fonction de l'établissement. Par exemple, les élèves de mon lycée n'ont le choix qu'entre Maths, Physique-Chimie, SVT, Histoire-géopolitique et SES. Les élèves du lycée d'à côté ont par contre accès à Numérique et Sciences informatique, Littérature, Sciences de l'ingénieur, Langues, art, etc... Le nombre de spécialités offertes dépend principalement de la taille du lycée, du nombre de profs, et du nombre d'heures affectées au lycée par le rectorat. Théoriquement, il est tout à fait possible de changer de lycée pour suivre une spécialité disponible ailleurs. En pratique, ce n'est pas le cas : le manque de moyens dans l'éducation nationale entraîne une surcharge monstrueuse des établissements, qui sont dans l'incapacité d’accueillir de nouveaux élèves qu'ils n'avaient pas en 2nd (true story)... Au mieux on vous proposera un établissement très très loin de chez vous !
Encore une fois, cela accentue les inégalités territoriales et sociales : la plupart des "bons lycées de centre ville" - ou parisiens offrent une belle carte de spécialités, tandis que d'autres lycées moins favorisés, plus isolés, ou plus atypiques (typiquement les établissement polyvalents ayant peu d'élèves en général et technologique) en auront une plus réduite.
Je tiens à préciser que ce ne sont pas les profs qui choisissent quelle spécialité va ouvrir ou pas mais le rectorat. Les profs n'ont absolument aucune responsabilité dans le fonctionnement aberrant de l'éducation nationale et en souffrent directement.