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C'est dans le trailer donc ça dépend où tu places le spoileMais ce titre c'est du spoil non ? Je n'ai pas encore vu le film et je n'ai pas forcément envie d'avoir ce genre d'infos avant...
C'est cool aussi d'avoir des personnages qui ne soient pas résumés à leurs identités. Quand la personne interviewée dit qu'il est dommage que Joe n'ait pas une intrigue qui tourne autour du jazz ou des discriminations... Pourquoi ? C'est pas super réducteur, justement ? Il faut que les rôles de noirs se résument seulement à ce qui s'est déjà fait avant, avec tout le packaging, genre La couleur pourpre ? Ces films sont bien sûr intéressants et nécessaires, mais pour moi c'est justement problématique que la plupart des bons films marquants avec des bons rôles de personnes noires ne soient qu'à propos du racisme ou de l'esclavagisme et que les acteurs aient moins de propositions dans d'autres registres.
Globalement, on regrette très souvent que les minorités soient cantonnés au fait d'être des minorités. Les films sur les gays qui font leur coming out, les obèses secondaires mal dans leur peau, les handis qui nous apprennent l'humilité... Ces films peuvent être utiles, mais il nécessite aussi d'y avoir des oeuvres plus universelles, où l'on est pas seulement le résumé de nos identités.
Empêcher Joe Gardner de vivre sa vie d’homme noir, c’est aussi ne pas représenter une certaine réalité, comme l’explique le journaliste Andrew Tejada en comparant Joe de Soul à Tiana, de La Princesse et la Grenouille — la première héroïne noire de Disney, changée elle en batracien pendant la majorité du film.
« Une fois que les personnages [noirs] ont changé de forme, le film n’a plus à s’occuper des problématiques liées à leur identité. […] Une partie des gens qui vont voir le film n’ont jamais affronté les mêmes obstacles que Tiana, n’ont jamais vu leurs ambitions freinées et leurs carrières entravées par le racisme ou le sexisme systémique. Et s’ils se retrouvaient devant un film qui passe la moitié de son temps à montrer à quoi ressemble cette expérience, à leur faire ressentir cette réalité, ces gens-là comprendraient et apprécieraient davantage ce qu’une femme noire, comme Tiana, doit affronter.
D’un autre côté, il y a des gens dans le public qui vont se reconnaître immédiatement dans l’histoire de Tiana et y trouver des parallèles avec leur propre vie. Voir Tiana surmonter les obstacles qui l’empêchent d’ouvrir son restaurant pourrait les inspirer. […]
Quand les personnages racisés perdent leurs identités, le public perd une opportunité d’absorber des leçons importantes et d’observer d’autres réalités. »
Si on pense que le fait que le racisme ne soit pas le sujet de Soul n'est pas un problème, on a pas besoin d'ajouter ensuite un regret sur le fait que le film aurait pu le faire, en citant également des personnes qui disent le regretter clairement. L'article défend plusieurs idées sans conclure, et c'est ça que je trouve regrettable.Le racisme n’est clairement pas le sujet de Soul, et en soi, ce n’est pas un problème — au contraire, les personnes appartenant à des minorités sociales méritent de ne pas se voir représentés que par le prisme des discriminations qu’elles subissent. Mais le long-métrage aurait pu représenter une réalité plus proche de la vie des vrais hommes noirs dans le New York du XXIe siècle.