De mon côté, je comprends les Madz qui dénoncent un "règlement de comptes" dont le risque est de s'éloigner des rapports bienveillants.
Lorsque j'ai avalé la "pilule rouge" du féminisme il y a maintenant 5 ans (même si le terrain était préparé depuis bien longtemps)... j'ai vu rouge. J'ai ouvert les yeux sur la société, les comportements, mes anciens comportements, et j'ai eu envie de hurler en permanence. J'AI envie de hurler en permanence. Et j'ai également ouvert les yeux sur mes anciennes relations hétérosexuelles. Je me suis alors sentie abusée, alors qu'à l'époque j'avais trouvé certaines situations désagréables sans pour autant juger urgent d'ouvrir ma gueule et d'agir.
MeToo et Balance ont amplifié le phénomène.
Aujourd'hui je me rends compte que j'ai accumulé beaucoup de haine, de rancœur envers certains exs, et que l'envie de régler mes comptes est bien présente. Mon entourage proche estime que je surréagis à chaque phénomène de société qui implique la place des femmes dans le monde (au travail, en politique, lorsque les violences faites aux femmes sont dénoncées...).
Mais ce n'est pas à cause du féminisme que je ressens cette colère. Ce n'est pas à cause des blogs, ni des mouvements émergents. C'est parce que je ne me suis pas assez défendue par le passé. Parce que je me suis trop résignée sur certaines choses, pour bien me faire voir (par mon mec, par les hommes en général, par les femmes parfois), pour coller à un idéal féminin que j'avais en tête. Parce que je n'ai pas revendiqué le respect qui m'était dû... Parce que la société (donc moi aussi) n'avait pas pleinement conscience du sexisme prégnant qui nous entoure. Parce que tout le monde fermait les yeux, car les "avantages" à ne rien changer étaient peut être trop présents.
Et aussi, il faut le dire, parce que je suis tombée sur beaucoup d'hommes qui ne se posaient pas plus de questions que ça sur mon plaisir (ou qui le faisaient en superficie, ou qui se posaient les mauvaises questions en étant obnubilés par leurs performances). Et aussi parce que j'étais persuadée que bien faire l'amour, c'était ça. Et il faut dire que j'aimais ça avec la majorité d'entre eux ... mais je m'oubliais quand même un peu trop.
Je reconnais aujourd'hui que si certains ne se sont pas foulés (une minorité en réalité) , d'autres étaient simplement conditionnés pour répondre à l'idée du "bon coup masculin-type"(la majorité), quand d'autres étaient carrément complexés par leur propre physique (un seul).
Tout ça pour dire : merci à ce blog et à celles et ceux qui libèrent la parole, c'est INDISPENSABLE. Nous sommes également responsables de nous-mêmes et de notre plaisir, même si la société et les divers biais auxquels nous avons été exposés nous ont souvent poussées à nous taire. Enfin, beaucoup d'hommes ont été conditionnés (comme nous) et croyaient bien faire.
Maintenant, je crois en la capacité de chacune d'entre nous à discerner un homme maladroit d'un homme égoïste.
Et puisque les temps changent, profitons-en : parlons, exprimons-nous plus que jamais.