Salut @Marie !
Je comprends ton découragement (surtout que tu as visiblement passé pas mal de temps et beaucoup réfléchi sur les deux articles) mais je comprends aussi certaines réactions négatives.
De fait, le sujet est vraiment super intéressant et je crois que c'est une très bonne chose que madmoizelle aborde le sujet. D'ailleurs, même si les réactions peuvent être désagréables, elles montrent aussi que le sujet mobilise.
Mais je trouve que l'article initial n'aidait pas trop à se mettre dans un bon contexte de débat. Personnellement, j'ai identifié deux difficultés (après,c'est très subjectif !).
D'abord, la question des causes proposées dans l'article initial. C'est tout à fait normal de s'être posé la question de savoir si les sciences (sciences dure ou SHS) intéressait peu les femmes pour des raisons culturelles - après tout, ça reste une hypothèse difficile à éviter - mais c'était un peu brutalement amené, et, du coup je trouve que ça met tout de suite le débat sur la justification. J'avoue que ma réaction à la lecture du premier était un peu épidermique, ce qui m'a amenée à ne pas poster parce que je sentais que je risquais de répondre de façon trop désagréable. Peut-être que mettre d'emblée davantage de raisons, comme "les femmes préfèrent d'autres supports pour se cultiver", qui a été plusieurs fois évoquée en commentaire, aurait aidé à désamorcer les choses (quoique je n'en sais rien, c'est difficile de savoir comment va partir une discussion sur internet). Du coup, c'est vrai que ce ne sont pas les meilleures conditions pour échanger. Ce n'est pas un reproche, je n'ai bien sûr pas à te dire comment te faire ton travail et je me doute qu'écrire ce genre d'article n'est pas évident.
Je vois aussi un autre problème de fond, qui est qu'il est généralement très difficile de faire parler les gens sur ce qu'ils ne font pas. Ce n'est pas du tout propre à ce débat ! Je comprends tout à fait parce que je dois moi-même monter, dans le cadre de mon boulot, une étude portant en partie sur pourquoi les gens n'ont pas telle pratique culturelle. Eh bien, on se heurte exactement au même problème ! On a d'un côté des professionnels passionnés qui aimeraient pouvoir valoriser leur travail, d'autant qu'ils considèrent que leurs missions s'adressent à un très large public, et de l'autre des gens qui se sentent un peu pris en faute. J'ai dû moi-même finir par me dire - je connais bien le secteur sur lequel porte l'étude et j'y suis très attachée - "Mais doit-on, par défaut, partir du principe que les gens devraient faire cette activité". Et je me suis dit que... hé bien, pas forcément. Pas que cette activité culturelle ne reste pas pertinente et intéressante, mais des gens peuvent avoir une vie riche et ouverte sans le faire... et c'est normal ! Et j'avais trouvé plus facile de construire la méthode une fois que j'avais admis ce point. Après, c'est une expérience personnelle dans un contexte très différent.
De plus, au-delà du fait de se sentir pris en faute, c'est très difficile d'expliquer pourquoi on ne fait pas quelque chose à partir du moment où ça ne résulte pas d'un empêchement matériel. Difficile d'identifier des freins à quelques chose qu'on n'a pas forcément spécialement envie de faire ! C'est aussi pour cela que ça pouvait être un peu frustrant de voir que le questionnaire ne portait que sur Youtube.
Du coup, cela donne un peu envie de retourner la question : pourquoi devrait-on regarder des vidéo de vulgarisation ? C'est vraiment une question ouverte et qui ne se veut pas du tout agressive, je précise.
Je regarde quelques vidéos de vulgarisation de temps en temps, mais ma source principal de contenu, c'est soit du contenu académique en SHS (parce que je sais m'orienter dans la plupart des disciplines), soit de la vulgarisation d'autre type en sciences dure (des expos, des livres, parfois des podcasts), et je fais toujours très attention aux sources et à la légitimité de ce que je lis ou regarde parce que je ne connais pas assez bien le sujet pour juger de ce que dit la personne en charge de la vulgarisation, donc c'est vrai que je me réfère (de façon même pas spécialement volontaire) à des canaux demandant davantage de vérification que Youtube (je suis tout à fait d'accord avec ce que dit @MorganeGirly sur le fait qu'on a pas forcément le moyen de vérifier la fiabilité de la personne). Ce n'est pas un jugement sur le travail de telle ou telle personne en particulier (puisque que je connais souvent pas leur travail), plus une remarque sur Youtube en tant que média. Tout comme sur un livre, je vais faire attention à la maison d'édition (si c'est La Découverte, par exemple, je me sentirai plutôt en confiance, même si ça ne m'empêchera pas d'essayer d'être critique sur le travail réalisé).
Du coup, cette discussion m'a intriguée et j'irai peut-être regarder d'autres vidéo des chaînes citées par curiosité, mais dans ces conditions ma principale question - j'espère que ce n'est pas trop brutal - ce serait la suivante : sachant que j'ai du temps et des ressources mentales limitées, pourquoi aller chercher ce type de contenus sur Youtube alors que je m'informe déjà par d'autres sources ? Je ne nie pas la qualité du contenu produit - puisque je n'en sais rien -, juste, j'ai du mal à identifier cela comme un besoin. Après c'est chouette de savoir qu'il existe autant de moyen d'apprendre des choses.
Je parle de ma petite personne, mais au vu d'autres commentaires, je ne suis pas la seule femme à avoir déjà des stratégies d'apprentissage qui n'incluent pas ce médium et n'ont pas vocation à l'avoir... et je ne pense pas qu'on soit "empêchées", comme l'indique l'article.
Du coup, c'est vrai que la question sous-jacente me paraît plus "comment les personnes qui font de la vulgarisation pourraient toucher plus de femmes sur Youtube", ce qui ne me paraît pas tout à fait la même chose, et je comprends que dans une démarche de marketing (je n'emploie pas ce mot de façon péjorative, c'est normal de chercher à savoir comment mieux toucher un segment de publics) et de diffusion des savoirs, les personnes qui font ces contenus se posent la question. Mai
Après, on peut aussi se poser la question "Comment les hommes et les femmes cherchent à se cultiver et avec quels support". A titre personnel, je trouve que cela rend la comparaison plus riche mais ce n'était peut-être pas l'objet initial.
Merci en tout cas d'avoir lancé la discussion, c'est intéressant. J'ai apprécié de lire ce que @FlorencePorcel avait à dire sur son métier, peut-être qu'article général (avec des témoignages, etc) sur la vulgarisation sur Youtube et les difficultés que peuvent rencontrer les Youtubeuses serait intéressant !
Je comprends ton découragement (surtout que tu as visiblement passé pas mal de temps et beaucoup réfléchi sur les deux articles) mais je comprends aussi certaines réactions négatives.
De fait, le sujet est vraiment super intéressant et je crois que c'est une très bonne chose que madmoizelle aborde le sujet. D'ailleurs, même si les réactions peuvent être désagréables, elles montrent aussi que le sujet mobilise.
Mais je trouve que l'article initial n'aidait pas trop à se mettre dans un bon contexte de débat. Personnellement, j'ai identifié deux difficultés (après,c'est très subjectif !).
D'abord, la question des causes proposées dans l'article initial. C'est tout à fait normal de s'être posé la question de savoir si les sciences (sciences dure ou SHS) intéressait peu les femmes pour des raisons culturelles - après tout, ça reste une hypothèse difficile à éviter - mais c'était un peu brutalement amené, et, du coup je trouve que ça met tout de suite le débat sur la justification. J'avoue que ma réaction à la lecture du premier était un peu épidermique, ce qui m'a amenée à ne pas poster parce que je sentais que je risquais de répondre de façon trop désagréable. Peut-être que mettre d'emblée davantage de raisons, comme "les femmes préfèrent d'autres supports pour se cultiver", qui a été plusieurs fois évoquée en commentaire, aurait aidé à désamorcer les choses (quoique je n'en sais rien, c'est difficile de savoir comment va partir une discussion sur internet). Du coup, c'est vrai que ce ne sont pas les meilleures conditions pour échanger. Ce n'est pas un reproche, je n'ai bien sûr pas à te dire comment te faire ton travail et je me doute qu'écrire ce genre d'article n'est pas évident.
Je vois aussi un autre problème de fond, qui est qu'il est généralement très difficile de faire parler les gens sur ce qu'ils ne font pas. Ce n'est pas du tout propre à ce débat ! Je comprends tout à fait parce que je dois moi-même monter, dans le cadre de mon boulot, une étude portant en partie sur pourquoi les gens n'ont pas telle pratique culturelle. Eh bien, on se heurte exactement au même problème ! On a d'un côté des professionnels passionnés qui aimeraient pouvoir valoriser leur travail, d'autant qu'ils considèrent que leurs missions s'adressent à un très large public, et de l'autre des gens qui se sentent un peu pris en faute. J'ai dû moi-même finir par me dire - je connais bien le secteur sur lequel porte l'étude et j'y suis très attachée - "Mais doit-on, par défaut, partir du principe que les gens devraient faire cette activité". Et je me suis dit que... hé bien, pas forcément. Pas que cette activité culturelle ne reste pas pertinente et intéressante, mais des gens peuvent avoir une vie riche et ouverte sans le faire... et c'est normal ! Et j'avais trouvé plus facile de construire la méthode une fois que j'avais admis ce point. Après, c'est une expérience personnelle dans un contexte très différent.
De plus, au-delà du fait de se sentir pris en faute, c'est très difficile d'expliquer pourquoi on ne fait pas quelque chose à partir du moment où ça ne résulte pas d'un empêchement matériel. Difficile d'identifier des freins à quelques chose qu'on n'a pas forcément spécialement envie de faire ! C'est aussi pour cela que ça pouvait être un peu frustrant de voir que le questionnaire ne portait que sur Youtube.
Du coup, cela donne un peu envie de retourner la question : pourquoi devrait-on regarder des vidéo de vulgarisation ? C'est vraiment une question ouverte et qui ne se veut pas du tout agressive, je précise.
Je regarde quelques vidéos de vulgarisation de temps en temps, mais ma source principal de contenu, c'est soit du contenu académique en SHS (parce que je sais m'orienter dans la plupart des disciplines), soit de la vulgarisation d'autre type en sciences dure (des expos, des livres, parfois des podcasts), et je fais toujours très attention aux sources et à la légitimité de ce que je lis ou regarde parce que je ne connais pas assez bien le sujet pour juger de ce que dit la personne en charge de la vulgarisation, donc c'est vrai que je me réfère (de façon même pas spécialement volontaire) à des canaux demandant davantage de vérification que Youtube (je suis tout à fait d'accord avec ce que dit @MorganeGirly sur le fait qu'on a pas forcément le moyen de vérifier la fiabilité de la personne). Ce n'est pas un jugement sur le travail de telle ou telle personne en particulier (puisque que je connais souvent pas leur travail), plus une remarque sur Youtube en tant que média. Tout comme sur un livre, je vais faire attention à la maison d'édition (si c'est La Découverte, par exemple, je me sentirai plutôt en confiance, même si ça ne m'empêchera pas d'essayer d'être critique sur le travail réalisé).
Du coup, cette discussion m'a intriguée et j'irai peut-être regarder d'autres vidéo des chaînes citées par curiosité, mais dans ces conditions ma principale question - j'espère que ce n'est pas trop brutal - ce serait la suivante : sachant que j'ai du temps et des ressources mentales limitées, pourquoi aller chercher ce type de contenus sur Youtube alors que je m'informe déjà par d'autres sources ? Je ne nie pas la qualité du contenu produit - puisque je n'en sais rien -, juste, j'ai du mal à identifier cela comme un besoin. Après c'est chouette de savoir qu'il existe autant de moyen d'apprendre des choses.
Je parle de ma petite personne, mais au vu d'autres commentaires, je ne suis pas la seule femme à avoir déjà des stratégies d'apprentissage qui n'incluent pas ce médium et n'ont pas vocation à l'avoir... et je ne pense pas qu'on soit "empêchées", comme l'indique l'article.
Du coup, c'est vrai que la question sous-jacente me paraît plus "comment les personnes qui font de la vulgarisation pourraient toucher plus de femmes sur Youtube", ce qui ne me paraît pas tout à fait la même chose, et je comprends que dans une démarche de marketing (je n'emploie pas ce mot de façon péjorative, c'est normal de chercher à savoir comment mieux toucher un segment de publics) et de diffusion des savoirs, les personnes qui font ces contenus se posent la question. Mai
Après, on peut aussi se poser la question "Comment les hommes et les femmes cherchent à se cultiver et avec quels support". A titre personnel, je trouve que cela rend la comparaison plus riche mais ce n'était peut-être pas l'objet initial.
Merci en tout cas d'avoir lancé la discussion, c'est intéressant. J'ai apprécié de lire ce que @FlorencePorcel avait à dire sur son métier, peut-être qu'article général (avec des témoignages, etc) sur la vulgarisation sur Youtube et les difficultés que peuvent rencontrer les Youtubeuses serait intéressant !