Je crois que c'est dans ce live, je suis plus sure, mais y avais une question qui était "que dirais tu à la toi d'y a dix ans". Ca m'avait inspiré se texte, que je viens de retrouver, et que j'avais envie de partager, alors voilà
Je me souviens, quand j’ai eus 10 ans. C’est étrange, de ce dire qu’on a déjà vécu une décennie. Je me souviens que ma mère fêtait ses 40 ans, juste avant la fête de mes 10 ans. J’avais demandé à mon père : « pourquoi maman elle à une grande fête, alors que moi, c’est un anniversaire normal ? » Il m’avait répondu qu’on faisait des grosses fêtes tous les vingt ans, et pas tous les dix ans. Peut être qu’il ne se doutait pas que je m’en souviendrais encore...
C’est marrant, parce qu’il y a dix ans, j’emménageais dans la région. Je ne sais pas trop ce que j’en pensais, je n’avais que 6 ans. Tout ce qui m’importait, c’était mon petit chat, « Chattounette », elle s’appelait. Elle avait dix ans quand elle est morte d’ailleurs. C’était à Noël.
Mes 10 ans, ça a été un passage important dans ma vie. Je crois que c’est le premier anniversaire où j’ai invité des personnes que j’appréciais vraiment. Avant ça, J’invitais seulement la blonde aux couettes et au t-shirt Barbie, et la brune aux cheveux long, qui avait plein de cartes Pokémon. C’est elles qui contrôlaient les deux tables du fond, pour jouer à trappe-trappe-gilis, à l’école. Moi, elles ne me laissaient jamais jouer avec elles. Même à mon anniversaire. A vrai dire, cette perspective ne me réjouissait pas vraiment... Je lui préférais de loin la compagnie de ce personnage que formait mon manteau, accroché à un poteau dans la cour. Lui, au moins, il ne me disait pas de choses méchantes, et il me laissait danser avec lui. Il était gentil. Gentil, comme ma maitresse. Ma maitresse, c’était Mélina. Et à ce moment là de ma vie, elle était la personne que j’aimais le plus au monde. Elle était très grande, les cheveux cours et foncés, et son nom sonnait dans mes oreilles comme une berceuse. J’avais l’impression qu’elle était la seule personne vraiment capable de m’écouter, de me comprendre. C’est très fréquent que les petits garçons tombent amoureux de leur maitresse. Moi j’étais une petite fille, j’avais des cheveux blonds, des amis imaginaires, et j’étais amoureuse de ma maitresse.
Je crois que c’est à dix ans, que j’ai décidé, surement par pitié pour ma mère désespérée, de m’adapter à la vie en société. Où du moins, d’essayer. J’ai été voir la première fille de mon âge que j’ai aperçut, et je lui ais demandé : « je peux jouer avec vous ? ». Elle m’a répondu « on ne joue pas, là, y faut qu’on attrape Coralie ». La fille à qui je parlais, c’était Léna. Et Coralie, c’était son amie, qui parlait aux arbres, et inventais tout un tas de légendes avec des esprits, que je trouvais géniales. Ce que j’ai décidé à ce moment là à été la chose la plus cruelle de ma vie. J’ai décidé que j’étais amie avec Léna, et qu’il fallait que je l’aide à attraper Coralie. J’étais passée du statu de chassée à celui de chasseur. J’étais enfin devenue un pion dans cette organisation du monde que je ne comprenais pas. Ma mère en était ravie. Et je fus un pion pendant une demi-décennie encore.
Je ne sais pas qui je serais dans dix ans. Ils faut dire que j’ai tellement changé pendant les dix dernières années, que les dix prochaines me terrifient. Dans dix ans, je me vois comme une jeune illustratrice, qui commence à avoir du succès. Peut être que j’aurais déjà assez de notoriété pour m’installer à la campagne... Peut être je serais mariée, ou que j’aurais une petite amie. Peut être que je la demanderais en mariage. Ou peut être que je serais à la rue, que je devrais me prostituer, coucher avec des hommes, pour manger.
Tout ca pour dire que dix ans, ça fout la trouille.