@Madthilde :
J'ai du mal à comprendre où tu veux en venir. Pour toi, on ne peux pas/devrait pas avoir de position ferme dans des domaines extérieurs aux sciences dures ? C'est peut être ta conception des choses, mais je ne fais pas partie de celleux qui estiment qu'en dehors des maths tous le monde peut avoir raison et que ce n'est à chaque fois qu'une question de point de vue.
Si tu relis mon premier message, j'évoque des personnes avec des convictions personnelles contraires, donc la situation où la personne en face est aussi persuadée d'avoir raison. Je suis donc loin de négliger cette hypothèse, c'était même précisément le sujet de mon premier message. D'ailleurs, avoir une conviction ne signifie pas nécessairement la justifier par sa simple existence. Elle peut naître d'un raisonnement et s'appuyer sur des arguments qui nous convainquent.
J'ai forgé les miennes à force de débats. Et je suis effectivement arrivée dans la situation où pour certaines problématiques je connais par coeur les arguments d'en face. Déjà parce que j'ai grandi entourée de personnes aux convictions contraires en tout point (ou presque) aux miennes, parce que dans le passé j'ai aussi eu un positionnement inverse sur la plupart de ces problématiques, et aussi parce que pendant plusieurs années j'ai été une adepte des débats que je suis aujourd'hui de plus loin quand je m'y intéresse (j'ai effacé la plupart des vieux messages sur le forum mais certaines Madz se souviennent certainement de tout ça d'ailleurs). J'ai passé la phase de découverte de l'argumentaire de la personne aux convictions opposées pour certains sujets. Ne serait-ce que sur le forum, certains sujets "polémiques" ressurgissent régulièrement depuis que je participe au forum (4 ans). Les Madz en débattant changent, mais les arguments,
jamais. Il arrive un moment où on a fait le tour de la question, et ça légitime à mon avis une prise de position plus ferme.
On ne participe pas forcément aux débats dans le même esprit. Ce que tu décris, pour moi c'est plus une simple discussion et c'est ce que je mène sur des sujets où je n'ai pas de réelle conviction. Enfin, j'imagine qu'on peut aussi appeler ça un débat, pourquoi pas. Mais quand je n'ai pas trop de certitude sur ce que je dis, ou que je suis à la recherche d'une réponse à un problème et en discute avec des personnes parties sur d'autres pistes, c'est une situation que je vie très différemment de celle où je fais face à un discours opposé à ce que je tiens comme des certitudes. Parfois, on est juste convaincu d'avoir la réflexion la plus aboutie et on s'engage dans le débat simplement pour que la personne en face réalise ses propres lacunes (et en chemin on peut réaliser les siennes, ça arrive même si pas systématiquement
).
Je pense que tu conçois le concept de dissonance cognitive différemment de la manière dont je le comprends. Telle que je l'ai compris, la dissonance implique que des idées cohabitent alors qu'elle ne peuvent logiquement s'inscérer dans un même système de pensé (exemple : dire qu'absolument tous les humains devraient être égaux en droit mais aussi estimer qu'une certaine catégorie d'humain devrait avoir moins de droit). Alors que "j'ai raison sur ce point" et "ceux qui voient les choses autrement devraient se remettre en question" sont deux pensées qui peuvent très bien s'inscrire dans un seul schéma rationnel de pensé. La seconde idée découlant même de la première. Je pense que tu vois le paradoxe parce que tu résume ma pensée en "les gens (moi compris donc) devraient" alors que le sujet sont "les autres" (une catégorie distincte de gens), de plus, cette affirmation s'applique dans un cas particulier (celui où j'exprime une forte conviction).