@Pipistrelle. Oui, mais là les personnages ne sont pas montrés dans l'exercice de leur fonction mais bien dans leur intimité.
Intimité qui existe, même si ils ne la montrent pas au public. Et qui doit être respectée.
C'est pas parce qu'ils se mettent en représentation que ça donne le droit de transposer ce qu'on veut sur leur vie privée ...
Quand tu dis que "Pour un autre exemple, The Queen, de Stephen Frears décrypte la crise politique et médiatique qui a suivi la mort de Diana et imagine comment la reine a vécu ça de l'intérieur (le drame médiatique, l'hostilité des gens, etc.). Après tout ce sont des faits historiques, ça "nous" appartient autant qu'aux protagonistes."
Je ne suis pas d'accord. Oui, la mort de Diana est un fait historique, et la façon dont la couronne a communiqué dessus nous appartient également. La version vécue "de l'intérieure" par la reine ne nous appartient pas. ça relève, pour moi, de l'intime. La reine qui communique sur la mort de l'ex-femme du prince héritier c'est une chose, la femme qui vit la mort de son ex-belle fille en est une autre.
Ce n'est pas parce qu'ils jouent un rôle en publique qu'on peut s'emparer de tout ce qu'on croit savoir sur eux pour extrapoler. Ils ont une intimité, qu'ils utilisent et instrumentalisent parfois pour servir leurs intérêts, mais aussi une intimité qui leur est ... intime. Leur prêter des pensées ou des objectifs, des paroles ou des actes dont on ne sait pas s'ils les ont eu ou non, c'est problématique.
En qq sorte, tout le monde exploite son intimité. Par exemple, si je poste sur les RS une photo de famille, je contrôle aussi mon image (certes, avec un impact moindre). Mais je choisis ce que je montre de mon intimité ou pas. Pareil pour les influenceurs, c'est pas parce que Kim K poste des photos d'elle nue que c'est OK de faire un film sur elle, sans lui demander son avis, ou on la verrait nue aussi. C'est pas parce que un acteur ou une actrice accepte de se montrer nu·e dans un film que c'est OK de diffuser des photos volées.
Pourquoi eux n'ont-ils pas ce luxe ?
Les personnes publiques ne nous appartiennent pas, ce ne sont pas des objets. Ils ne nous doivent rien sur leur vie privée.
Je reviens aussi sur ce que tu dis ici : "Dans la mesure où ils "nous" gouvernent, je crois qu'on a le droit de vouloir écrire "notre" propre récit des évènements, quitte à passer par la fiction, parce que ça permet d'explorer des dimensions qui ne nous sont pas accessibles"
Oui, pour les événements publics. Pour les évènements privés, quand ils n'exercent pas leur pouvoir politique, quand ils ne sont pas en représentation, je trouve cela problématique. Surtout que là, on parle encore une fois de gens toujours vivants, dont on expose une intimité au mieux revisitée au pire inventée et présentée comme authentique, aux yeux de tous. Sans leur avis ou consentement.