lauzange;1339424 a dit :
- Je suis le secret qui ferme nos lèvres, le doux supplice de ne savoir qui je suis, ni où je vais. Je marche sur la route gelée de si peu de chaleur humaine, les ombres des lampadaires revêtues d?un manteau d?hypocrisie, décorée aux bordures par des méprisantes idées. L?été s?enfuit dans des lointaines photos de sourires aux framboises ; il s?envole comme les verres se vident. La mélancolie me fit poussière ce jour-là. Je suis l?arsenic qui serre ta chair, le cyanure qui arrête subitement tes rêves. Je suis le vitriol qu?ingurgite ton égo, le doux tueur de ta vivante dictature, l?assassin des battements de ton c?ur. Ta tension s?abaisse à mes intentions, je joue avec bonheur sur le fil de ton souffle. Respire encore, malgré mes ordres. Tu souffres, je le sais dans ton regard éperdu, tes mains tendues par la tétanie ; l?eau salée aussi amère que mon rire, qui trace des sillons argentés sur tes mèches blondes.
Mon enfant, je t?aime. Je t?habite et t?inflige ce tourment avec la plus maléfique des tendresses, c?est sublime de voir tes traits se crisper, se figer sous la lumière aveuglante. ?
Cette partie là ! C'est terriblement.. musical ! Je suis juste soufflée, bravo, vraiment ! Autant je trouve que la première partie est compliquée et j'ai pas bien compris, autant dans celle là les mots s'enchaînent avec une fluidité étonnante, les mots sont bien choisis... Enfin moi, ça m'a fait l'effet d'une mélopée un peu glauque... au bon sens du terme, s'il y en a un !
Pour ma part, je venais vous montrer quelque chose. C'est une nouvelle qui s'appelle février et qui fait partie d'un " "recueil" " que je tente de finir d'écrire... Le sujet n'est pas très gai mais... enfin c'est vraiment une nouvelle très personnelle... Je voulais vous la faire lire pour vous montrer que mon " "style" " ne se résume pas à Alive...
Mais vous savez, je me sens toute petite et très mauvais quand je relis ce que j'ai écris...
Donc euh.. voilà... Février
Je m?appelle L. J?ai 18 ans et la conviction qu?aujourd?hui est mon dernier anniversaire.
Ma vie avait pourtant bien commencé : j?étais mignonne, j?avais tout ce dont une môme pouvait rêver, des parents présents et aimant, des frères et s?urs avec lesquels je m?entendais, j?étais bonne à l?école et ne subissais aucune pression. J?avais, au sens propre comme au figuré, tout pour être heureuse.
Seulement voilà, c?est toujours ceux qui vont le mieux en apparence qui jouent la comédie. C?est comme au supermarché ou dans la pub, tout est trop brillant, rutilant et appétissant pour être vrai. Je suis une publicité pour le bonheur. Une foutue bonne publicité mensongère.
L. était assise au fond de la douche, le dos au mur, insensible au jet brulant qui heurtait son corps depuis plus de deux heures. Elle contemplait les marques sur ses avant-bras en s?interrogeant sur son avenir. C?était son anniversaire, elle était majeure depuis quelques heures pourtant dans la maison tout était calme. Il était deux heures du matin et sa famille entière était endormie.
Elle venait d?avoir dix-huit ans et personne n?avait semblé s?en soucier. Si ce n?était ses parents et frères et s?urs, génétiquement obligés de l?aimer, elle n?avait reçu que trois messages et appels.
Le monde sait-il que j?existe ?
Si tout avait bien commencé pour elle, ces derniers mois, elle s?était enfoncée petit à petit dans une dépression aussi profonde qu?invisible. Il ne lui était rien arrivé de spécial, rien de traumatisant. Sa mère ne buvait pas et son père ne la battait pas.
Le temps avait juste fait son ?uvre. Elle avait un peu grossi, devait porter des lunettes, s?habillait sans style dans des vêtements trop larges et, à force de vouloir passer inaperçue, elle était devenue invisible. Elle avait peu d?amis et certainement pas de petit ami. Elle était assez seule mais elle serait morte plutôt que de reconnaître que cette solitude lui pesait.
Elle préférait de loin prendre des photos et les trafiquer pendant des heures, jouer les artistes maudits que tenter de plaire à ces gens qui avaient décidé qu?elle ne ferait jamais partie des leurs. Condamnée sans procès et, au fond, elle prétendait que ça lui était égal, qu?elle était forte.
Tellement forte qu?elle en était peu à peu arrivée à tracer de minces fils rouges sur ses avant-bras.
Les pires jours de ma vie.