Poursuivre les entreprises, c'est plus compliqué. Il y a déjà les questions de savoir où poursuivre et sur quelles bases légales...
Une bonne nouvelle en ce sens, c'est que le code de conduite des entreprises (en gros une sorte de code éthique qu'elles publient pour montrer leur vertue), bien qu'étant sur la base du volontariat et relevant du droit mou, peut être utilisé contre ces entreprises en cas de non respect de celui-ci ^^
En gros, dans le domaine de la RSE, le sens où ça va c'est que les grosses entreprises doivent avoir un regard sur ce qu'il se passe chez les fournisseurs. Par exemple, une marque de fringues de fast-fashion sache comment ça se passe sur le terrain, dans les usines de fabrication des fringues. Bon, évidemment, ça n'est pas respecté, mais si les multinationales s'engagent là-dedans, et que des problèmes interviennent à un quelconque niveau dans la chaîne de valeur, ben...elles peuvent être considérées comme responsables. Donc la base légal, c'est le droit mou actuel concernant la responsabilité sociétale des entreprises. Après, c'est sûr que ça va prendre beaucoup de temps avant que cela fasse office de droit dur. Mais il y a parfois des petites victoires, à droite à gauche, notamment aux EU, où des sociétés "grand-mères" sont considérées comme responsables pour des bêtises de la société "petite-fille". C'est très, très difficile, long, laborieux, mais je suis allée à une conférence vendredi dernier à ce sujet, et à long terme ça va dans le bon sens ^^
Ce genre d’action me met toujours mal à l’aise. Je ne dis pas qu’il n’y a pas une inaction de l’etat mais j’ai l’impression aussi que ça permet de se déresponsabiliser totalement.
Le gros de la pollution vient quand même aussi de notre propre consommation.
Et je suis pas sure que tout le monde soit ok pour renoncer à acheter aussi souvent des fringues, changer de téléphones tous les ans, arrêter de manger des bananes et des avocats, arrêter de prendre l’avion etc.
Si demain, on décide de taxer toutes les fringues provenant du bengladesh par exemple, ce qui augmenterait drastiquement les prix. Je ne suis pas sure que beaucoup de gens y soient favorables. Donc partant de la ca me paraît assez compliqué de remettre en cause l’etat.
Quelques réflexions d'ordre général, pour rebondir sur ce que tu dis, sans forcément d'articulation entre elles :
- Déresponsabiliser totalement, peut-être pas, mais remettre les choses dans leur contexte, ça oui, je crois
- Le discours actuel vise à sur-responsabiliser les individus (coupez l'eau de votre robinet, éteignez les lumières, marchez plutôt que de prendre la voiture, achetez plus éthique/bio, ne sur-consommez pas), et si ce sont effectivement des conseils de bon aloi et tout à fait sensés, ça invisibilise la responsabilité des "gros", qui ont un pouvoir de nuisance extrêmement élevé...alors que les multinationales ont une part extrêmement importante à jouer dans le réchauffement climatique c'est indéniable et les responsabiliser un peu plus ne fera pas de mal
- Responsabiliser les classes les plus riches ça ne ferait pas de mal non plus ^^ parce que les personnes dont tu parles ont des moyens assez élevés c'est sûr !
- Dans le système actuel, apparemment, responsabiliser c'est taxer (haha), comme ça on touche au porte-feuille et les gens réagissent (c'est cynique...). Jusqu'à maintenant l'Etat n'a jamais vraiment cherché à le faire vis-à-vis des entreprises, et encore moins en termes environnementaux ; alors qu'en économie du développement durable les résultats montrent que la taxation fait baisser les niveaux de pollution. Or, jusqu'à présent rien n'a été fait. Parce que argent parce que connivence entre les grands de ce monde etc etc donc du côté de l'offre y'a aussi tout à revoir et l'Etat a un rôle à jouer là-dedans car c'est le seul à avoir un pouvoir coercitif et contraignant sur les entreprises (les rapports de pouvoir entre Etats et multinationales est un autre sujet hihi)
- Je suis d'accord que la surconsommation et l'avènement de celle-ci sont absurdes, mais je comprends aussi que tout le monde ne puisse pas se permettre de payer des vêtements ou autres produits chers, du coup non, les gens qui n'ont pas les moyens n'y seront pas favorables, c'est sûr. Mais on achète aussi ce qui est disponible, et on n'est pas nécessairement en mesure de pouvoir faire du boycott, ou bien de se renseigner sur toute la ligne de production/la provenance/les conditions de travail dans lesquelles les produits qu'on achète ont été produits. En l'absence partielle d'information, le discours visant à culpabiliser les gens pour ce qu'ils achètent ça m'énerve un peu. Les choses changent et maintenant nous sommes plus informé.e.s, mais malgré tout le système actuel est fait de telle manière qu'on dépend quand même de ces agents (malheureusement tout le monde ne peut pas se permettre d'acheter bio-local-éthique-etc)
- L'individualisation du problème est justement un problème aussi, dans le sens où, mis à part l'argument du "multiplié par N millions/milliards ça fait beaucoup", ça ne prend pas en compte la dimension systémique et politique du problème, les supra-structures qui permettent la pérennité du système socio-économique actuel ayant mené et menant toujours au réchauffement climatique
- Sinon, mettons que l'Etat taxe les fringues provenant du Bengladesh (encore que c'est plutôt les entreprises que les produits qu'il devrait taxer, selon le bon vieux principe pollueur payeur), il pourra toujours constituer un petit fond avec ces taxes et l'allouer justement aux personnes qui en ont besoin ^^ les décisions en termes environnementales n'ont pas à se faire au détriment des personnes déjà pauvres. Donc remettre en cause l'Etat....pourquoi pas ?
- Finalement, ce n'est pas forcément soit l'un soit l'autre, ça peut être les deux à la fois : changer son mode de vie (encore que ça soulève plein d'autres questions, comme qui est principalement concerné.e par ces changements, par exemple) ET demander à l'Etat d'assurer parce que bon c'est son job quand même