Bonjour à toutes !
Voici un post qui a mis un peu de temps à germer mais qui se doit d'exister, notamment après plusieurs remarques lues çà et là sur le forum et sur Facebook.
Ces dernières semaines, vous nous avez reproché :
- D'aller tourner une vidéo* chez Primark
- D'accueillir (et de relayer) une campagne pub qu'on a jugée « marrante » de Miss O
- D'avoir un partenariat à l'année sur L'Oréal
* (non rémunérée d'ailleurs, on pensait juste que ça ferait plaisir à celles qui n'ont pas encore eu la chance de voir un Primark)
Vous nous dites que ces marques, pour diverses raisons**, ne correspondent pas aux valeurs de madmoiZelle et on ne devrait pas 1/ faire leur promo 2/ accepter qu'ils puissent annoncer sur mad (et donc nous donner de l'argent).
Plusieurs d'entre vous se sont dits "déçu-e-s", "choqué-e-s" que ces marques se retrouvent sur madmoiZelle.
** (les fringues Primark sont produites au Bangladesh dans l'usine qui s'est écroulée l'année dernière, Miss O est une marque effectivement sexiste et L'Oréal nous a expliqué qu'ils testent 1% de leurs produits sur des animaux)
Avant toute chose, je tiens à vous préciser que bien sûr j'entends ces remarques. Je respecte les combats militants, mais je trouvais important de vous expliquer la réalité de la situation économique de madmoiZelle.
madmoiZelle est aujourd'hui un magazine sur internet gratuit, dont le modèle économique repose sur la publicité.
Oui, madmoiZelle a des valeurs, oui madmoiZelle veut tenter tous les jours de vous rendre un peu plus « aware » sur ce qu'il se passe dans le monde, ça a toujours été l'objectif et ça le sera encore j'espère pour de nombreuses années. On traite de toutes sortes de sujets de société, du marketing genré à la vie politique en passant par les dernières tendances mode et beauté.
La création de notre régie va nous permettre dans les mois et les années à venir d'aller chercher les annonceurs les plus proches possible de vos attentes de jeunes femmes modernes vivant en 2014, mais il faut être raisonnable : si on regarde la société de consommation telle qu'elle est aujourd'hui, ça peut prendre du temps, voire beaucoup de temps.
Parce qu'il faut remettre tout ça en perspective avec la réalité des chiffres : aujourd'hui, madmoiZelle, c'est un budget annuel autour de 500 000€.
Étant donné que je ne suis ni l'héritier d'un multi-milliardaire, ni doté d'un super-pouvoir qui me permettra de déféquer des lingots d'or, il faut bien que quelqu'un les paie.
Il y a deux possibilités aujourd'hui :
- Que les annonceurs paient. Ces marques nous financent pour qu'on puisse continuer d'écrire EN TOUTE LIBERTÉ du contenu pour vous l'offrir gratuitement sur madmoiZelle. Sur l'audience de madmoiZelle, c'est déjà pas mal si on arrive à couvrir ces frais-là avec l'intégralité des annonceurs présents sur le marché de la pub.
- Que les lectrices (et les lecteurs) paient, comme le fait Médiapart. Ils ont aujourd'hui 80 000 abonnés, qui leur envoient tous les mois de l'argent pour financer la création de leur contenu et assurer que la boîte puisse tourner.
Pour l'avoir testé l'année passée avec Ulule, quand on a proposé à nos lectrices de financer de nouvelles rubriques, on n'a réussi à récolter « que » 16 000€. Attention, je ne crache pas dans la soupe, hein, c'était déjà génial que vous nous ayez filé 16 000€ comme ça, ça a inspiré le respect de beaucoup de concurrents et collègues, ça montre à quel point vous adorez madmoiZelle et encore un grand merci à vous, mais 16 000€, ça permet de financer à peine deux semaines de madmoiZelle sur les 52 que compte une année. C'est dire si on est loin du compte pour pouvoir se passer définitivement de la pub :-/
Une autre solution éventuellement envisageable serait de vous proposer de vous "cacher" la pub en échange d'un abonnement mensuel. Ça permettrait aux plus « anti-pubs » d'entre vous de ne pas la subir sur madmoiZelle, tout en vous proposant de contribuer malgré tout à l'évolution de madmoiZelle. Ça demande quelques ajustements techniques, mais c'est une solution possible, à laquelle je vais réfléchir.
La dernière chose que je voulais vous signifier : vous pouvez compter sur moi pour faire remonter systématiquement vos commentaires et vos remarques aux directions marketing des marques concernées, histoire de leur dire « voilà ce que les jeunes femmes de 2014 pensent de votre marque / de votre produit ». Si ces opés-là peuvent en plus servir à faire avancer le schmilblick, autant ne pas s'en priver.
Enfin je voulais juste vous préciser que je ne poste pas ce message pour vous empêcher de vous exprimer sur le sujet. Je souhaitais juste remettre vos différentes remarques sur le sujet dans l'impératif contexte économique de ma petite-entreprise-qui-devient-grande.
En espérant avoir été clair, la bonne journée !