@Whiskie Je comprends tout à fait ce que tu veux dire, mais j'ai l'impression qu'on se comprend pas.
(Dans le sens où on est un peu en décalage l'une l'autre dans le sujet qu'on aborde.
) Dans l'absolu, un bouquin qui se base sur un imaginaire malsain ne me dérange pas, par exemple, Lolita, qui n'est certes pas un bouquin érotique m'enfin. On se retrouve dans la psyché d'un pédophile et c'est le comble du gênant et du malsain, sauf que Nabokov prend le parti de faire parler l'agresseur et du coup, c'est plus facile pour le lecteur d'avoir un recul sur ce qu'il lit parce qu'il sait qu'il lit les paroles d'un pédophile déglingué, y'a aucune identification possible avec ce mec alors que dans 50 Shades (oui je compare Lolita à 50 Shades
) on est du point de vue de la nana innocente qui a envie de s'encanailler et c'est possible pour beaucoup plus de personnes de se reconnaître quelque part dans cette fille et si identification il y a, si t'as pas assez de recul, tu peux accepter les pires bêtises qu'elle te sort. Une nouvelle fois, un bouquin avec un univers malsain, dérangeant, etc. ne me dérange pas, cependant si tu veux aborder des sujets aussi touchy, faut avoir le talent d'écriture qui va avec, sinon on tombe dans l'apologie des violences conjugales, comme dans 50 Shades ou Twilight (c'est moins flagrant dans Twilight, mais c'est là quand même) dont c'est inspiré. Le fait que le livre soit à visée érotique n'excuse rien selon moi, car quand tu écris un bouquin, tu délivres un message et c'est là que l'écriture et les points de vues prennent tous leurs sens. Je ne blâme pas E.L James de fantasmer là dessus, ce que je disais n'était pas sarcastique, elle peut vraiment fantasmer comme elle en a envie, sauf que publier un bouquin sur le sujet sans avoir un minimum de recul sur tes fantasmes ou ce que tu écris (le comble pour un écrivain), c'est problématique car tu délivres des messages archi-malsains, genre
(Tout ça pour moi
?)
Sauf que, comme tu le dis, Lolita
n'est pas un livre érotique
! Et ça, ça change tout. En fait, je fais partie des gens (utopistes
?) qui pensent que la création n'a pas une fin morale en soi. Et surtout la création dans le domaine érotique (assumé comme tel en tout cas), parce que notre imaginaire sexuel ne répond pas à une logique de morale. Après, c'est toujours la même question: faut-il penser aux personnes qui vont mal interpréter ce qu'on veut dire, et même ce qu'on veut ne pas dire
? Ca me fait penser aux séries érotiques "de mauvais goût" des 70s genre "Ilsa Louve des SS", film de nazisploitation (point Godwin atteint, je répète, point Godwin atteint
), dont le principe était d'utiliser le sadisme nazi comme cadre fantasmatique BDSM. Est-ce sain, est-ce "bien" de s'exciter devant une SS qui viole ses prisonniers et prisonnières dans un camp de concentration? Je ne sais pas. Mais ce que je sais, c'est que si ces films n'avaient jamais existé, des scénarios similaires auraient germé dans l'intimité de certaines personnes pas forcément dérangées et fans du IIIème Reich. La question étant donc: faut-il donner une représentation à tout ce qui nous passe par l'esprit
? Parce qu'on ne sait pas comment le public va l'interpréter. J'imagine que le but de ces gens n'étaient pas de glorifier le nazisme, mais en le mettant en scène de façon sexy, n'est-ce pas minimiser les crimes qui ont été commis au nom de cette idéologie immonde
? Vous avez 2h
Après, ok c'est mal écrit, la version française est traduite avec les pieds, c'est très concon, mais bon, ça c'est comme les films pornos: ça n'est pas forcément dérangeant que les scènes "entre" soient débiles et très mal jouées, puisque c'est juste pour faire une pause entre les moments coïtaux
. Après, c'est vrai que si tu veux de la qualité à tout point de vue, c'est sûr que t'es mal tombée avec E.L. James.
Personnellement, j'ai trouvé Histoire d'O très peu excitant, trop redondant et pas assez "sale" à mon goût, alors que le côté amoral de Fifty Shades ne m'a pas laissée de marbre
. Mais à chaque remplissage platonique entre 2 scènes de sexe, je hurlais de rire et me facepalmais à foison
. Alors que Pauline Réage sortait des jolies tournures de phrases de son côté. Mais j'avoue que pour moi, le fond est plus important à la forme, dans le domaine de l'écriture érotique. Enfin, je rêve toujours de tomber sur un livre coquin qui arrive à ne pas me lasser tout en étant bien écrit et intelligent
mais c'est pas demain la veille que je vais trouver j'ai l'impression
Je suis d'accord avec toi pour la démocratisation de l'érotisme, je trouverait ça cool que ce soit décomplexé et tout, mais soyons réalistes, dans la société occidentale d'aujourd'hui dans laquelle on vit, tout est aseptisé dès que c'est à destination du plus grand nombre, puisque le but est de faire du profit
et en aseptisant, on déforme le propos. J'aimerais bien voir à quel point ils 'lissent" l'histoire dans le film
Et pour Nymphomaniac, en effet c'est plus crade, mais pareil, le but de Lars Von Trier c'est de faire du buzz et du chiffre, comme 50 Shades, (et c'est même pire je trouve, parce que LVT était déjà connu et savait que ça allait faire jaser, alors qu'E.L. James était inconnue au bataillon, et on aurait pu ne jamais entendre parler de sa trilogie si ça n'avait pas marché) avec le parti pris inverse, certes, mais au final ça revient au même, parce que c'est "Du sexe sauvage, oulala! C'est trop subversif lol!" (et puis un peu beaucoup aussi "Regardeeeeez, ooouh la vilaine qui baise tout le temps! C'est une mauvaise mère et une criminelle!").
(pas de souci voyons
)