Ce qui me gêne pour faire un choix ici, c'est qu'il existe une multitude de contextes différents pour l'un et l'autre des choix. J'ai vécu les deux situations: CDI et freelance (mais pas CDD ou petits boulots, ça je n'ai pas expérimenté).
En CDI: j'avais un salaire fixe, le minimum syndical comme on dit, mon 13eme mois consistait en une clé usb. Avec un enfant à charge, autant vous dire que je calculais mes dépenses. Le job était en lien direct avec les clients, donc tout devait être fait pour les satisfaire eux: mes 5 semaines de congé n'étaient acceptés que pour les périodes "classiques" où les clients ne bossaient pas non plus (au moins 3 semaines en août, 1 semaine à noël et pour les jours restants nous étions fortement incités à les poser pour les ponts de mai etc. Bref, possibilité de planifier à l'avance oui, mais durant les périodes où les tarifs s'envolent et avec mon salaire, c'était juste pas possible. Pareil, les demandes pour partir plus tôt parce que RDV médical ou autres n'étaient validées ou refusées que le jour même, 1h avant la fin officielle du boulot, selon les sollicitations des clients durant la journée.) A cela s'ajoutait le fait que le bureau était à 1h30 de chez moi, soit 3h de trajet quotidien, ce qui bouffait bien mon temps libre. Et pourtant, je faisais le métier que j'avais toujours rêvé de faire, très varié, avec des collègues sympa mais l'attitude des supérieurs vis-à-vis de nous, les conditions de travail et le fait de ne pas profiter pleinement de ma vie à côté, faute de moyens, de temps, m'a lassée.
Donc oui, un CDI c'est être un peu plus consciente de sa situation sur le long terme, pouvoir planifier l'avenir, ce qui est une forme de liberté même si un licenciement peut toujours nous tomber dessus. Mais même en étant dans la branche qu'on aime, avec des collègues agréables, si les conditions de travail sont minables ou si on n'est pas valorisé dans son boulot, au bout de plusieurs années ça devient lourd et on peut se sentir pris dans un étau. On a la liberté de démissionner, certes, encore faut-il rebondir derrière et ça peut donner le vertige.
(à côté de ça zhomme a un cdi avec un bon salaire et 10 semaines de congé+RTT qui sont acceptés même s'il les pose la veille. Il kiffe aller au boulot le matin, comme quoi, hein)
Alors à quelques détails près, je me suis lancée dans le freelance en exerçant le même métier, celui que j'ai toujours rêvé de faire. Je suis quelqu'un de très organisée, alors ne plus avoir un petit chefaillon qui me dit ce que je dois faire et minute le temps de ma pause pipi me va très bien.Je suis une grande fille et me sentir comme telle n'a pas de prix. Je travaille de chez moi, gain de temps énorme en terme de transport et de confort, j'organise mon travail comme je veux, je peux décider de prendre mon aprèm en sachant que bosserai le soir en contrepartie, je peux partir voir la famille en plein milieu de la semaine et bosser là-bas. C'est une liberté, c'est indéniable, et en terme financier j'en suis au même point, la possibilité de partir à moins cher en plus. Par contre il y a le stress de se faire un nom, trouver des clients, la partie comptabilité à gérer. On ne peut compter que sur soi-même, et à certaines périodes les clients se font plus rares, jusqu'à ce qu'ils se réveillent tous d'un coup. Faut jongler un peu, anticiper, il y a le stress quand l'échéance de prêt arrive et qu'il faut relancer pépère 15 fois pour qu'il paie ce qu'il doit histoire de pas finir dans le rouge. On est moins libre car on dépend des clients, de leur rapidité à payer (tu voulais aller chez les coiffeur? ben t'attendras le mois prochain), du bouche à oreille sur son travail, il faut se montrer très disponible, flexible et efficace, mais en même temps perdre 1 client est moins dramatique que de perdre 1 cdi. Ca permet de relativiser.
Enfin voilà, dans les deux cas par certains aspects on peut vraiment s'épanouir et par d'autres il faut serrer les dents et faire des compromis. Il faut juste que la balance penche quand-même en notre faveur, histoire d'éviter le burn out.
Ado, je m'imaginais devenir quelqu'un de rangé, avec son petit logement, son petit boulot à horaires fixes, la sécurité avant tout, quoi...et puis l'expérience m'a montré que le monde de l'entreprise et de ses CDI n'est pas fait pour moi. Je suis bien plus heureuse en m'auto-gérant moi-même, tout en gagnant de l'argent grâce à ma passion. Dans mon cas, c'est vraiment les conditions de travail plus que mon statut qui me dérangeaient.