elrewin;4726210 a dit :
J'aurais une question, si il y a des spécialistes parmi vous (même pour les pas spécialistes hein), mais... pourquoi les renards sont-ils considérés comme des animaux sauvages ?
Je ne suis pas très au fait de la psychologie du renard, mais pour moi je pense qu'il pourrait bien s'adapter à la vie avec des humains - dans de bonnes conditions bien sûr, aka un grand espace, de quoi manger, ect... Mais qu'est-ce qui le distingue d'un chien ou d'un chat ? Pourquoi le considère-t-on comme nuisible ? C'est tellement mignon, et pour moi l'argument du "voleur de poule" ne prend pas parce 1. il suffit de bien verrouiller le poulailler la nuit et 2. un chien ou un chat est tout aussi capable d'en tuer une...
(Désolée si la réponse est dans les commentaires précédents, je n'ai pas encore tout lu =3 )
En effet, certains éléments de réponses sont apportés dans les commentaires précédents.
Comme le souligne @LittleScorpion, un animal sauvage est un animal qui n'a pas été apprivoisé par l'homme. Autrefois, tous les animaux étaient sauvages. Les chiens (loups), les chats, les chevaux, ... L'homme s'est mis à en domestiquer, pour se protéger (chiens), se nourrir (cochons, ...) ou par aspect pratique (chevaux), etc. ; diminuant petit à petit leur instinct sauvage.
Mais si aujourd'hui, tu prends un Chat sauvage d'Europe (
Felis silvestris silvestris) en espérant en faire un animal de compagnie à l'instar du Chat domestique (
Felis silvestris catus), tu vas déchanter. Un Chat sauvage (je ne parle pas des chats de gouttières hein, je parle de l'espèce à part entière) n'est pas seulement sauvage car personne ne s'occupe de lui. Il l'est car son instinct est comme tel, qu'il a besoin de grands espèces (1 individu = 3 km2 de territoire), d'un milieu de vie répondant à certains critères écologiques (forêts denses), etc. ; il craint les hommes, c'est en quelque sorte inscrit dans sa mémoire génétique.
Il y a plusieurs milliers d'années, un de ses lointains cousin s'est rapproché de l'homme et s'est laissé apprivoiser, voyant probablement l'opportunisme de petits villages lui apportant une alimentation plus facile à obtenir, ainsi qu’une protection vis-à-vis des prédateurs. Mais lui a choisi une autre voix, celle des contrées sauvages et des forêts inhospitalières. Aujourd'hui, il y a des cas d'hybridation entre les deux espèces, car génétiquement, elles sont proches (comme certaines races de chien et loups ; les souris sauvages avec les souris domestiques, etc.), et car elles sont plus susceptibles de se rencontrer puisque l’homme (et les animaux qui sont commensaux de lui), empiètent de plus en plus sur les territoires des autres espèces.
Idem pour le renard, le fait qu’il se rapproche de l’homme, et que ponctuellement, certains individus sont apprivoisés, ne justifie pas que l’espèce peut devenir domestique. C’est une conséquence de l’expansion humaine sur le milieu de vie d’autres espèces.
Et malheureusement, un animal caractérisé comme mignon ne suffit pas à être déclassé nuisible. Et ceci dit heureusement aussi, car ça serait carrément discriminatoire pour les animaux jugés pas mignons dans l’imaginaire collectif ! Comme je l’ai dis dans un commentaire précédent, est classée nuisible une espèce qui entraine des risques sanitaires, ou bien des risques de dommages sur les cultures agricoles, sylvicoles ou piscicoles.
Mais encore une fois, j’ai du mal avec cette classification… Elle est profondément injuste, car place l’homme au centre de tout, et ne remet pas du tout en cause son rôle dans le fait qu’il « subi » la présence de certaines espèces. Peut-on vraiment en vouloir à un animal de venir se nourrir des cultures de l’homme, car elles font une ressource alimentaire correspondant à leur régime, facile à obtenir, et présente sur un secteur qu’il occupait autrefois..?
Pour le renard, l’argument qui prévaut n’est pas qu’il vole des poules. Comme ça a été souligné précédemment, il est porteur de l’ecchinococcose, un parasite qui touche l’homme, entraine des symptômes similaires à la cirrhose (ce qui rend son diagnostic difficile), avec un risque de mortalité non négligeable si la maladie n’est pas traitée à temps, sachant que le seul véritable traitement est une greffe du foie…
@LittleScorpion, tes anecdotes sont terribles !! Le pauvre pic vert !
Et n’en parlons pas pour la chauve-souris… Manquerait plus qu’elle essaie de lui donner du sang tiens !!
Non mais c’est fou quand même, si la personne se renseigne sur le régime alimentaire d’une chauve-souris (encore faut-il qu’elle identifie l’espèce), elle n’a pas grand chose à faire pour prendre également connaissance de son régime de protection ! Exaspérant… C’est là où je vois la limite entre une pseudo bonne volonté de vouloir faire bien, et l’égoïsme primaire de l’individu à satisfaire son plaisir personnel en s’occupant d’un individu qui n’a absolument pas besoin de lui et de ses attentions.
Pour l’oisillon attrapé par un chat, oui, je pense qu’il n’y avait rien à faire avec le recul. Mais bon, à ce moment là, j’avais espoir !!
Je suis d’accord avec toi pour la cassure à la puberté. Ca s’observe aussi très bien chez les primates. Mais dans ce que j’ai compris du fonctionnement, c’est plus lié au fait que devenant mature sexuellement, l’individu voit en l’humain un potentiel rival, mais il ne se désimprègne pas pour autant. Dans ma définition, l’imprégnation est le processus qui entraine un animal à ne plus craindre l’homme. Ca peut être un apprivoisement à la naissance, mais pas seulement. Il y a eu le cas de cet ours dans les Pyrénées, je ne sais plus lequel, qui avait pris l’habitude de se rapprocher d’un village, et qui n’avait plus peur des habitants. Il n’a jamais été apprivoisé, mais il était imprégné. Après plusieurs risques d’accidents graves (dont notamment un gamin qui s’est levé la nuit car il entendait sa vache vêler, qui avait également été entendue par l’ours, qui est également venu au rendez-vous, et qui s’est retrouvé face à face avec le gosse, pris en sandwich entre les deux. Je ne me souviens plus trop du dénouement, mais l’ours a fini par fuir quand le père est sorti je crois, m’enfin la rencontre a du être bien flippante pour le petit). Suite à ça, une campagne d’effarouchement a été réalisée, pour rendre l’ours à nouveau craintif.
J’avais rencontré un autre gars aussi qui était venu faire une conférence sur son voyage au Canada, pour vivre dans un territoire de loups. Une de ses anecdotes concernait un ours, qui s’était ramené un jour et avait mangé tout son riz. Du coup il l’avait appelé Ben. Et l’ours avait l’habitude de venir le voir. Il gardait plus ou moins ses distances, mais ça lui arrivait même parfois de dormir contre la tente du mec.
Complètement imprégné quoi. Puis il est partie hiberner, et à la saison suivante, il est revenu voir son pote humain. Sauf qu’entre temps, l’ours, qui était jeune, était devenu un adulte, et désormais, il comptait bien faire valoir sa virilité pour s’emparer du territoire de l’homme et de ses ressources de nourriture. S’en est suivi une confrontation entre les deux, de qui gueule le plus fort.
Perso je pense que je me serais pissée dessus. Le mec n’a pas lâché l’affaire, il a joué au jeu du grizzly qui se tenait en face de lui, sachant que c’était soit ça, soit une grosse patate dans la tronche qui allait au mieux le défigurer à vie. L’ours a fini par lâcher prise et est partie, vaincu. Et ce qui est fou, c’est que lorsqu’ils se croisaient, l’ours partait systématiquement en courant. Il l’avait reconnu comme dominant.
Donc un animal imprégné n’est pas, à mon sens, un animal apprivoisé, même si les deux vont de paire. C’est surtout un animal qui risque de devenir dangereux car il n’a plus peur de l’homme.
Ma chienne m’écoute et m’obéit, car elle sait, fondamentalement, qu’elle n’a pas tellement d’autres alternatives (et puis aussi parce qu'elle m'aaaaiiiiiiimeuuuhhhh
). Je la nourris, loge bien au chaud, joue avec elle, la papouille. Un animal sauvage et imprégné aura toujours l’instinct de chasse, une capacité à dormir dehors et se défendre seul. Vous ne lui êtes pas indispensable. Il n’a donc aucune nécessité à vous obéir le jour où vous n’allez pas dans son sens.
@whatsxername : Tes anecdotes sont très étonnantes, pour un renard. Vous êtes certains que ça n’était pas un chien errant ?
Mais quoi qu’il en soit, à partir du moment où on a besoin de la nature pour pouvoir pratiquer son activité (c’est le cas du berger qui doit faire pâturer ses moutons, ou celui de l’agriculteur qui doit utiliser une terre pour planter sa culture), je considère que c’est à l’homme, de s’adapter à la ressource qu’il exploite, et pas l’inverse. Il y a forcément des conséquences pour l’homme, et les supprimer sans apprendre à s’y adapter, c’est la plus grosse erreur qu’on puisse faire. Mais le problème est très français. C’est ce qui revient aussi à mesure que le loup reconquiert le territoire duquel il a été chassé autrefois. Les français n’ont pas appris à vivre avec, et l’ont exterminé quand il a commencé à leur faire concurrence parce qu’ils utilisaient son milieu. Et maintenant qu’il revient, ils ne sont pas du tout près à s’adapter à nouveau à sa présence, alors qu’en Italie ou en Espagne, la présence du loup ne pose aucun problème.