Merci de ta participation
@Elliana. Forcément l'idée qu'on a sur des choix politiques repose aussi sur ce qu'on pense qui est important dans la société et ce qui marche à moyen/long terme.
On peut discuter de ces objectifs et valeurs différentes pour la société française, mais je pense que la vision qu'on a d'une politique ou d'une autre renvoie à nos valeurs profondes et ce qu'on considère comme une priorité et qu'on ne peut pas démêler ça en quelques posts... Mais j'aimerais rebondir sur quelques points quand même, en tout bien tout honneur.
Sur les modèles anglais et allemands, les années Thatcher et leur suite, avec une forte réduction des protections sociales, une libéralisation accélérée etc, ça a des conséquences fortes aujourd'hui : creusement des inégalités avec un écart type plus grand entre les parts défavorisées et les parts élevées de la société, et même un creusement de l'écart entre les espérances de vie!
Plus tu es pauvre et plus tu meurs tôt, et ça s'accentue...
Quant à l'Allemagne, les gens sont obligés d'accepter des jobs qui payent une misère et donc d'en cumuler plusieurs, d'où ce record pour eux : p
lus 12.5 millions de personnes sous le seuil de pauvreté actuellement. Donc j'ai du mal à voir en quoi ce sont des modèles.
Sur la question des dépenses sociales je crois que tu confonds un peu. Il ne s'agit pas de dépenses à la base sur certains des points que tu cites, mais de cotisations, pour ce qui concerne la sécurité sociale et les retraites. Ce n'est pas une enveloppe de l'Etat , c'est un système où chacun met dans le pot commun à hauteur de ses moyens et on répartit ensuite. J'y reviendrai plus tard si j'ai le temps parce que c'est un vaste sujet.
La fraude purement fiscale (hors la loi) sans compter l'optimisation fiscale ni l'exil fiscal représenterait 60 à 80 milliards d'après les travaux de Solidaires Finances Publiques dont le dossier est disponible
en lien dans cet article de libé.
Les autres fraudes de type allocations représentent
une somme infiniment plus faible (450 millions d'euros), d'autant quand on prend en compte le fait que 30% des gens qui y auraient droit ne le savent pas et ne perçoivent pas leurs aides, donc on économise sur les gens qui ne réclament pas.
Sur les fonctionnaires, comme je l'expliquai dans ce post, la fonction publique française est
en dessous de la médiane européenne (et même en dessous du royaume uni!) quand on rapporte à la population.
Il y a un certain nombre de fantasmes sur certains sujets qui ne sont pas basés sur des faits (genre l'impot français sur le revenu pour les particuliers est plutôt plus bas en France que pour beaucoup d'autres pays européens - pas sur les entreprises certes). Le coût de la fraude aux allocs et autres est faible comme je le disais.
Je pense que c'est plutôt une opposition de priorités pour la société.Pour moi l'éducation par exemple est coûteuse mais bénéficie bien plus à la société à moyen terme (ça marche super bien d'ailleurs
en Finlande, y compris pour rebooster l'économie). Pour moi l'accès à une santé pour tous de qualité est primordiale, car sinon on le paiera sur le long terme ; donc je suis atterrée par la coupe des budgets des hôpitaux (1 milliard en moins) comme je le relatais plus haut. Je ne crois pas non plus qu'injecter 40 milliards dans les entreprises (surtout les grosses, parce que pour l'instant je ne vois pas trop les mesures en faveur des TPE et PME, si quelqu'un a des liens sur le sujet ça m'intéresse) via le CICE soit utile, car les deux rapports officiels montrent que cet argent n'a pas servi à embaucher, ni à faire de la R&D, ni de l'investissement : il a été siphonné par les actionnaires. Ce n'est pas de l'argent qui vient profiter à l'économie, ni aux citoyens/employés.
Je pense que ce gouvernement, et les précédents sont convaincus, avec plus ou moins de virulence, par des théories économiques qui ne reposent pas sur des bases solides, qui sont des mythes : la concurrence non faussée (sans régulation), ça n'existe pas. Le ruissellement naturel, sans intervention de l'Etat, non plus. Je crois qu'ils pensent que ça marche mieux quand c'est privé, ou du moins que privatiser permet d'enrichir ceux qui peuvent mettre la main sur ces potentiels rachats. Je suis peut-être cynique, mais je me demande si leur intérêt dans le fait de sous financer l'école, l'université, les hôpitaux, ce n'est pas d'ouvrir des parts de marché aux équivalents privés (comme on le voit déjà dans d'autres pays dans le monde).
Sauf que pour moi quand c'est public, c'est théoriquement l'intérêt du citoyen qui prime, pas de faire des bénéfices sur un lit d'hôpital ou un diplôme. Les actionnaires ils s'en fichent un peu de l'intérêt du citoyen, du moment que l'argent rentre. C'est pourquoi pour moi il y a des domaines qui doivent rester publics, accessibles à tous et non lucratifs, parce qu'il y a conflit d'intérêt.