Le plus prégnant pour moi c'est la misère dans laquelle j'ai vécu enfant, et qui a duré de mes 0 à 15 ans. Nous vivions dans une maison complètement vétuste. Pas de chauffage, pas de toit (c'étaient des espèces de tôles à la place, dont on avait peur qu'elles nous tombent sur la tête quand on montait les escaliers), pas de salle de bains - on se lavait dans la cuisine - comme on pouvait - pas de pièce pour les wc (ils étaient sur la montée des escaliers, ouverts à la vue de tous car la porte ne pouvait pas se fermer, elle était cassée et en plus la chasse ne marchait pas) et pas de chambre pour moi et mon frère. J'ai dormi jusqu'à mes quinze ans, âge à partir duquel j'ai déménagé avec ma mère (et où mes parents ont ensuite divorcé) dans la même chambre que mes parents. Dans cette chambre il y avait mon lit, juste à côté le lit de mes parents et encore juste à côté le lit de mon frère. Mon père faisait régulièrement caca dans le lit (...) Pour moi enfant, et pour nous tous, les HLM, c'était le luxe! Eux avaient du chauffage, des murs propres, une salle de bain, des chambres pour chacun. Encore aujourd'hui j'ai du mal à supporter quand j'entends quelqu'un se plaindre d'être en HLM, car je pense en tout premier aux conditions de confort dedans...
Mon père ne travaillait pas, il est très gravement malade mentalement (schizophrénie), et ma mère s'occupait de nous comme elle le pouvait. La maladie de notre père a été un véritable enfer pour nous, et en particulier pour moi, car ses rituels, ses manies se portaient beaucoup sur moi. Au retour de l'école par exemple, il comptait les stylos dans ma trousse et il ne fallait pas qu'il en manque UN seul sinon c'était la guerre et la crise assurée. Il prenait mes beaux stylos encre aussi et à force d'appuyer sur la mine pour voir s'ils marchaient, il me les cassait. Lorsque je jouais, il venait me prendre mes jouets aussi. Et compter mes petites voitures lorsque je revenais de chez ma mémé, ou allait carrément chez elle me les prendre et les échanger contre des poupons (afin de compter si elles y étaient toutes). Ce sont des exemples parmi des milliers (...) parmi ses milliards de tocs aussi. Sa maladie le rendait méchant, insupportable. Impossible de pouvoir parler avec lui, avoir ne serait-ce qu'une once d'attention, de mot ou de geste tendre. Il vivait dans son monde. Il ne dormait pas la nuit et fumait toute la journée assis sur sa chaise, face à son café. Il fallait le voir aussi en crise, comment il pouvait être. Nous n'avions pas de jardin non plus et on allait s'échapper avec ma mère au parc du quartier. C'était notre "grand jardin" à nous.
Mais le pire de tout, outre le manque de confort, d'intimité, et le froid, je crois que ça a été la faim. Nous allions régulièrement aux restos du coeur mais cela ne suffisait vraiment pas (...) Je me souviens des sachets de fromage râpé en guise de repas, et du chocolat en poudre déposé sur du vieux pain...
Dans le quartier, face aux voisins qui avaient de l'argent, nous étions des parias, montrés du doigts, ridiculisés, moqués constamment. Malheureusement, cela est venu jusqu'à mon école. Au collège en sixième, une connasse dont le père était boucher dans notre quartier, avait raconté à des filles de ma classe les conditions dans lesquelles nous vivions... La maladie de mon père, la misère, la réputation (fausse) de ma mère qui était, je cite, une "pute" pour les voisins. Toutes les filles de ma classe m'ont considérée comme une moins que rien, une grosse merde. Je n'avais plus le droit d'exister, d'être. Il ne fallait pas m'approcher. Mais par contre, se foutre de ma gueule, me blesser, ou m'ignorer avec dédain, oui. Tout cela a tourné dans tout le collège, et même les troisième se foutaient de ma gueule. Déjà qu'au primaire mes rapports avec les autres n'étaient pas faciles (toute une année de CM1 je l'ai passée à pleurer car je n'avais pas de copine) les premières années au collège ont été un véritable enfer. Petit à petit, j'ai décroché, je ne travaillais plus bien. Ensuite, les choses ont changé niveau "réputation", je suis entrée dans l'adolescence, je suis devenue une "salope" selon pas mal de filles. Mais je ne compte pas aujourd'hui encore le nombre de connasses que je croise et qui me regardent toujours comme de la vermine (...) Je leur en veux, je leur en veux tellement. je voudrais me venger, les tuer. Je les tiens pour responsables de mon échec scolaire et de ma descolarisation, de mon choix d'études par correspondance pour m'échapper de cette violence, puis finalement après le bac (que j'ai eu sans étudier véritablement, car je m'organisais mal), de n'avoir pas su quoi faire car je ne voulais pas revenir dans une "école normale" et d'avoir du coup voulu arrêté et travaillé... J'aurais pu faire des études, je n'étais pas mauvaise, j'étais même bonne en primaire (sauf en maths, déjà, hihi) mais ce monde scolaire impitoyable, la saloperie de tous m'a littéralement bouffée dans mon avenir. Je n'ai pas eu les armes pour y faire face, j'étais trop fragile, trop fragilisée...
Je reviendrai parler de d'autres évènements, qui sont arrivés plus tard. Je ne sais pas si je laisserai ce témoignage, c'est très intime pour moi.
Mon père ne travaillait pas, il est très gravement malade mentalement (schizophrénie), et ma mère s'occupait de nous comme elle le pouvait. La maladie de notre père a été un véritable enfer pour nous, et en particulier pour moi, car ses rituels, ses manies se portaient beaucoup sur moi. Au retour de l'école par exemple, il comptait les stylos dans ma trousse et il ne fallait pas qu'il en manque UN seul sinon c'était la guerre et la crise assurée. Il prenait mes beaux stylos encre aussi et à force d'appuyer sur la mine pour voir s'ils marchaient, il me les cassait. Lorsque je jouais, il venait me prendre mes jouets aussi. Et compter mes petites voitures lorsque je revenais de chez ma mémé, ou allait carrément chez elle me les prendre et les échanger contre des poupons (afin de compter si elles y étaient toutes). Ce sont des exemples parmi des milliers (...) parmi ses milliards de tocs aussi. Sa maladie le rendait méchant, insupportable. Impossible de pouvoir parler avec lui, avoir ne serait-ce qu'une once d'attention, de mot ou de geste tendre. Il vivait dans son monde. Il ne dormait pas la nuit et fumait toute la journée assis sur sa chaise, face à son café. Il fallait le voir aussi en crise, comment il pouvait être. Nous n'avions pas de jardin non plus et on allait s'échapper avec ma mère au parc du quartier. C'était notre "grand jardin" à nous.
Mais le pire de tout, outre le manque de confort, d'intimité, et le froid, je crois que ça a été la faim. Nous allions régulièrement aux restos du coeur mais cela ne suffisait vraiment pas (...) Je me souviens des sachets de fromage râpé en guise de repas, et du chocolat en poudre déposé sur du vieux pain...
Dans le quartier, face aux voisins qui avaient de l'argent, nous étions des parias, montrés du doigts, ridiculisés, moqués constamment. Malheureusement, cela est venu jusqu'à mon école. Au collège en sixième, une connasse dont le père était boucher dans notre quartier, avait raconté à des filles de ma classe les conditions dans lesquelles nous vivions... La maladie de mon père, la misère, la réputation (fausse) de ma mère qui était, je cite, une "pute" pour les voisins. Toutes les filles de ma classe m'ont considérée comme une moins que rien, une grosse merde. Je n'avais plus le droit d'exister, d'être. Il ne fallait pas m'approcher. Mais par contre, se foutre de ma gueule, me blesser, ou m'ignorer avec dédain, oui. Tout cela a tourné dans tout le collège, et même les troisième se foutaient de ma gueule. Déjà qu'au primaire mes rapports avec les autres n'étaient pas faciles (toute une année de CM1 je l'ai passée à pleurer car je n'avais pas de copine) les premières années au collège ont été un véritable enfer. Petit à petit, j'ai décroché, je ne travaillais plus bien. Ensuite, les choses ont changé niveau "réputation", je suis entrée dans l'adolescence, je suis devenue une "salope" selon pas mal de filles. Mais je ne compte pas aujourd'hui encore le nombre de connasses que je croise et qui me regardent toujours comme de la vermine (...) Je leur en veux, je leur en veux tellement. je voudrais me venger, les tuer. Je les tiens pour responsables de mon échec scolaire et de ma descolarisation, de mon choix d'études par correspondance pour m'échapper de cette violence, puis finalement après le bac (que j'ai eu sans étudier véritablement, car je m'organisais mal), de n'avoir pas su quoi faire car je ne voulais pas revenir dans une "école normale" et d'avoir du coup voulu arrêté et travaillé... J'aurais pu faire des études, je n'étais pas mauvaise, j'étais même bonne en primaire (sauf en maths, déjà, hihi) mais ce monde scolaire impitoyable, la saloperie de tous m'a littéralement bouffée dans mon avenir. Je n'ai pas eu les armes pour y faire face, j'étais trop fragile, trop fragilisée...
Je reviendrai parler de d'autres évènements, qui sont arrivés plus tard. Je ne sais pas si je laisserai ce témoignage, c'est très intime pour moi.