En y réfléchissant, d'autres choses m'ont traumatisée, plus que je ne le pensais.
Mon oncle, entre autres. Il est malheureusement atteint de schizophrénie.
Depuis toute petite, j'ai toujours eu peur de lui. Son visage décomposé, son corps qui à toujours l'air d'être sur le point de se briser, ses yeux, minuscules et si perçants, et sa voix, une horrible voix rauque et sèche, des mots désarticulés, insensés, bref, il m'a toujours effrayée, au point que je ne voulais jamais aller lui dire bonjour quand il venait voir ma mère (sa s?ur), et je redoutais d'être dans la même pièce que lui, même entourée de mes parents.
Plus le temps passait, plus ses crises étaient violentes. Il n'habitait pas loin de chez nous, à quelques kilomètres, au bord de la plage. Il louait un appartement, qu'il à finit par détruire. C'était un homme intelligent malgré sa maladie, il à toujours été assez malin pour échapper à la prison ou même l'hôpital. Il faisait souvent des crises quand il manquait d'argent, et il venait chez nous pour réclamer de l'aide. Ma grand mère lui à toujours donné ce qu'il demandait, c'était son fils après tout. Ma mère l'à aussi toujours accueilli chez nous, lorsqu'il n'allait pas bien. Je passais des nuits blanches, à scruter ma porte en ayant peur qu'il rentre, et qu'il crie. Il y avait des périodes ou il venait souvent, et puis pouf ! on pouvait ne plus le voir pendant 1 ou 2 ans, sans aucune nouvelle, ne sachant même pas s'il était encore vivant.
Un jour, je devais avoir 14 ou 15 ans, je rentre du collège, je retrouve ma petite soeur, qui me dit que ma grande soeur est allée chez une copine, une rue plus loin. Je reçois un coup de fil de sa part : "je suis chez..., fais attention, car Nicolas traine dans le village". Je pensais qu'elle parlait d'un Nicolas, qui était à l'école avec nous, et qui passait son temps à racketer tout le monde. Je me demande pourquoi elle s'inquiète, il ne sait pas ou on habite, que pourrait-il nous faire. Puis quelqu'un sonne chez nous. Je regarde par la porte, et j'apercois derrière le portail Nicolas, celui dont parlais ma soeur, notre oncle. Ni une ni deux, je cours fermer la porte d'entrée à clef. Puis je ferme toutes les portes de la maison. Pendant ce temps, la sonnette sonne, sonne. J'entends des cris dehors, sa voix qui commence à hurler, et j'ai peur. Ma petite soeur se met à pleurer. J'attrape le téléphone, sa main, et je cours nous enfermer dans la salle de bain. Ma petite soeur pleure, et me dit qu'elle à peur, me demande ou sont les parents, me dit qu'elle veut qu'ils rentrent. Je me rappelle encore de la sensation que j'ai ressenti à ce moment la . Je voulais pleurer, je tapais sans arrêt le numéro de mon père, de ma mère, personne ne répondais. Mais je savais que je ne devais pas pleurer. Je serrais ma petite soeur dans mes bras, en lui disant que ça allait, qu'il ne pouvait pas rentrer. J'avais tellement peur, mon coeur n'a jamais battu aussi fort que lorsque je l'ai entendu donner des coups dans la porte d'entrée, nous insulter et nous dire qu'il allait nous frapper, et nous tuer.
Au bout de je ne sais combien d'appels, mon père à finit par répondre. Et la, j'ai explosé. Je ne sais même pas comment il à fait pour comprendre ce que je lui disais.
10min plus tard, il arrivait en trombe devant la maison. J'ai entendu les pneus crisser, la porte se claquer, mais il à du venir jusque devant la salle de bain pour que j'ose ouvrir la porte. Mon oncle était parti quelques minutes auparavant.
Mon père est allé chez lui le soir même, et lui à fait savoir qu'il n'avait pas intérêt à reproduire ce qu'il venait de faire. Mon oncle lui à simplement répondu que nous étions des sales gosses, et qu'il fallait nous terrifier pour que l'on obéisse. Aprés cela, je ne l'ai revu qu'à l'enterrement de ma grand mère, et une fois dans la rue, ou j'ai rapidement changé de trottoir et demandé à mes amis de me cacher. Et depuis 4 ans, plus personne n'a de nouvelles de lui. Je ne le hais pas, malgré ce que j'ai ressenti ce jour la. Je suis triste, triste pour ma mère et ma grand mère, et triste pour lui, car je sais qu'il n'était pas un enfant désiré et que ça à peut être joué dans sa maladie. Et je suis triste quand je regarde des photos de lui avant, et que je me rends compte qu'il était beau, qu'il avait une jolie peau, une mine certes étrange, mais pas effroyable. Je suis triste quand je pense à ma cousine, sa fille, qui s'en sort tant bien que mal avec la maladie qu'elle à surement hérité de son père.
Je me suis beaucoup intéressée à cette maladie depuis, je pose sans arrêt des questions à mes parents (qui soignent tous les deux des personnes atteintes de schizophrénie, de psychoses en tout cas), et je crois que cette expérience m'aide à considérer la schizophrénie avec plus de pédagogie.