C'est là que ça se gâte, puisque ça relève d'un bon sens totalement subjectif.
Moi, sans prétendre détenir la vérité ni quoi que ce soit, si je tombe enceinte maintenant, d'un homme que j'aime avec qui je souhaite avoir des enfants dans un futur indéfini, je vais être sincèrement déchirée. Si j'avorte, je garderai l'idée du "j'aurais pu le garder", et je n'ai aucune garantie qu'un excellent soutien psychologique m'enlève ce fantôme de l'esprit. Si je le garde, je prends le risque de ne pas élever cet enfant dans les meilleurs conditions matérielles possibles - à chacun(e) de juger à quel point l'aspect matériel est important - mais il est certain que je l'aimerais. Je suis précisément à une période transitoire de ma vie, pas tout à fait prête à être mère, et pas vraiment contre non plus.
Je crois qu'il ne faut surtout pas occulter le fait qu'énormément de femmes et de filles sont simplement partagées sur la décision d'avorter, sans que cela remette en question le DROIT. Les pro-vies profitent outrageusement du questionnement des indécises, tandis que les pro-IVG ont suffisamment d'arguments solides et objectifs pour défendre leur cause.
Elles ont le droit d'être partagées, ça c'est pas un problème. Mais l'important c'est qu'au final elles aient le choix et que la décision leur appartienne. Leur dire qu'elles peuvent le garder ou whatever, il n'y a pas besoin d'être anti-choix (parce qu'encore une fois, il ne sont pas pro-vie, sorti de l'utérus la vie ils s'en foutent, et les pro-choix ne sont pas anti-vie) pour le faire. On ne devrait permettre à personne de profiter, mais garantir un encadrement et un suivi qui se fasse vraiment dans l'intérêt de la personne concernée avec des conseils, et ça c'est pas les survivants qui le feront.
Edit : comme tu le dis c'est subjectif, alors on donne le droit à tout le monde et chacun.e gère son utérus, c'est encore le plus simple et les genTes peuvent faire comme ils veulent sans être forcé.e.s à rien.
Je pense aussi qu'à force de s'entendre répéter que "c'est un meurtre et c'est mal m'voyez et blablabla", on créé la culpabilité et le regret. Le bien, le mal et la morale, c'est pas inné, il y a une grosse part d'acquis, donc si on intériorise le fait que l'avortement c'est mal, c'est peut être à force de se le faire seriner par des anti-choix. Il y aurait probablement moins de regrets si tout le monde ne nous disait pas qu'on DOIT regretter.
L'avortement n'étant de toute façon pas un acte anodin et suscitant quoiqu'il advienne des réflexions pas toujours évidentes, moins on y a recours, mieux c'est. Et par là je ne dis pas qu'il faut mener à terme des grossesses non désirées, j'entends que la contraception doit être comprise, disponible et maîtrisée par le plus grand nombre. Même si il n'y a pas de risque zéro, c'est vrai.
Bah, c'est pas forcément dramatique non plus là encore on se trompe de cible, le soucis ce n'est pas l'avortement. L'avortement, c'est juste une procédure médicale, un moyen de régler un problème, à savoir la grossesse non désirée.
Les procédures médicales, ça peut être bien vécu comme ça peut l'être très mal. Il y a des personnes qui sont traumatisées par l'arrachage des dents de sagesses, l'ablation d'un grain de beauté ou une opération de l'appendicite alors que d'autres n'en auront rien à faire. L'avortement c'est pareil. Sauf qu'on y a ajouté une dimension morale qui apporte en plus un éventuel soucis psychologique, mais je persiste : si on arrêtait d'en faire tout un pataquès, ça traumatiserai sûrement moins.