Comment l'inceste a détruit ma famille

[The Frog]

La madz de l'article a tout mon soutient

Pour celles qui se demandaient par rapport aux agresseurs hommes/femmes en fait il y a statistiquement moins d'agresseurs femmes que homme sur les enfants. Entant que prof j'ai des journées de formation, notamment sur les problèmes de ce genre par rapport aux àlèves. BREF. Dans la formation, la question est sortie et l'intervenante a expliqué ceci:
- Dans presque tous les cas qu'elle a connu de femmes abusant leurs enfants, elles étaient totalement isolées sentimentalement parlant, socialement parlant et physiquement parlant des fois.
- La plus part des cas qu'elle a vu par contre ont été instillés par un homme. C'est à dire qu'un homme a convaincu une femme d'abuser des enfants pour lui faire plaisir (à l'homme). Donc la plus part du temps, y a quand même un homme qui joue une part active. Même si, comme tout le monde le sait déjà, il y a des femmes qui violent.

 

[batmane]

Je devais avoir environ 10 ans, ma sœur 7, on dormait ensemble dans mon lit, au moment où l'on commençait à sombrer elle m'a sorti une phrase à peine croyable parlant de notre papi qui lui faisait des choses etc... moi choquée lui demande de répéter, puis elle me dit que non c'est rien, c'est des bêtises... À cet âge ça m'a sûrement arrangé de le croire et j'ai occulté le truc pendant 16 ans.
Je sais que ma sœur a toujours eu des problèmes avec sa sexualité d'adulte, pas de sensations, absence de désir... Il y a tout juste un an, au détour d'une discussion portant là-dessus avec une amie du collège (qu'on a en commun mes sœurs et moi), celle-ci me sort une phrase " bah oui avec l'histoire de ton grand-père maternel... " (pensant sans doute que je suis déjà au courant) et là tout est remonté, la confidence dans le lit quand nous étions enfants, sa honte sans doute à ce moment là devant mon visage et mon air choqué...
Je passe une nuit sans sommeil, à retourner le truc dans tous les sens, comment je vais dire à ma sœur que je sais, lui demander de me confirmer, après tout elle n'a peut-être pas envie d'en parler. Je pleure beaucoup aussi...
Dès le lendemain je passe la voir et me lance un peu stressée (sachant ce que j'allais sans doute découvrir) et elle me confirme que ça a duré jusqu'à ses 10 ans environ, souvent lorsqu'elle allait chez mes grand-parents en sortant de l'école, jusqu'à ce qu'elle dise non !
Elle ne veut pas que ça se sache, elle ne veut pas que mes parents sachent, ma mère serait sans doute détruite d'apprendre la vérité sur son père et mon père trop hors de lui pour pouvoir se contrôler. Elle-même me dit n'y penser que très rarement.
J'ai appris ce secret il y a tout juste un an, des semaines à passer mes nuits à digérer l'histoire, à me dégoûter de pouvoir avoir un lien de sang avec un tel individu (soyons clair, ce n'est plus mon grand-père, juste un connard que j'essaye de voir le moins souvent possible, aux repas de famille auxquels j'essaye au maximum d'éviter, je ne veux tout simplement plus appartenir à cette famille...)
Même si je sais que ce n'est pas une solution, le bilan au bout d'un an est que j'éprouve une très grande colère, contre lui, contre une grand-mère aveugle, contre ma mère elle aussi aveugle, contre moi qui m'impose ce silence par respect pour ma petite sœur, n'ayant pas su entendre ce qu'elle m'avait dit quand nous étions enfants. J'attend avec impatience le soulagement que me procurera la disparition de mes grand-parents, pour le moment, j'ai juste l'impression de retenir mon souffle pour ne pas bouillir à la simple idée de penser à cette histoire.
Ironie de l'histoire, ou morale s'il en faut une, il y a quelques années, stagiaire dans un cabinet d'avocat, j'avais travaillé sur des dossiers de droit pénal, avec des histoires toutes plus sordides les unes que les autres, de pédophilie et d'inceste, je pensais que ça n'arrivait que dans les milieux très défavorisés des campagnes, avec des gens un peu bizarres... En fait non, ça touche tous les milieux et beaucoup plus souvent qu'on ne le croit, c'est un phénomène qui est en fait, tellement abjecte, qu'on ne veut tout simplement pas le voir, encore moins chez soi...

 

[Skyforged]

Ceci me rappelle une autre histoire.

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[Sarah-in-Wonderland]

Quand je lis vos témoignages, je me retrouve dans tellement de choses que vous dites. Vous mettez des mots sur des sentiments que je n'ai pas toujours su nommer!
Vous êtes toutes courageuses et fortes!

 

[agapanthe7]

@Hawley ce sujet me fait penser à un truc: pourrait-on avoir un témoignage de quelqu'un victime d'un viol(incestueux ou non)dans son enfance, et qui s'en est remis. En ce qui me concerne, ça m'aiderait beaucoup, et je ne pense pas être la seule.

Sinon big up à l'auteure(je ne sais quoi dire de plus)

 

[Lilodo]

Vous entendez quoi par "qui s'en soit remis" ?
Car je ne suis pas sûre que l'on peut entièrement se remettre de ce genre de traumatisme ...
En revanche, avec le temps, cette agression finit par appartenir au passé et on vit de nouveau comme avant. On est ce que l'on est, indépendamment de ce que l'on a vécu et on finit même par être heureuse de se lever le matin

En tout cas, je vous souhaite à toute du courage !

 

[agapanthe7]

Vous entendez quoi par "qui s'en soit remis" ?
Car je ne suis pas sûre que l'on peut entièrement se remettre de ce genre de traumatisme ...
En revanche, avec le temps, cette agression finit par appartenir au passé et on vit de nouveau comme avant. On est ce que l'on est, indépendamment de ce que l'on a vécu et on finit même par être heureuse de se lever le matin

En tout cas, je vous souhaite à toute du courage !

Je ne vais parler qu'en m'on nom, car j'ignore comment le vivent les autres.
S'en sortir signifierait ne plus en subir les conséquences dans la vie sexuelle(méfiance, peurs irraisonnées empêchant certaines pratique par exemple), mais aussi parvenir à vivre une relation sentimentale sereine, sans peur d'être manipulée, trahie.

 

[Lilodo]

Pour ma part il m'a fallu 10 ans ...
Et encore pour les conséquences sur la vie sexuelle, il y a toujours quelques unes. Je préfère voir le regard de l'autre et j'ai du mal quand ce n'est pas le cas, mais je n'ai plus d'angoisse ou de peur. Et j'arrive maintenant à laisser tomber l'ultime barrière, à faire pleinement confiance en mon partenaire. Et donc à prendre du plaisir à faire l'amour. Ce qui n'était pas gagné au début ! En tout cas, c'était le cas avec mes deux derniers petits amis puisque je suis redevenue célibataire depuis Personne ne peut oublier un tel traumatisme et je ne cherche pas à l'oublier. Donc il y a toujours des choses que je vais préférer à d'autres et où je me sentirais plus à l'aise. Mais c'est normal
J'ai des amis qui ont les mêmes préférences que moi et qui n'ont pas mon passé "sensible" donc tant que la peur, les larmes et les angoisses ne sont plus là, ca me va.
Je ne sais pas quand cela t'est arrivée mais laisse toi du temps pour ces choses là

 

[Skyforged]

Je suis sortie de la dépression depuis plusieurs années et je me suis délestée du plus gros de mes phobies, je ne fais plus de cauchemars ou autres trucs qui me terrorisaient la nuit, j'ai une sexualité sans encombre avec mon mari (mais je n'ai jamais eu d'autre partenaire, j'ignore comment ça se passerait si jamais je devait en changer)... On pourrait presque dire que je m'en suis sortie, dans les faits. Seulement, il reste que c'est arrivé alors que j'étais en bas âge quand c'est arrivé, j'ai donc du composer avec ça pour me construire une personnalité. C'est là que ça coince. Je suis évitente, très anxieuse, hyper-émotive et j'ai des difficultés avec mon estime de moi. C'est ce que je suis. Ce n'est pas une maladie, c'est juste moi. Peut-on guérir de ce que l'on est ? Je ne crois pas. On peut vivre avec, se donner le défi d'évoluer... mais, sans vouloir sonner "fataliste", un traumatisme fait partie de qui on est - donc je ne vois aucune raison qu'on vive comme s'il ne s'était pas produit.

 

[Lilodo]

Après on a toute notre façon de se reconstruire suite à ce traumatisme. Cela m'étant arrivée à l'adolescence, je m'étais déjà construite en grande partie en amont .. d'où mon souhait de retrouver cette personne que j'étais avant.
C'est pour ça que je demandais ce que les madz' entendaient par s'être remise ... car on ne s'en remet jamais vraiment complément. Cela est et fera toujours parti de notre passé.

 

[mambomeplease]

Pour ma part, c'est vrai que comme ça a commencé très tôt (j'ai des souvenirs à partir de 3-4 ans) je n'ai pas de base solide, rien sur quoi me reposer et au final je suis très paumée, un peu dépressive jusqu'à avoir des idées noires parfois parce que j'ai beau être optimiste, je vois bien que ma vie reste très dure sur tous les plans. En tout cas un témoignage d'une personne qui aurait "triomphé" de ces événements, ce serait bien sûr génial mais comme l'a dit Lilodo on ne guérit jamais complètement de l'inceste. Et au final c'est peut-être ça le plus difficile à accepter : ça me rend super triste d'avoir eu une enfance horrible et je suis en colère des répercussions que cela a sur mon quotidien, un genre de double peine. Et puis je me dis que sans cela ma vie aurait pu être belle et ensoleillée.

 

[Lilodo]

Je pense que si tu as eu un début de vie difficile, cela ne veut pas pour autant dire qu'elle le restera
Ta vie finira un jour par être belle et ensoleillée ! Je te le souhaite de tout coeur, sincèrement.