DP @Kettricken je n'avais pas lu tes derniers messages quand j'ai commencé à taper le mien
Je pense que mettre une limite à la viabilité sans respirateur/couveuse est compliqué, parce que c'est souvent du cas par cas. L'an passé je me suis occupée d'un bébé né à 34+5 qui était gros pour son âge gestationnel et n'a pas eu besoin de passer par l'unité néonatale du tout. On le surveillait de près, et on a passé beaucoup de temps à exprimer du colostrum pour pouvoir le nourrir en plus des tétées parce qu'il fatiguait vite, mais il n'a pas eu besoin de quoi que ce soit de plus (je pense qu'il a été beaucoup aidé en terme de régulation de température par le fait d'être né en plein milieu de l'été pendant une vague de chaleur). À l'inverse, c'est déjà arrivé qu'après une césarienne à 37+5 pour demande maternelle (donc pas en travail, et sans aucune pathologie sous-jacente dans ce cas précis) un bébé doive être admis parce qu'il se "comportait" comme un préma, et a dû être intubé et passer quelques jours en unité néonatale.
Et sur ce qui est de "simplement" séparer un bébé viable du corps de la femme, je rejoins assez @Ocytocine. sur le fait que ça a un gros potentiel pour ne pas être simple du tout! Le plus rapide serait probablement une césarienne programmée, mais imposer une chirurgie majeure à quelqu'un + les risques + le temps de récupération pour le bénéfice d'un être dont la personne ne veut pas, ça me paraît très tendu. Un déclenchement, ça peut être très long et très douloureux, et plus tu tentes de le faire tôt, plus ça risque d'échouer. Et si on attend que la personne entre en travail spontané, on lui impose potentiellement des semaines supplémentaires de grossesse à devoir partager son corps, et on risque de se retrouver dans des situations compliquées si la personne ne veut pas coopérer pour sortir le bébé en bonne santé. On a eu un cas comme ça, une femme avec un historique très complexe (et très triste), qui n'avait pas pu avorter, mais ne voulait pas de cet enfant. À la fin de son accouchement, elle était à dilatation complète, le rythme cardiaque fetal partait doucement en sucette et elle refusait de pousser, refusait qu'on la touche, refusait de desserrer les jambes. Je n'aurais pas aimé être un.e des soignant.e.s dans cette chambre.
Et c'est typiquement ce genre d'histoires qui me fait me demander si ça vaut la peine d'avoir une limite pour l'avortement. J'ai l'impression qu'on est prêt à risquer la santé physique et mentale de la mère, qui se souviendra de ce qui s'est passé pour toujours pour la vie/la santé de l'enfant, qui lui n'est pas vraiment conscient de ce qui se passe à ce stade, et que c'est un calcul qui compte sur l'idée que la mère va se sacrifier, parce que concrètement, si la femme dont je parle plus haut avait continué à refuser qu'on la touche, etc., on se serait retrouvé avec quoi? Un bébé mort et une femme traumatisée ++, là où si elle avait pu avorter, on aurait eu un bébé mort et une femme peut-être moins traumatisée. Et au final on a eu un bébé vivant qui a dû passer des semaines en néonat avec des crises de manque et aura potentiellement des problèmes développementaux pour toujours, et une mère qui a dû être internée parce que sa santé mentale qui n'était déjà pas brillante a complètement implosé suite à la naissance.
Je pense que mettre une limite à la viabilité sans respirateur/couveuse est compliqué, parce que c'est souvent du cas par cas. L'an passé je me suis occupée d'un bébé né à 34+5 qui était gros pour son âge gestationnel et n'a pas eu besoin de passer par l'unité néonatale du tout. On le surveillait de près, et on a passé beaucoup de temps à exprimer du colostrum pour pouvoir le nourrir en plus des tétées parce qu'il fatiguait vite, mais il n'a pas eu besoin de quoi que ce soit de plus (je pense qu'il a été beaucoup aidé en terme de régulation de température par le fait d'être né en plein milieu de l'été pendant une vague de chaleur). À l'inverse, c'est déjà arrivé qu'après une césarienne à 37+5 pour demande maternelle (donc pas en travail, et sans aucune pathologie sous-jacente dans ce cas précis) un bébé doive être admis parce qu'il se "comportait" comme un préma, et a dû être intubé et passer quelques jours en unité néonatale.
Et sur ce qui est de "simplement" séparer un bébé viable du corps de la femme, je rejoins assez @Ocytocine. sur le fait que ça a un gros potentiel pour ne pas être simple du tout! Le plus rapide serait probablement une césarienne programmée, mais imposer une chirurgie majeure à quelqu'un + les risques + le temps de récupération pour le bénéfice d'un être dont la personne ne veut pas, ça me paraît très tendu. Un déclenchement, ça peut être très long et très douloureux, et plus tu tentes de le faire tôt, plus ça risque d'échouer. Et si on attend que la personne entre en travail spontané, on lui impose potentiellement des semaines supplémentaires de grossesse à devoir partager son corps, et on risque de se retrouver dans des situations compliquées si la personne ne veut pas coopérer pour sortir le bébé en bonne santé. On a eu un cas comme ça, une femme avec un historique très complexe (et très triste), qui n'avait pas pu avorter, mais ne voulait pas de cet enfant. À la fin de son accouchement, elle était à dilatation complète, le rythme cardiaque fetal partait doucement en sucette et elle refusait de pousser, refusait qu'on la touche, refusait de desserrer les jambes. Je n'aurais pas aimé être un.e des soignant.e.s dans cette chambre.
Et c'est typiquement ce genre d'histoires qui me fait me demander si ça vaut la peine d'avoir une limite pour l'avortement. J'ai l'impression qu'on est prêt à risquer la santé physique et mentale de la mère, qui se souviendra de ce qui s'est passé pour toujours pour la vie/la santé de l'enfant, qui lui n'est pas vraiment conscient de ce qui se passe à ce stade, et que c'est un calcul qui compte sur l'idée que la mère va se sacrifier, parce que concrètement, si la femme dont je parle plus haut avait continué à refuser qu'on la touche, etc., on se serait retrouvé avec quoi? Un bébé mort et une femme traumatisée ++, là où si elle avait pu avorter, on aurait eu un bébé mort et une femme peut-être moins traumatisée. Et au final on a eu un bébé vivant qui a dû passer des semaines en néonat avec des crises de manque et aura potentiellement des problèmes développementaux pour toujours, et une mère qui a dû être internée parce que sa santé mentale qui n'était déjà pas brillante a complètement implosé suite à la naissance.
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