En 2010, la lutte contre les violences faites aux femmes sera une priorité

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Pour le bracelet électronique encore faut-il que les femmes portent plainte et la maintiennent jusqu'au bout.
J'avais eu un cours sur les violences en P1, fait par un médecin légiste et il nous avait expliqué que globalement, sur X plaintes, il y en a très peu qui seront maintenues jusqu'au bout. Le souci majeur c'est quand même qu'en général les femmes quittent le domicile pour se réfugier chez des amis, dans des foyers d'accueil etc. alors que ce devrait être au conjoint violent de quitter le domicile. Et là je trouve l'idée du bracelet électronique intéressante.

Il nous avait aussi dit un truc qui est resté gravé à savoir "Mesdemoiselles, si un jour votre compagnon vous frappe, une fois ça peut arriver. A partir de la deuxième, barrez-vous tout de suite, parce que ça recommencera. Ça recommence toujours à partir de la deuxième." Et lorsqu'une fois, un de mes ex m'avait giflée, j'avais eu cette phrase qui m'était revenue et je lui avais dit que si jamais il recommençait, je porterai plainte et je le quitterai. Je l'ai quitté avant, pour d'autres raisons. Mais, avec mon expérience personnelle, je crois que oui, la prévention est essentielle. Il faut informer les femmes sur les comportements violents, comment les détecter, les signes d'alarme. Mais il faut aussi leur donner les moyens de répliquer légalement, sans perdre leur domicile, leur cocon de vie et d'habitudes.

Pourquoi ne parle-t-on pas des hommes battus? Cela existe pourtant, et à mon sens, un peu d'information et de prévention à ce sujet ne serait pas du luxe!
 
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Ca me choque ce qu'il vous a dit moi. Même une fois, ça ne peut pas arriver. En tout cas, c'est ce que j'ai intégré, et qu'on m'a répété, à toutes les sauces, partout. Je suis d'ailleurs contente de ne pas avoir eu ce discours là, sinon, j'aurais probablement fait un tollé général.

La première fois, c'est la fois de trop.

Edit : en Belgique (mais c'est relativement neuf) la loi a changé, et quand une femme est battue, ce n'est plus à elle de quitter le domicile conjugal mais à l'homme, je crois.
 
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Pour moi non plus, dans l'idée, même une fois ça ne passe pas. Mais maintenant que j'y pense, quand on est amoureuses, on ne serait pas toutes prêtes à pardonner un dérapage ? Je n'en sais rien, mais je me dis que peut-être que c'est bien à partir de la deuxième fois que c'est significatif.

J'étais un peu sceptique quant aux hommes battus, mais je suis tombée sur ce site et les quelques témoignages que j'ai lus me font vraiment de la peine. En plus de la douleur physique et morale et de la peur qu'ils ressentent, ces hommes parlent presque tous de leur sentiment de honte et de leur solitude. C'est sans doute encore plus difficile de se confier à ses proches quand on est un homme dont la femme est violente, et j'imagine que les flics, bourrus comme ils peuvent être, ne sont pas non plus des plus compréhensifs lorsqu'un de ces hommes se décide à porter plainte. Ca me fait vraiment de peine en fait, je suis toute retournée, et j'imagine la détresse de ces hommes dont personne ne parle.
 
25 Août 2006
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Je ne jugerai jamais une fille qui se fait battre et qui reste.
Dans un registre moins "extrême" j'ai vu une amie avec un caractère de battante, rester avec un mec pendant un an alors qu'il la traitait de "salope" et qu'il lui a craché un jour au visage.
J'ai une autre amie qui vit près d'un couple et qui chaque jour se demande si la nana ne va pas se prendre un poing dans la gueule. Tout l'immeuble sait que ça risque d'arriver (et si c'est le cas, le mec va vraiment halluciner en voyant les gens lui tomber dessus). Pour l'instant c'est "juste" des grosses colères mais un jour qui sait ?

Je ne sais absolument pas ce qu'il faut faire pour secouer ces femmes, je suis assez sceptique quant au bracelet électronique mais peut importe, tant que des choses sont tentées. Pour la prévention c'est pareil, on a beau dire "Je ne laisserai jamais personne me parler comme ça", c'est pas pour autant qu'une fois dans la situation, on arrive à gérer. C'est très dur de lutter contre la violence psychologique. C'est tellement facile de détruire quelqu'un.
 
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_lilou_;1300664 a dit :
Ca me choque ce qu'il vous a dit moi. Même une fois, ça ne peut pas arriver. En tout cas, c'est ce que j'ai intégré, et qu'on m'a répété, à toutes les sauces, partout. Je suis d'ailleurs contente de ne pas avoir eu ce discours là, sinon, j'aurais probablement fait un tollé général.

La première fois, c'est la fois de trop.


Lio.;1300838 a dit :
Pour moi non plus, dans l'idée, même une fois ça ne passe pas. Mais maintenant que j'y pense, quand on est amoureuses, on ne serait pas toutes prêtes à pardonner un dérapage ? Je n'en sais rien, mais je me dis que peut-être que c'est bien à partir de la deuxième fois que c'est significatif.

C'était une question de statistiques en fait. Dans le sens où, une fois ne se reproduit pas forcément. Par contre, à partir de la deuxième oui. Après, à chacun sa tolérance de la fois unique ou non. Il ne nous disait pas non plus de rester obligatoirement après la première fois, seulement à partir de la deuxième, il y a réellement danger, ce n'est plus un dérapage qui peut arriver. Je me dis qu'une femme réellement amoureuse, avec l'idée du Prince Charmant quelque part et l'espoir que ça change (parce qu'ils le disent) peut rester. Je conçois ce mécanisme de piège. Et je crois que la durée est importante à prendre en compte dans le sens où si les brimades verbales et physiques se répètent, cela fragilise d'autant plus la femme.

En ce moment en salles, il y a le documentaire "La domination Masculine". J'ai été le voir hier, et même s'il est assez décousu, il évoque les violences conjugales, le mécanisme qui se met en place doucement et le piège qui se referme. Et on a du mal à comprendre pourquoi, lorsqu'une des protagonistes du film raconte que les violences ont commencé après 4 mois de relation seulement, elle n'est pas partie. Mais il y a la promesse du "plus jamais", il y a le côté très gentil à côté, etc. Une autre protagoniste disait que ça avait commencé par des brimades verbales qui l'ont affaiblie, et lorsqu'elle s'est retrouvée enceinte, le mec s'est lâché, parce que son "devoir de mère" l'enchainait à son mari, elle était sous sa coupe, il avait un pouvoir sur elle. Et c'est justement sous cet éclairage de l'espèce de conditionnement, de l'habitude, qu'on arrive à comprendre pourquoi elles restent, pourquoi elles mettent autant de temps à réagir. Il ne les frappe pas tout le temps, et les moments où il est très gentil prennent le dessus sur ceux où il frappe, il y a l'espoir que ça s'arrange. Mais ça ne s'arrange pas.
Dans le documentaire, il y a également le témoignage d'un homme violent, il raconte sa prise de conscience, les efforts qu'il doit faire pour ne pas céder à la violence, comme quoi il a des "trucs" donnés en psychothérapie pour ne pas retomber là-dedans. Pour une fois, c'est pas mal d'avoir un homme violent qui se regarde le nombril sans trop de concession.
 
9 Mars 2008
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alouestriendenouveau.tumblr.com
Le bracelet ça peut être pas mal, mais je trouve que le bip bip devrait directement être signalé à une cellule policière. Bon, je suis bien d'accord qu'après ça va leur faire énormément de boulot. Mais laisser le choix à la victime d'appeler la police ou non, c'est dangereux. Je suis sûre que beaucoup se diront "Non, il ne recommencera pas, je vais quand même pas appeler la police" ou "Il risque de se venger plus tard si j'appelle la police", "je vais pas déranger la police", "j'ai envie de le revoir, après tout 10 min et après j'appele la police au pire" etc ... et au final l'efficacité du bracelet sera réduite voire inutile pour certains cas. Et puis ça ne reste qu'une solution en cas de récidive, encore faut-il que dans un premier temps la victime ait dénoncé son conjoint.

Je suis tout à fait d'accord pour les campagnes de pub, quitte à matraquer les médias avec ça, il faut qu'une femme quand elle sent que quelque chose est anormal, revoit dans sa tête toutes ces publicités et sache vers qui se tourner, et qu'elle a le droit de réagir, qu'il faut qu'elle le fasse.

Mais le problème c'est, comme vous l'avez dit pour la plupart, qu'une femme battue n'a pas forcément "envie" de dénoncer son conjoint. Soit parce qu'elle ne se rend pas compte, soit parce qu'elle l'aime et qu'elle n'a pas envie de le faire souffrir, soit parce qu'elle a honte de s'être laissé faire jusque là et se dit qu'il est trop tard, ou honte que ça lui arrive à elle plutôt qu'aux autres, etc ... Si les campagnes de pubs peuvent nous faire réfléchir là-dessus et faire évoluer les mentalités, ça serait bien.

Je n'imagine pas mon amour me frapper, mais si jamais ça m'arrivait je sais que je serai sans doute tenté, comme beaucoup de femmes battues, à me dire "non mais moi c'est différent", et j'espère que j'aurai la force d'esprit nécessaire et le soutien autour de moi pour réagir.
 
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AnonymousUser

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Ce documentaire, il passe dans quelles salles ? Parce qu'apparemment, je ne le trouve pas dans ma ville. A moins qu'il ne soit pas encore sorti ici..
 
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Néroli;1301364 a dit :
J'ai vu qu'il passait au Comoedia, il me tentait pas mal et ton message me donne encore plus envie d'y aller ! Surtout si on y voit le témoignage d'un homme violent (car, jusqu'ici, je n'ai encore entendu que des femmes en parler). Je vais essayer de programmer ça dans la semaine...

Oui, il passe au Comoedia à Lyon effectivement.
Par contre, il n'est pas uniquement axé sur les violences conjugales. Et une bonne partie du documentaire traite de la situation au Québec (qui aurait 20 ans d'avance en matière de féminisme sur les pays européens). En bref, il est intéressant, il amène à se poser des questions mais n'apporte pas forcément de réponses, certaines parties sont amenées comme un cheveu sur la soupe et ont donc du mal à faire sens rapidement. Ce qui est intéressant à observer, c'est aussi ce qui se passe dans la salle, les rires, et les soupirs d'indignation, les commentaires glissés à l'oreille du voisin.

_lilou_, il sort le 2 décembre en Belgique!

(je stoppe mon HS)
 
10 Mai 2008
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Je vais vous faire part de l'expérience que j'ai vécue. Tout d'abord, de façon brève j'ai 23 ans, je viens d'une famille de classe moyenne. j'ai rencontré un type il y a 3 ans, notre histoire a duré un an et demi à peu près. Je suis étonnée qu'aucune autre personne sur ce forum n'aie déjà témoigné de son vécu car en fait maintenant je me rend compte que c'est plus courant que ce qu'on croit.

Bien sur tout cela ne concerne que mon expérience il ne faut pas tout généraliser. Ma chance a été de partir vite, même si j'ai l'impression d'être restée très longtemps, je n'aurais jamais pu rester aussi longtemps que certaines femmes mariées (Des dizaines d'années), je pense que je me serais suicidée bien avant. Par contre pour moi il aurait été impensable d'avoir des enfants. Dans tous les cas ce qui est sur c'est que la mort, à plus long terme, aurait sans aucun doute été l'issue, que ce soit lui qui me tue ou moi même.
Les violences psychiques, les engueulades, les humiliations, etc. ont été extrêmement nombreuses, les violences physiques ont été plus rares (pas aussi régulières en tout cas) mais parfois graves.


Avant cette Histoire

A l'époque j'étais étudiante. Je devais avoir 19 ans. Ma formation me plaisait (d'ailleurs je la suis toujours, sans redoublements), je découvrais une nouvelle ville où je venais d'arriver (que je trouve toujours super, même si j'ai déménagé depuis). J'avais des économies, gagnées plus ou moins honnêtement.
A l'époque j'étais à fond dans ce que je faisais, les hommes étaient assez secondaires dans ma vie, je n'avais jamais eu d'histoire vraiment sérieuse. Et s'il m'arrivait d'avoir une histoire d'un soir, je me sauvais au petit matin, en vélo ou à pied. J'étaisassez féministe, bien que réservée. Je suis celle à qui on confie ses problèmes.

Une nuit j'ai entendu une fille se faire agresser sur mon pallier, j'ai fait comprendre au type que j'étais là, il s'est sauvé, je suis sortie avec un couteau, j'ai appelé la police et les pompiers (je suis choquée de voir que le couple d'en dessous ne sort qu'après et refuse d'utiliser son téléphone pour appeler! PS : Appeler les pompiers c'est gratuit!). Bref j'étais débrouillarde, indépendante.
Tout ça pour dire que moi aussi je me disais que je n'étais pas le genre de fille à qui ça arriverait
!!! D'ailleurs dès qu'un type m'ennuyait un peu je m'en allais.


La rencontre

Je l'ai rencontré par le biais de connaissances. Je faisais partie d'un Fanzine (magazine amateur) et lui était le meilleur ami d'enfance du couple à l'origine du Fanzine. Il était venu de loin pour l'anniversaire de son amie. Il était musicien et ça a un peu été le coup de foudre. Je précise que lui vient d'une famille assez riche, son père est le DRH d'une banque française (il est DRH de TOUTES ces banques donc il est plutôt aisé). Tout le monde l'adore, il est très sociable, c'est le type qui offre un pack de bières à un clochard devant le supermarché.


Les signes avant-coureurs

Il était un peu envahissant mais très amoureux, au départ c'était de la passion, puis c'est une relation plus complice (et aussi plus fusionnelle) qui s'est installée. Il m'a raconté son enfance difficile (enfant battu par son père et ses frères - entre autres - je ne veux pas insinuer que c'est la cause, mais ça a du jouer) et moi la mienne (qui est aussi difficile par endroits, je lui ai aussi confié des choses dont j'avais honte, des moments de solitude).
Le truc qui est vraiment différent par rapport aux histoires qu'on entend souvent, c'est que c'est lui qui était "dépendant". Il a quitté sa ville pour venir me rejoindre et donc me sentant un peu coupable, je lui ai proposé de venir chez moi le temps de trouver un appart, parfois je lui achetais des clopes, le temps qu'il trouve un boulot (aujourd'hui je me dis qu'il ne devait pas non plus avoir de travail chez lui non plus). Il m'appelait souvent, je n'avais pas l'habitude, mais il avait l'air très amoureux, j'étais tout pour lui. Il voulait tout partager. A ce moment là, j'étais encore assez détachée.


Le début de la relation "sérieuse"

Au bout de quelques mois ensemble, il prenait un peu mal que je lui demande finalement de trouver un appart, il voyait ça comme une sorte de régression dans notre relation. Et il avait l'art et la manière d'être convaincant (successivement blessé, puis énervé, puis désolé, puis peur de me perdre... + il ne lâchais jamais rien, mine de rien, les discussions duraient longtemps, il reprenait mes mots pour les interpréter...).
Nos engueulades commençaient à être sérieuses (enfin de son côté il criait beaucoup), j'étais déstabilisée et souvent je partais de chez moi (mais c'était apparemment une faiblesse de ma part "arrête de fuir tes problèmes!" aujourd'hui je sais que quand on fuit c'est qu'il y a une bonne raison et qu'on a peur, mais j'ignorais à ce moment que j'avais peur). Il n'aimait pas trop que je le contrarie, même s'il s'agissait juste de la vaisselle que j'avais faite alors qu'il avait promis de s'en occuper.

Quand il trouvait enfin un travail, il ne le gardait pas longtemps, mais selon ses calculs, de toute façon, avec ce travail il était plutôt perdant. Pourtant il était très sociable, les gens aimaient travailler avec lui, les filles le trouvaient séduisant, il faisait du chiffre...
Finalement on a emménagé dans un appartement bien plus grand (au dessus de nos- ou plutôt mes - moyens).
 
10 Mai 2008
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L'entrée en enfer

A partir de ce moment là j'ai toujours été en dette vis-à-vis de mes parents, il ne travaillait toujours pas et avait du mal à payer sa part du loyer. Il dépensait beaucoup en drogue. Je ne sais plus comment on en est arrivé là mais il connaissait tout de moi, y compris mon code de carte bancaire. Il y était arrivé, on partageais tout.
Notre relation était assez conflictuelle, mais j'avais (encore) dans l'idée qu'un couple, ça se travaille, qu'il y a des hauts et des bas et qu'il faut faire des concessions (malheureusement je ne fuyais plus).

Petit à petit, je cédais de plus en plus à ses colères, et profitais des instants calmes, je ne ramenais surtout pas les problèmes de peur de revenir à une énième engueulade qui durerait des heures et finirait par des excuses de ma part pour qu'on en finisse.
Je lui cachais des choses anodines pour éviter les disputes mais s'ils les découvraient il devenait dingue et ça lui donnait des arguments pour ne pas me faire confiance.

Il se permettait de dire de plus en plus de choses à mon sujet, des choses blessantes, des choses qui peuvent paraitre vraies, un point de vue, des choses qu'un proche peut dire, mais qu'en général il pondère ou enrobe pour faire passer la pilule. Il était "franc", c'était "pour m'aider à accepter et à avancer". Je "me mentais à moi même", j'étais "compliquée", je "réfléchissais trop", j'avais été "une salope à une période de ma vie", une allumeuse", je ne "savais pas prendre de décisions", j'étais "une gamine" et il me culpabilisais sur beaucoup de choses, même vis à vis de mes parents et aussi au niveau du sexe, pour que je satisfasse ses désirs.

Ça ne le dérangeait plus de faire des esclandres, il m'humiliait en public. M'attrapait par le coup au supermarché pour me faire rentrer, me hurlait dessus dans le Tram, il balançait des trucs contre les murs...Il faisait de grands geste devant moi pour m'impressionner, et quand je sursautais il disait "tu crois que je vais te frapper, et c'est ça qui m'énerve le plus".
Je ne savais pas quoi répondre ni quoi faire pour le calmer, il était capable de tout. En plus il avait un côté suicidaire, quand je voulais m'en aller il me menaçait, et il ne plaisantait pas. Il s'est cassé une main puis plus tard un pied sous mes yeux. Je voyais bien qu'on souffrait tous les deux, je devenais suicidaire. Il m'imposait sa souffrance et me disait que j'étais la seule chose qui l'aidait à survivre.


Le puits sans fond


Au bout d'un moment je vivais dans une peur constante, peur qu'il s'énerve puis peur qu'il soit en furie.
J'avais des travaux de groupe en cours mais dès que je lui parlais d'une fille ou d'un garçon il devenait fou. Je ne savais plus quoi faire. Finalement je n'ai plus eu de contact avec le monde, même plus avec les personnes par le biais de qui on s'était rencontrés. Même le psy que je commençais à voir pour régler "mes" problèmes était vu comme une infidélité.

Quand on s'engueulait, il fermait les portes à clef, je n'avais plus le droit de sortir de chez moi, j'étais séquestrée. Quand des gens venaient je m'enfermais moi même dans ma chambre parce que j'avais peur d'avoir un comportement qui lui déplairait et le mettrait en colère, ou peur qu'il m'humilie devant eux, peur de fondre en larmes, de craquer pour une connerie, c'était dur de mentir, mentalement j'étais devenue une serpillère.

L'été c'était moi qui travaillais, Je faisais des heures de fou, je faisais des heures de trajet aussi, y compris entre midi et deux, parce que monsieur voulait me voir, mais jamais une fois il ne m'a fait à manger, et parfois je devais aussi le satisfaire sexuellement avec mes dix minutes restantes, et gare à moi si je ne faisais pas ça bien. Au lit je me laissais faire. Une fois j'ai essayé de dire non, il a tenté de me forcer, je me suis débattue. Mais j'avais peur de ce qu'il me ferait si je fuyais ou si je l'accusais. Il m'avait appris à le craindre. J'étais son esclave sur tous les plans.

Je ne me maquillais plus, j'étais "habillée comme un sac" tellement je craignais qu'un homme, même un ami pose les yeux sur moi ou m'adresse la parole, ce qui aurait été perçu comme une faute.

On vivait dans une saleté indescriptible, j'avais honte que ses amis viennent.
Une pièce entière de l'appartement était consacrée à une culture de Cannabis (il y avait de la moquette au sol! je le laissais faire car j'avais l'impression que ça le calmait, comme je le regrette!!!) et je ne savais pas quoi dire à mes parents pour les empêcher de venir tant j'avais honte de tout ça et de l'argent qu'ils me donnaient et qu'il dilapidait.
Tout était devenu prétexte à me hurler dessus, je n'étais pas venir l'accueillir à la porte, mon opinion sur Segolène Royale, le type d'en bas qui m'avais adressé la parole, je n'osais plus m'exprimer sur aucun sujet... Quand je lui parle de mes études, il me contredit, me prouve par A+B le contraire de ce que j'ai appris, il crie encore, et dit que je veux l'humilier. Il avait exploité toutes les choses dont j'avais honte contre moi.

La violence physique est vraiment arrivée au milieu de tout ça, pendant une engueulade, ma tête a cogné le carrelage. Une fois il a pris un couteau et me l'as mis sous la gorge, puis me l'a donné en criant "tue moi". Une autre fois je me suis retrouvée avec un coquard "mais c'était de ma faute parce que j'avais du me le donner moi même en essayant de me protéger alors qu'il essayait de m'étrangler". Il avait essayé plusieurs fois. C'était ridicule, il était évident qu'il avait un problème mais à ce stade je n'essayais même pas de nier ou de contredire, ou de dire les choses telles qu'elles étaient, car je sentais vraiment qu'on était à un fil de ce qu'il me tue. Et c'était ça l'enfer, je savais qu'il allait me tuer, tout le temps.
 
10 Mai 2008
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La solitude

Mais je ne disais rien, et même je le consolais. Car la violence en face fait peur. Je voulais me suicider, me jeter par la fenêtre, j'avais des pulsions de mort, mais sa violence était bien plus effrayante.

Ce qui m'a toujours étonné c'est que ni les quatre garçons d'en dessous, ni la vielle d'en face, n'aient jamais appelé les flics pour tapage nocturne ou diurne, tant il me hurlait dessus, sans compter les coups dans les murs, les objets qui volaient dans la pièce.
Personne dans nos amis communs ne s'est demandé d'où venait ce revirement soudain de personnalité. Une fois il m'a houspillée dans la cage d'escalier avant de frapper à la porte de chez un ami, il hurlait. Tout le monde dans l'immeuble a du nous entendre, personne n'est sorti, pas même cet ami qui aurait du reconnaitre sa voix, et peut-être croire à une bataille.

J'avais toujours les larmes aux yeux, prête à craquer, je ne disais rien, enfermée dans la peur et la menace. Il n'aurait pas fallu me questionner beaucoup pour que je déballe tout et que je fonde en larmes. Mais personne ne m'a jamais rien demandé, mes anciens amis ont vite arrêté d'appeler.
Je me souviens qu'un de nos amis en communs me donnait un cours de maths, j'avais ce coquard, maigrement maquillé de fond de teint. Mon ex était là, à côté (il avait peur que je le drague ou le contraire). Je suppliais du regard ce type de me demander ce qu'il m'était arrivé, oui j'aurais menti, mais il l'aurait vu. Je le suppliais de me donner une clef de sortie. Mais il n'a rien vu ou a feint de ne rien voir.

A ce stade de la relation je voulais porter plainte, mais j'avais peur qu'il le sache je ne savais pas où aller. Mais surtout, si j'avais été ne serait-ce qu'une minute en retard en rentrant de la fac, il l'aurait remarqué, j'avais très peur de ça.
Je pense qu'il aurait suffit d'une personne pour que je change d'avis, d'une discussion, d'un conseil, d'une seule aide.


La fin

Un jour au mois de mai, il me voit réviser avant un exam, il trouve que je passe déjà bien trop de temps sur mes révisions, et trouve que je risque plus de m'embrouiller l'esprit qu'autre chose en faisant ça. Il a failli m'empêcher d'y aller, je réussi à le calmer, j'arrive en pleurs à mon examen. Là je décide que je risque vraiment de perdre la dernière chose qui compte pour moi, moi qui n'avais plus ni de dignité ni d'intimité. C'est un peu mon "enfant", la partie de moi que je veux protéger.

Finalement vers la fin de mes exams, on s'engueule au téléphone pour un motif quelconque, je lui fais comprendre que c'est trop. Sur un coup de tête et affolée, je prends mon classeur de révision sous le bras, je ne prends même pas le temps de chercher ma carte bancaire, j'ai trop peur qu"il me rattrape.

Je fuis enfin, je ne sais pas où. Je vais passer des nuits dans des bâtiments publics (hôpital ou gare par exemple mais les vigiles vous repèrent assez vite).
Je me décide enfin à appeler ma mère pour lui dire que j'ai rompu, je ne lui dis qu'à demi-mots que la situation est catastrophique. Ellle me propose de venir me chercher (à 600km), et c'est très dur pour moi, parce que j'ai l'impression qu'avec elle je n'ai été qu'un boulet surtout au niveau financier, et parce que j'ai honte d'en être arrivée là, de ne pas avoir assuré, de ne pas m'être débrouillée seule, d'avoir échoué d'une manière générale, plus elle me proposait de l'aide plus je me sentais comme une incapable.

On est allées chez moi récupérer des affaires, mais honnêtement, j'avais peur que de folie, il s'en prenne à ma mère physiquement.
En arrivant, toutes mes affaires sont déjà dans des sacs (façon de me culpabiliser encore), il me dit qu'il va partir très loin qu'il ne supporte plus la société, qu'il s'en fiche d'être pauvre, de mourir...
Je pars mais je suis une épave.


Juste après

Je ne me sens plus vraiment humaine, j'ai l'impression latente depuis plusieurs mois à présent que je suis décédée depuis longtemps. Je ne vis plus je sous-vis. Je pleure pour tout et je me fais sérieusement pitié. Je me sens sale aussi, j'ai l'impression qu'il est en moi, j'ai l'impression d'être une marionnette commandée à distance. Je le sens encore dans ma tête et dans mon corps.

Personne dans nos anciens amis ne reprend contact avec moi. Il est leur héros, comme depuis le début, et je suis l'horrible personne qui l'a abandonnée.
Ma mère n'a peut-être pas compris la gravité de la situation et m'oblige à travailler dès mon retour chez elle. Pourtant aujourd'hui je me dis que c'est ce qui m'a permis de ne pas perdre pied à mon retour.
C'est dur car je fais des efforts immenses pour avoir l'air normale au travail. Quand je n'ai pas envie de me mêler aux autres et qu'ils me regardent bizarrement j'ai besoin de me justifier mais je me vois mal leur balancer tout ça pendant la pause, je pense que je passerais pour une folle. Mais à l'intérieur de moi je hurle toute cette histoire et demande pardon.

Lui continue à me contacter, me demande de l'argent. Un jour je l'entend dire "attend bébé" au téléphone à une fille (comme s'il ne l'avait pas fait exprès), je lui dis que je suis contente pour lui mais je pense que j'aimerais vraiment prévenir cette fille. Quand je lui dis que je vois à nouveau un psy, il me sort légèrement hautain "c'est bien que tu essaies de régler tes problèmes".

Je change plusieurs fois de numéro de téléphone. J'essaie de couper les ponts définitivement mais j'ai beaucoup de mal il me retrouve toujours (il travaillait dans la téléphonie), il y a le problème de l'appartement à régler, il trouve toujours une raison et me culpabilise, mais je me sens plus en sécurité, à cette distance (bien que j'ai peur de l'énerver assez pour qu'il vienne me retrouver). Tout ça me dissuade de porter plainte, je veux juste que tout ça se finisse et qu'il me lâche enfin, je n'en peux plus!!!
 
10 Mai 2008
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Les années suivantes

J'avais eu mon année de fac (je pense que c'est ce à quoi je me suis accrochée à l'époque) et je continue encore.
J'arrive enfin à avoir un réseau social, je parle à des gens mais je n'ai pas d'amis. Je n'ai parlé à personne de ce qui m'est arrivé. Je ne vois plus mes anciens amis et quand je les voie, je m'imagine mal en train de leur déballer tout ça entre deux cafés, et puis les autres ont aussi vécu leurs problèmes dont ils veulent me parler.

J'ai peur très souvent des gens, j'ai peur quand il y a du monde dans la rue, j'ai l'impression d'avoir perdu la barrière, la défense minimale qu'on a vis à vis des autres. Cette barrière est invisible et on en est conscient que quand on l'a perdu. Mais c'est comme si n'importe qui pouvait m'attaquer et plonger en moi à tout moment.

Je reçois encore des mails de temps en temps et quand je met en vente la bague de fiançailles qu'il m'avait offerte un jour pour s'excuser (bague payée avec MA carte bancaire) sur un site quelconque il me recontacte direct à ce sujet, je le soupçonne sérieusement de m'espionner (via l'ordinateur). Je ne répond malgré tout à aucun de ses mails, j'ai trop peur de l'attiser ou qu'il voie dans cette réponse un signe que j'accepte de lui reparler. Je me sens impuissante et j'ai vraiment envie de l'insulter, mais ma stratégie, à long terme, me parait plus raisonnable, j'ai l'impression que si je lui parle, on va retomber dans des discussions sans fin, stériles ou il me domine et où j'abdique. Alors je laisse tomber, frustrée et méfiante.

Un jour je revoie une des filles qui était dans le Fanzine sur un réseau, je la contacte pour lui demander des nouvelles, je veux savoir ce qu'il leur a dit. Le lendemain, il prend contact avec moi sur ce même réseau. J'en déduis qu'ils sont toujours amis et imagine facilement le discours qu'il leur a servis. Je me désinscris du réseau.

Bizarrement ce n'est pas immédiatement que la peur des hommes m'est apparu, mais plus tard, quand j'ai arrêté d'avoir vraiment peur de lui. J'ai peur du viol et dès qu'un homme me suit dans la rue j'envisage cet acte, ça m'arrive même avec des proches.
Pendant longtemps j'ai eu très peur de sortir le soir, d'ailleurs je ne sortais pas. Personne, même pas l'homme que j'ai rencontré ensuite n'avait le droit d'entrer dans mon appartement (il a attendu 8 mois avant de pouvoir). Mes amis non plus, une fois j'ai cédé pour une vieille amie que je n'avais pas vu depuis des lustres, mais elle était lesbienne et ivre, elle m'a dragué comme un homme dans le lit et je l'ai vraiment très mal vécu.
J'ai commencé une thérapie et ai rencontré un homme donc. Inutile de dire que notre vie sexuelle est très difficile. Il est le seul que j'accepte.


Aujourd'hui

Je n'ai toujours pas envie d'avoir d'amis. Je me sens toujours un peu plus faible qu'avant de le rencontrer. Je continue ma thérapie.
Je pense encore à lui bien plus que ce que j'aimerais. Je me surprend à lui répondre mentalement dans le bus, sous la douche. La plupart du temps je lui dit ce que je n'ai pas pu lui dire pendant nos disputes, etc...Mais ça se réduit.

Je regrette de ne pas avoir porté plainte maintenant que je n'ai plus de preuves (mais je pense que si quelqu'un m'avait proposé de le faire, je l'aurais fait). Pas pour qu'il paye, mais pour que je le vois se plier à une loi, à une autorité supérieure. Pour qu'il ne soit plus ce géant dans ma tête, ce dieu invincible, immortel. Je pense aussi à la fille avec qui il est peut-être. Je pense même à aller porter plainte aujourd'hui même si ça n'a plus vraiment de sens, au cas où.

J'ai toujours peur des hommes et de la foule. Très peu de monde sait ce qui m'est arrivé.
Il y a encore des choses que je n'ose pas dire ici, des choses qu'il a faites ou qu'il m'a fait faire, qui me font honte et me font sentir tellement idiote.
Je m'en rend compte en écrivant tout cela.

Je crois que ça aurait pu être bien plus grave. J'ai encore du mal à saisir totalement pourquoi je suis restée si longtemps, mais je me souviens surtout qu'avant même qu'il ne commence à hurler pendant nos disputes, je me sentais perdue, affaiblie, et ce sentiment s'est vite intensifié. Il y a aussi tout ce chantage affectif, on se sent vite impliqué, et comme il vous implore de l'aider, c'est difficile de partir, je lui ai dit plusieurs fois qu'on devrait être amis et il faisait mine d'accepter un moment mais en contrepartie il me demandait de rester dans l'appart, etc. Le fait d'être seul a aussi beaucoup joué.

Le point sur lequel je voudrais mettre l'accent justement, c'est qu'on a pas à faire à un homme violent en premier lieu, ça n'est pas un boucher. C'est un pervers social, aujourd'hui la loi Française avance dans ce sens, et c'est ça le progrès. Parce que jusqu'à aujourd'hui, un conjoint qui vous traite comme de la merde, sans vous frapper, c'est légal. Un mec qui vous fait une réputation de pute auprès de vos proches ou dans votre quartier ou qui vous séquestre (dans votre appartement commun), c'est légal c'est une dispute de couple. Un mec qui vous harcèle chez vous c'est légal (ça n'est illégal que quand il vient sur votre lieu de travail). Or ce que vous font ces types relève de LA PATHOLOGIE.

Et peut-être que si on mettait en avant la définition de pervers social, on comprendrait mieux ce cheminement vicieux qui consiste à vous mettre sous sa coupe de façon insidieuse et AUX YEUX DE TOUS. Ces personnes sont très intelligentes et très calculatrices, ce sont des manipulateurs, pas juste des gros bourrins. Quand on veut partir, on s'est déjà fait avoir depuis trèèèès longtemps.
Et d'ailleurs des tas de couples subissent ce genre de pervers social, sans forcément qu'ils passent à la violence, mais ça reste très grave.

Voilà j'espère que ça vous aide à comprendre en partie ou à imaginer de façon moins caricaturée ce qu'il se passe. Bien sur tout ceci ne s'applique pas qu'aux hommes violents, mais aux violences conjugales en général. Pardon pour ces longs posts, mais ça soulage d'en parler enfin, en totalité, pas juste à demi-mots. C'est une expérience très dure dont il est difficile de sortir seul. J'ai été bête mais je ne le souhaite à personne.
 

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