Je cuisine et je suis féministe (n'en déplaise aux esprits étriqués)

[bleizez]

@Y. Je suis en admiration devant tes posts. Tu as tellement tout compris...

Mon opinion sur la question de la cuisine : bien entendu, ce n'est pas mal d'être passionnée de cuisine et donc ravie d'être "celle qui cuisine"... c'est juste mal de laisser un macho en profiter, et là, pour le coup, en faire quelque chose de profondément sexiste.

Spoiler: Comment j'en suis venue à la cuisine - ce n'est pas l'essentiel du message

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Malheureusement (car une passion ne devrait jamais être entachée de mauvaises expériences qui te la souillent a posteriori), j'ai été dans ce cas d'être utilisée. J'ai été en ménage avec macho abusif, élevé dans la plus pure tradition rurale (celle qui sent bon les coups de ceinture pour les gosses et la femme aux fourneaux). Et toute à mon bonheur de continuer sur ma lancée jouissive de cuisiner toujours plus, toujours mieux, d'expérimenter toutes les cuisines, je n'ai pas réellement réalisé que sa manière de foutre les pieds sous la table trois fois par jour (oui, je cuisinais aussi le petit déj' car grosses journées de travail = petit déj' chaud plein de protéines), sans compliment ni merci, et de me laisser en prime la vaisselle parce que à nouveau, j'ai de l'expérience et je suis efficace... ben c'était du pur profitage - si si ça se dit... peut-être.

Bref, je suis bien heureuse que ça n'ait pas durablement entaché mon penchant pour la cuisine, parce que a posteriori c'est la pire manière de cuisiner pour quelqu'un, la seule à mon sens qui soit effectivement mal et anti-féministe.

Sortie de là, j'ai d'abord eu l'espèce de réflexe de préservation d'instaurer des systèmes équitables avec les gens avec qui je sortais. "Aujourd'hui tu viens chez moi et je te fais découvrir telle recette, le week-end prochain c'est moi qui viens et tu me fais goûter un truc que tu aimes cuisiner, le week-end suivant on choisit une recette et on la fait ensemble".
J'ai redécouvert la joie de mes premiers pas en cuisine, où tout le monde met la main à la pâte. J'ai eu la chance d'avoir sur cette période plusieurs amis et amoureux qui avaient envie de cuisiner avec moi et on se faisait souvent des ateliers cuisine où on prenaient plaisir à faire les courses ensemble, préparer ensemble et déguster ensemble... Le pied.

Et finalement j'ai rencontré mon homme. Il a mangé des pâtes pratiquement tous les soirs jusqu'à ce que j'arrive dans sa vie, et ça m'a un peu donné des airs de messie *aaaaalleluyah*
Il adore la bonne cuisine, incidemment il adore la mienne, et lui au moins il ne se prive pas pour le dire ! Mais surtout, il aime se sentir utile, apporter sa (de moins en moins, l'expérience venant) modeste contribution et hormis quand je le demande expressément, je ne me retrouve plus jamais à cuisiner seule pendant des heures : il fait le commis de cuisine avec joie et bonne humeur, accomplissant toutes les petites tâches à sa portée...
Et on est parfaitement compatibles en terme de goût, alors il est toujours emballé quand je décide d'attaquer une recette étrange venue de contrées méconnues... Et rien ne lui fait peur : les ateliers où on consacre toute l'aprèm à faire un menu complet de resto japonais pour tout s'enfiler tout seuls comme des goinfres, il en demande tous les mois

Bref (non pas vraiment hein) c'est un vrai BONHEUR et c'est gratifiant d'être "celle qui cuisine" dans ces circonstances... si seulement tout le monde pouvait le comprendre ! Car non, rien à faire, ma mère (et tant d'autres) continue à penser que pour une femme moderne ce n'est pas normal de consacrer deux heures au souper (si elle savait, parfois c'est tellement plus ! ), qu'être une "parfaite petite cuisinière" (pire : parfaite petite ménagère, car oui, j'aime entretenir ma maison), c'est anachronique !

Anachronique... genre bien manger c'est pas moderne. Je sais plus quoi dire face à ces convictions à la mords-moi-le-noeud. Encore heureux qu'elle ne m'a jamais vue dans mon ménage précédent, pour le coup d'un autre temps, parce que si même dans celui-ci elle pète un plomb...
Le plus énervant c'est qu'elle chouine pour que je vienne chez elle lui cuisiner ces petits plats qu'elle adore mais ne se donnera jamais la peine de réussir... ce que je fais avec plaisir, mais comment peut-on pousser la mauvaise foi jusqu'à claironner que c'est normal de cuisiner pour sa maman mais PAS pour son homme ?!?

 

[Luz-]

@bleizez je suis plutôt d'accord avec toi, ça dépend du contexte - si une femme qui aime cuisiner, cuisine pour toute la maisonnée sans passion et de manière à être exploitée, pour moi c'est du sexisme et c'est hyper malheureux de voir sa passion/ce que l'on aime, être utilisé comme ça - et le contexte est important je trouve. En tant que féministe, j'ai la haine quand je vois ma mère "obligée" de faire le souper/diner/course/le nettoyage parce que sinon personne ne le ferait.

Spoiler: Bout de vie

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Mais des fois je m'interroge sur mes loisirs dit "féminins" et mon rapport au féminisme, ce qui est totalement fou j'en conviens

 

[leyatte]

J'adore cuisiner, j'adore tester des recettes (j'en pioche souvent ici d'ailleurs!), j'ai adoré le livre de recettes que m'a offert ma mère-grand à Noël (à ma demande) (avec une balance super précise en prime) , j'adore manger, j'adore que mon homme qui rentre tard du boulot me dise "Ça fait tellement plaisir d'avoir un super bon plat après une journée de boulot" , j'adore inventer des plats qui ne sont pas toujours réussis mais que tout le monde mange poliment ... Et ça ne fait pas de moi une femme asservie. J'aime manger et 'aime faire plaisir aux autres à travers de la bouffe. Rien d'anti-féministe là dedans.

 

[agapanthe7]

Concernant le fait de cuisiner en tant que femme, je vois des injonctions et des critiques des hommes...mais aussi et surtout des femmes, notamment certaines féminisites qui sont, pour certaines, dans le rejet de tout ce qui est lié au foyer.
Ne pas mentionner cette double 'oppression" est dommage, car pour une fois que les critiques n'émanent pas que des hommes...

Et sinon, je cuisine parfois, j'aime ça, je ne me sens pas oppressée puisque c'est mon choix. point.
:-)

 

[Sadala]

C'est triste de de devoir faire un article pour dire que ô scoop tu peux cuisiner et être féminisme en même temps.

Moi qui me considère comme féministe j'aime apprendre la cuisine parce que savoir cuisiner des trucs sympas, c'est quand même la base du bonheur, non ? Bon faut dire moi je suis une morfale alors forcément c'est important pour moi :3...

Pour la couture ça me saoule mais j'ai appris les bases en auto didacte : savoir recoudre un trou, un bouton ou autres petits trucs je trouve ça indispensable.

Je suis incapable de bricoler quoi que ce soit et cela m'aurait été bien utile dans certaines situations... Je regrette que personne n'ait daigné me l'apprendre.

Je trouve qu'on devrait tous apprendre les bases pour pouvoir se débrouiller seul(e) pour coudre, cuisiner, bricoler et réparer...

 

[Sadala]

Concernant le fait de cuisiner en tant que femme, je vois des injonctions et des critiques des hommes...mais aussi et surtout des femmes, notamment certaines féminisites qui sont, pour certaines, dans le rejet de tout ce qui est lié au foyer.
:-)

Mouais tu as vécu ça ? Une féministe ne va pas critiquer quelqu'un sur sa passion de la cuisine..qu'elles ne veulent pas être au foyer est une chose et je le comprend totalement mais cela n'a rien à voir avec le fait d'aimer cuisiner et encore moins de critiquer celles qui aiment cela.
Rejeter les abrutis qui veulent cantonner les femmes "à la cuisine" ne veut pas dire qu'à titre individuel tu ne peux pas aimer ça bien au contraire.
D'autant plus que la cuisine c'est une pratique noble je trouve eh ouais : partage, convivialité tout ça...quelque soit le sexe du cuistot.

 

[agapanthe7]

Mouais tu as vécu ça ? Une féministe ne va pas critiquer quelqu'un sur sa passion de la cuisine..qu'elles ne veulent pas être au foyer est une chose et je le comprend totalement mais cela n'a rien à voir avec le fait d'aimer cuisiner et encore moins de critiquer celles qui aiment cela.
Rejeter les abrutis qui veulent cantonner les femmes "à la cuisine" ne veut pas dire qu'à titre individuel tu ne peux pas aimer ça bien au contraire.
D'autant plus que la cuisine c'est une pratique noble je trouve eh ouais : partage, convivialité tout ça...quelque soit le sexe du cuistot.

Euh si j'en parle c'est que, oui, je l'ai vécu...
Je ne vois pas ce qui est si fou dans ce que j'avance. Je ne parle pas de toutes les féministes, ni de tous les hommes. Je parle de ceux qui te jugent en estimant que tu es une parfaite femme au foyer, et qui estiment que toi au moins tu sais rester à ta place, et je parle des féministes qui rejettent celles qui ont choisi la vie de femme au foyer, et plus largement celles qui appliquent les tâches, même sporadiquement, de ladite ménagère. Ca existe (il suffit de lire le topic sur la demoiselle qui avait choisi de rester au foyer), bien que ça ne représente qu'une frange des féministes.

 

[Kara]

Aïe aïe aïe ! C'est la première fois que je commente sur un article de Madmoizelle que je suivais depuis bien longtemps (et que j'avais d'ailleurs arrêté de lire depuis le nouveau design du site et des articles de plus en plus répétitifs, du genre "10 choses que ..." écrites toujours par la même personne et concernant parfois des variations à l'infini d'un même sujet). Bon, mais ne soyons pas trop négatifs, Madmoizelle était, et est sûrement toujours, un site francophone comme il n'y en a pas beaucoup sur la toile et on le remercie et l'aime pour ça.

Revenons à l'article. Alors comment dire... il expose des choses tellement évidentes. Je suis à 100% d'accord avec le point de vue de la Madz et je la comprends totalement et je suis sûre que tout-e-s les féministes sont du même avis. Le problème de ce genre d'article selon moi c'est que par son existence même, il prête le flanc aux mauvaises interprétations des non féministes et leur sert d'argument. Combien de fois n'ai-je pas entendu de la part d'un homme chaque fois que je faisais référence au partage inégal des tâches et à la pression mise sur la femme pour nourrir sa famille ou son compagnon : "Oui mais certaines aiment cuisiner ! Pourquoi tu veux leur enlever ça ? " ? Chaque fois que je désigne un couple où c'est la femme qui fait la cuisine, et qui prépare tout un stock de nourriture pour son homme au cas où elle s'absente, le premier argument c'est : "Elle adore ça !" ou "Ce n'est pas par ce qu'on est pour l'égalité/féministe qu'on ne peut pas faire ce qui nous plaît. Je suis sûre que tes consoeurs pensent la même chose, tu es trop extrémiste." Ou encore: "Toutes mes ex faisaient ma cuisine, mon ménage et ma vaisselle mais c'est parce que ça leur faisait plaisir."

Alors on peut être féministe et adorer la cuisine, c'est l'évidence même. En plus, la cuisine c'est tellement vital par rapport à d'autres activités jugées féminines. Mais cette tendance que nous avons, nous les féministes, à le répéter tout le temps permet à d'autres de saisir la perche à tout moment et à nous clouer le bec pendant cet instant que l'on prend à réaliser qu'une de nos convictions vient d'être retournée contre nous.

Note: je n'ai pas encore lu les commentaires alors je m'excuse par avance si cela a déjà été dit.

 

[Y.]

@bleizez : merci C'est cool que l'expérience avec M. Macho ne t'ait pas dégoûtée de la cuisine ! Pour moi c'est vraiment la pire situation : se décarcasser à préparer des bonnes choses pour quelqu'un qui trouve ça tellement normal que même dire merci ça ne lui vient pas (et encore moins proposer de partager les tâches...). Là c'est sûr, c'est pas drôle !

Spoiler: Racontage de vie

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@Sadala : si si, des féministes qui mettent un point d'honneur à refuser de cuisiner et qui regardent de haut celles qui le font, il y en a... Dans mon expérience c'est pas forcément la même génération, mais j'en ai connu et je trouve ça bien déprimant parce que la cuisine C'EST LA VIE. (et le tricot aussi )(surtout devant un film de zombies après une bonne séance de muscu )(ma vie est formidable je sais)

 

[Luz-]

@Kara et @Sadala : il y a plusieurs types de féminisme et donc de féministes, et oui ils y a des féministes avec qui je m'entends pas du tout car nous ne sommes pas DU TOUT sur la même longueur d'onde, même si nous partageons certains points de vue généraux.
D'ailleurs c'est quelque chose d'assez connu dans ce que l'on peut appeler la troisième vague : certaines féministes (oui elles existent) considèrent que c'est ne pas être féministe que de se maquiller/s'épiler/cuisiner pour son copain/etc. Parfois certaines peuvent se considérer comme "+ féministe" car elles refusent de s'épiler (par exemple - je dis pas j'adore me laisser pousser les poils (en partie par flemme et parce que je les aime bien sisi) mais je n'ai jamais méprisé ou rabaissé le combat d'une féministe qui aimait s'épiler).
Je ne trouve pas que ça "dévalorise" le combat que de pointer du doigt que oui, comme partout dans les milieux militants il y a des gens avec qui ont est pas d'accord et comme dans tous les milieux militants il y a une critique a faire et que oui même dans les milieux militants il existe un manque de respect envers les autres (enfin c'est mon point de vue, je crois que l'autocritique est constructive).
Et pour le fait de donner des arguments à nos "opposants", c'est malheureusement une réalité mais ma manière de militer c'est de dire que la terre peuplée d'individu-e-s hétérogènes et que chacun-e peut se battre dans la même direction mais de façon différente, et de manière différente. Je crois qu'il ne faut pas "cacher" cette réalité là : oui dans les milieux militants y'a des gens dévalorisent ton combat. (bon après a dire vrai, j'ai souvent vu ça de la part des hommes féministes mais bon l'expérience personnelle ne fait pas la statistique).

Si j'ai pas bien compris vos messages 1000 excuses et si je suis pas trop compréhensible pareillement (je suis malade donc j'ai la tête toute raplapla).

 

[Su2534]

@MoniMa & @Olimeli J'ai toujours pensé qu'il faudrait une sorte de cours de vie pratique, sans distinction du genre : apprendre la base de la cuisine, du nettoyage, du jardinage, du bricolage, et surtout administratif (tu peux vite être largué entre les assurances, la mutuelle, les imports etc), et en gros ce qui peut être utile dès que l'ont vit seul.

 

[Andorinita]

@Suchada je suis tellement d'accord. Il faut arrêter de dévaluer ce genre de choses par rapport aux activités plus cérébrales et "prestigieuses" , comme les mathématiques : je sais dériver une fonction les doigts dans le nez, mais ça fait des mois que je veux planter sur mon balcon et j'ose pas me lancer
On pourrait aussi rajouter quelques cours de communication non violente !