Moi aussi je suis sensible à ce témoignage.
Comme cette Madz, et d'autre encore qui sont comme nous; j'ai perdu mon père très jeune: c'était il y a maintenant 11 ans, mais dans mon souvenir c'est hier et à la fois terriblement lointain....
j'avais 14 ans; et je n'ai pas eu le loisir de faire ma crise d'ado; j'ai dû grandir, car le destin en avait voulu ainsi pour moi.
je suis toujours frappée par l'incompréhension des gens: c'est mon père qui est mort, mais ce sont eux qui me fuient, comme si j'étais morte avec lui.
Mon père, ce martyr. enfant jumeau, il était le moins aimé des deux, dans une famille très machiste; il était le plus faible des deux aussi, le mort-né, revenu in extremis à la vie.
c'est celui qui est partir en vrille, à cause des mauvaises fréquentations.
c'est celui qui s'est drogué, et qui a, à cause de ça, attrapé le SIDA.
Mon père, qui a arrêté l'héroïne, et la drogue seul, mais qui a continué a fumer.
Mon père, qui a développé un cancer des poumons.
Mon père que je n'ai pas pu sauver: le SIDA le tuait à petit feu, et le cancer ne se guérit pas autrement qu'avec la Chimio thérapie, elle-même incompatible avec la déficience immunitaire de la séropositivité....
j'ai eu un gros choc un jour, en réalisant que je me souvenais de moins en moins de son image, et de son odeur (je suis qqun de très "olfactif" on va dire) je me suis mise à pleurer. et puis j'ai compris que ça faisait parti de ce foutu processus.
Je ne sais pas pour vous, mais pour moi, impossible de rêver de lui: enfin si, dans le rêve il est là, mais je ne peux pas le voir, ni le toucher; parfois je peux à peine l'entendre et distinguer une silhouette. c'est terriblement frustrant. et chaque fois je me réveille en pleurs ou à la limite.
Aujourd'hui, 11 ans plus tard, j'ai fait mon deuil; mais même si la vie continue, la douleur reste là.
elle est plus ou moins présente; mais insidieuse, elle se rappelle à toi trop souvent.
Je pense toujours à lui; parfois je rêve que j'aurai pu lui présenter mon mari; et j'aime imaginer sa réaction.
la fête des pères c'est bien. Mais les nous, nous n’oublierons pas les nôtres, parti souvent bien trop tôt.
grosses pensées à vous toutes; un peu d'amour et d'ondes positives dans ce monde de sauvages
Clare