Quand j'avais 17 ans, j'ai eu l'idée intelligente (ou non) d'inviter chez moi un étudiant de 19 ans. Après avoir refusé une première fois ses avances, il m'a embrassée sur la bouche et m'a serrée contre lui. Je tremblais, j'étais tétanisée, parce que je ne comprenais pas ce qui se passait, pourquoi il faisait ça, pourquoi à moi, moi qui n'était pas jolie, habillée simplement, jamais sortie avec un garçon et qui ne supportait pas d'avoir un contact physique avec eux.
Je l'ai repoussé physiquement, je lui ai dit que je me sentais pas bien. J'ai été à mon lavabo, j'étais pâle comme un linge, j'ai mis de l'eau sur mon visage, mais très vite ma tête s'est mise à tourner et je me suis écroulée sur mon lit. Il m'a demandé si j'allais bien. J'ai dit non. J'étais au bord de l'évanouissement. Allongée, sur mon lit, les yeux clos, le visage pâle. M'a-t-il aidée ? A-t-il appelé des secours ? Non.
Il a mis ses mains sous mes vêtements, il a touché mon corps avec ses mains sales et ses lèvres écoeurantes. Alors que j'étais presque inconsciente et que je lui avais plusieurs fois dit Non, quand il m'avait fait des avances. Que je l'avais repoussé physiquement quand il m'avait embrassée une première fois contre mon gré.
Après un gros effort pour reprendre mes esprits, j'ai fait la gentille pour qu'il parte de chez moi, parce que j'avais peur qu'il me fasse du mal. Je sentais qu'il était prêt à me violer, puisque ma perte de conscience ne semblait pas le perturber, et ça me faisait très peur.
Quand il est parti, je me suis lavé les dents et le corps, plusieurs fois. Je me sentais sale, je voulais m'arracher la peau, j'avais envie de vomir, et je pleurais.
Mais à l'époque, je n'ai pas trouvé d'oreilles attentives, et j'ai sombré moralement, de ne pas être crue et prise au sérieux.
Ce porc m'a fait passé pour une allumeuse, les gens au courant de l'histoire n'ont pas crus ma version, n'ont pas essayé de comprendre mon point de vue. Parce qu'il avait l'air "gentil", et moi j'étais très timide et réservée. Et puis lui il était fils de médecin, moi j'étais qu'une "cas-soc".
J'ai essayé d'expliquer ce qui s'était passé, pourquoi j'avais agi de la sorte, mais je n'ai été confrontée qu'à des réactions négatives : une remise en question de ma parole, une culpabilisation de mon comportement, "pourquoi tu l'as invité chez toi?", "Moi à ta place je l'aurais giflé", "mais finalement t'étais bien contente ?"(vu que j'étais jamais sortie avec un gars), "tu peux pas porter plainte, tu l'as invité chez toi, c'est de ta faute", "j'ai du mal à te croire..."
Aujourd'hui encore, j'ai le cœur brisé en repensant à ça. Et ce n'est qu'une des agressions auxquelles j'ai été confrontée dans ma vie, comme d'autres femmes. Et à chaque fois, les même attitudes, y compris de la part des policiers...
#MoiAussi