Si les prostituées optent pour le statut de travailleuses indépendantes, elles n’ont pas à composer avec un proxénète. Elles établissent alors un rapport contractuel avec un client. Elles doivent toujours obtenir un permis de travail, même si elles travaillent à domicile. Finalement, quel que soit le statut juridique des prostituées, elles doivent payer des impôts sur leurs revenus, comme n’importe quelle travailleuse et comme les propriétaires des bordels
40.
Les Pays-Bas ont opté pour la légalisation de la prostitution depuis octobre 2000. Les objectifs visés sont de combattre la prostitution forcée et la prostitution des mineurs, d’éliminer les pires situations d’abus et d’assurer des conditions de travail minimales aux prostituées en matière de sécurité et de santé. Les principales critiques adressées à ce type de législation ont trait à la création de deux types de prostituées : les légales et les autres. En effet, si certaines prostituées qui travaillent dans les bordels légaux ont vu leurs conditions de travail s’améliorer, la vaste majorité des prostituées ne se trouvent pas dans ces lieux, qui restent inaccessibles aux femmes qui ne se conforment pas aux obligations de la loi (examens médicaux et permis de travail). Celles qui ne détiennent pas de papiers d’identité en règle leur permettant d’obtenir le permis de travail nécessaire devront aussi se prostituer illégalement
. Une étude du Centre international de développement de politiques de migration indique que 80 % des prostituées des Pays-Bas ont été trafiquées et pratiquent donc dans l’illégalité.
Mais, par-dessus tout, la légalisation de la prostitution n’a pas diminué la stigmatisation sociale à leur égard. Le fait que les femmes qui se prostituent soient maintenant obligées de s’enregistrer et d’obtenir un permis les contraint à afficher publiquement une activité qu’elles exerçaient clandestinement auparavant et qu’elles n’ont pas nécessairement envie de faire connaître à tout le monde.