Merci beaucoup pour cet interview, je l'ai trouvée aussi touchante que bien menée.
J'ai une petite réserve par contre par apport au titre choisi et du coup par apport à ce qui est mis en exergue dans cet interview, l'idée selon laquelle que si on travaille on y arrive. On est vraiment pas loin (voire complètement dedans) du discours selon lequel quand on veut on peut. Ce discours qui tend à culpabiliser et à rendre responsable de leurs situations pèle-mèle les chomeuses qui ne trouvent pas de boulot, les pauvres qui n'arrivent pas à nouer les deux bouts, les étudiants qui n'arrivent pas à concilier petit boulot et études, bref tout ce discours néo-liberal qu'on nous bassine à longueur de journées et qui renvoie à la responsabilité individuelle, ce qui relève de la responsabilité collective et donc des politiques en premier lieu. Pendant qu'on tape sur le chômeur ou le pauvre qui n'a pas fait ce qu'il fallait pour réussir, on oublie les ravages du capitalisme, la paupérisation croissante des populations, la remise en question de l'État social (destruction de la sécurité sociale, diminution des aides aux logements, investissement insuffisant dans le secteur de la santé ou de l'éducation,...),...
Les dérives même de ce système apparaissent d'ailleurs dans l'interview quand Florence Porcel dit qu'elle ne s'est pas arrêtée , qu'elle n'a pas arrêté de travailler ces 10 dernières années et qu'elle ne peut pas vraiment s'arrêter puisqu'elle n'a pas droit au chômage, aux congés payés, etc. C'est pas normal qu'en ayant autant travaillé (et même si elle n'avait rien fait d'ailleurs), elle n'a droit à rien, aucun soutien de l'Etat. Si demain, elle n'est plus capable pour x ou y raisons de continuer à travailler à ce rythme, de continuer ses activités, qu'est-ce-qui va lui arriver? Et encore elle, elle a le bagage social si pas socio-économique que beaucoup n'ont pas pour rebondir...