Je suis assez d'accord avec le témoignage, le travail, en réalité, c'est pas drôle. Parce qu'on touche directement du doigt le chantage à la survie de la société néo-libérale : travaille et tu auras de quoi vivre et peut-être de quoi t'offrir un peu de répit. Ou refuse, et tu vas galérer, voire pire. (alors qu'avant on était protégé par le filtre de l'école, pour la plupart). En fonction du niveau d'études, du niveau social (réseau), on peut choisir (un peu, parfois, tant mieux, mais souvent c'est pas le cas) son travail. On découvre que le boulot c'est essentiellement des rapports de subordination, des inégalités salariale incompréhensibles/injustes. Des horaires de merde, pour un salaire insuffisant. C'est quoi, le bon salaire pour travailler de 9h30 à 18h30
tous les jours de la semaine (et encore, ça c'est une bonne pioche) ? Auquel on rajoute le temps de transport. Si on ajoute le temps de transport, c'est pas 9h30-18h30, c'est plutôt 8h30-19h30 de temps passé à assurer sa survie (là encore, avec de la chance, ça peut-être pire).
Sans pessimisme, et contrairement à d'autres (
@Sillysally si j'ai bien compris), je ne suis pas sûre que la génération actuelle soit particulièrement plus engagée que celle d'avant, ou plus décidée à "se trouver un but", quel qu'il soit. Ça dépend des moyens à disposition, du groupe social auquel on appartient, bref de pleins de choses. Je ne crois pas que le critère "âge" soit déterminant ici.
En fait cette idée qu'on serait une génération particulièrement différente ne me paraît pas fondée. Déjà parce que j'ai l'impression qu'on la rencontre à chaque génération. Beaucoup sont persuadés que leur génération est "spéciale" (j'ai pas d'exemples en tête là tout de suite, mais j'ai souvenir qu'il y a des livres, de toutes les époques, qui contiennent cette idée : beaucoup d'auteurs l'ont eu avant notre génération). De ce que je constate, y a des abrutis à chaque génération, j'ai pas vu de grandes différences entre générations sur ce point. Bref, là-dessus, je partage le point de vue de Brassens. Pour moi, les "ah les jeunes" et "rho les vieux", c'est la même chose, seul le point de vue change.
En revanche, c'est évident que le déclassement et la détérioration des conditions de vie, par rapport à nos parents et grands-parents, cause plus de soucis. Je ne sais pas si ça cause plus d'engagement, mais du négatif, très clairement. Donc peut-être que les genTes voient davantage qu'il y a un souci social, alors qu'avant c'était plus indirect, vu que la dégradation des conditions de vie ne touchait qu'une partie de la société, celle qu'on entend le moins (émigrés et ouvriers). Aujourd'hui ça touche tout le monde. Y compris les enfants de cadres, de la petite bourgeoisie. Le phénomène de captation est plus massif, donc ça dérange plus.