Merci pour ce témoignage, je me reconnais beaucoup dans le ressenti de l'auteure. Pendant mes cinq ans d'études supérieures, je n'ai pas eu besoin de travailler. Ma grand-mère est décédée pendant ma première année de fac et m'a laissé une somme suffisante pour ne pas avoir à prendre un job, d'autant plus que mes parents payaient mon loyer, comme ils le faisaient pour mes frères ainés. Cet argent, il était prévu pour ça, pour que je puisse vivre ma vie. N'empêche que je pleurais régulièrement quand je devais m'acheter un petit "extra" (un jean, ou une place de ciné) car je culpabilisais énormément. Je n'avais pas mérité cet argent, contrairement à certains camarades de promo qui jonglaient entre leurs études et leur boulot étudiant.
J'en étais même au point où je sautais régulièrement des repas pour ne pas trop dépenser, où je me privais de beaucoup de choses, alors que l'argent était sur mon compte en banque ! Encore aujourd'hui, j'ai l'impression de devoir me justifier auprès de certains potes, comme s'il fallait que je me flagelle d'avoir eu un soutien familial qu'eux n'ont pas eu, que ma grand-mère soit morte "au bon moment" pour moi.
Et ça continue, parce que j'ai beau être dans la vie active depuis plusieurs années, je ne gagne pas beaucoup d'argent et clairement, si mon conjoint me quitte demain, mon niveau de vie en pâtira. On en parle, il me rassure, plaisante en disant que quand ma carrière décollera, il deviendra papa au foyer et que c'est moi qui l'entretiendrai, mais il y a des fois où la culpabilité est trop forte.
J'ai donc cherché un moyen d'atténuer ce sentiment de culpabilité et depuis que je m'intéresse au zéro-déchet et à l'écologie, ça va mieux. Je consomme moins, donc je dépense moins, et je remets aussi en cause la place réelle de l'argent et de la valeur-travail, qu'on nous inculque dès notre plus jeune âge, dans ma vie. Si bien qu'on a tous les deux l'impression de vivre très bien (sans se priver, en pouvant partir en vacances une fois par an et autant de sorties entre potes qu'on veut ou presque) à deux + un chat sur un seul salaire (1900 €).
Si des madz ont d'autres stratégies pour réduire le poids de cette culpabilité, je prends