Sur la question du port de masque étendu à toute la population qui serait une méthode efficace de gestion de la crise, @MorganeGirly, est-ce que tu aurais des sources ?
J'ai effectivement trouvé des sources qui expliquent que par un port du masque généralisé, on aurait pu réduire progressivement le taux de contagion (qui est environ de 3 personnes contaminées par personne porteuse du virus), principalement parce qu'ils réduisent fortement les risques de transmission par gouttelettes lorsqu'on tousse ou éternue.
J'ai donné un lien dans un de mes messages :
https://www.lemonde.fr/internationa...te-la-consternation-en-asie_6033926_3210.html
J'ai lu ça ailleurs, mais je n'ai pas trop le temps de chercher.
Il ne s'agit pas de généraliser le masque à toute la population ou de l'utiliser comme unique méthode de gestion de la crise (par exemple, tu parles du lavage de main qui serait plus efficace, l'un n'exclut absolument pas l'autre!), mais c'est un outil très important dans la contagion.
En outre, je me rends compte dans les explications et les réactions des gens qu'on confond souvent les rôles du masque. En France, on a tendance à penser que le masque "n'est pas efficace" parce qu'il ne protège pas bien la personne qui le porte. On voit cet équipement comme une protection pour soi (c'est d'ailleurs la base des revendications des caissières, policiers etc. pour recevoir des masques : ils veulent se protéger eux-mêmes). Sauf que le rôle premier du masque dans plusieurs pays asiatiques n'est pas de te protéger des autres mais de ne pas les contaminer, et il est justement assez efficace pour éviter que son porteur ne contamine autrui. Donc certes, ça ne nous empêchera pas d'attraper le coronavirus, mais ça peut réduire nos chances de le transmettre si on est porteur sain.
Le fait que le gouvernement ne se préoccupe pas trop d'en donner aux gens qui sont encore en contact avec le public, ce n'est pas juste grave pour le droit de ces travailleurs mais aussi parce qu'ils sont très susceptibles de transmettre le virus à la population, et donc qu'il est un peu utopique d'imaginer circonscrire nettement l'épidémie si tous les jours, ces travailleurs sont face à des centaines de personnes sans barrière.
J'avais aussi lu que le masque était utile pour la contamination indirecte. Par exemple, comme tu portes un masque, tu vas être moins tentée de toucher ta bouche et ton nez inconsciemment puis de toucher des surfaces quand tu es à l'extérieur. Dans ce cas, s'obstiner à dire comme certains le font que les masques artisanaux sont inutiles me parait franchement étrange
J'ai l'impression que c'est plus pour justifier le manque de solutions alternatives!
Le sujet, c’est que les gens tendent à argumenter de la même manière devant toute personne faisant ce qu’ils pensent être une action à risque, en général être scandalisés, parler de la situation de merde des soignants et dire "RESTEZ CHEZ VOUS", alors qu’en fait il faudrait distinguer 2 catégories:
- La personne en face ne voit pas le problème à prendre des risques --> L’appel à l’émotion (supporté par des informations sur la situation actuelle bien sûr) peut être justifié. Elle pourrait en effet mieux se rendre compte des implications en voyant que les soignants ont la tête sous l’eau ou que ses proches pourraient être concernés.
- La personne en face voit très bien le problème à prendre des risques, mais vous pensez qu’elle en prenez et elle pense qu’elle n’en prend pas --> Inutile de partir dans des grands discours sur l’ampleur de la situation de crise. Il faut discuter de l’épidémiologie et essayer de voir si l’action est effectivement à risque ou non.
Je pense que plus la quarantaine va avancer, plus il y aura une nouvelle catégorie qui va se développer, c'est à dire les gens qui perdent de plus en plus l'espoir ou qui comprennent de moins en moins le sens de la quarantaine. On ne nous explique pas vraiment le plan d'action de ce confinement. On ne nous donne pas de délais (clairement, le gouvernement a commencé par parler de 15j qui pourraient s'arrêter plus tôt si ça allait mieux en sachant vraissemblablement qu'au contraire, ce serait allongé, un peu comme certains parents font pour faire passer la pilule aux enfants en disant "on ira à Disneyland dans 10 dodos" puis les 10 dodos sont toujours à 10 dodos une semaine après). On ne nous explique pas vraiment quelles sont nos perspectives en tant qu'humains qui ont besoin de sociabiliser. Du coup, je pense que les gens vont se décourager que les arguments de l'émotion ou du rationnel vont perdre en impact.
De mon côté, j'avais un projet de voyage à l'étranger donc le virus a commencé à bouleverser ma vie plusieurs jours avant l'annonce de la fermeture des écoles et du confinement puisque les frontières ont commencé à fermer avant, et les vols à être annulés. Le truc, c'est qu'à ce stade, je ne voyais pas vraiment les autres gens se sentir très impactés donc j'avais l'impression que ça bouleversait MA vie avant celle des autres. Puis, je suis partie à Londres où quoi qu'on en dise, les Anglais avaient l'air beaucoup, beaucoup plus conscients de l'impact du virus qu'à Paris. Donc j'ai réalisé que d'autres gens étaient impactés et j'étais plus dans cet état d'esprit quand je suis rentrée à Paris et que le confinement est arrivé. J'avais aussi eu un peu le temps d'accepter que ce que j'avais prévu pour ma vie n'arriverait pas, et je pense que j'étais donc un peu "prête".
Or, je vois que la plupart des gens passent un peu par le même processus que moi. Les premiers jours, ils sont dévastés parce qu'ils pensent que LEUR vie est plus impactée que celle des autres, car chacun a ses propres problèmes et humainement, nos propres problèmes sont la première chose qu'on voit. Progressivement, ils se rendent compte que tout le monde est dans le même bateau et passent par une phase de sentiment de solidarité collective où ils sont super volontaires pour respecter les règles. Puis, le désespoir revient car la situation ne s'améliore pas et qu'ils ne savent pas comment ça va se passer pour l'avenir. Je me demande si dans cette phase, on ne recommence pas à penser que la situation est pire pour nous que pour les autres, et ça nous pousse alors à franchir certains interdits.
Honnêtement, je pense que ce type de raisonnement va se multiplier au fur et à mesure que le confinement va durer, d'autant plus s'il continue à être un peu bête et méchant, sans chercher à tenir compte des limites psychologiques des gens. Je crois que le besoin de voir ses proches, de sociabiliser et de sortir va devenir trop fort et qu'il va progressivement dominer tout rationnel ou tout autre appel à l'émotion, surtout si on n'a aucun programme précis ou calendrier approximatif crédible.
C'est pour ça que je pense que si le confinement est vraiment la seule solution, alors il faut mieux l'organiser pour qu'il puisse être efficace et bien respecté, parce que pour l'instant, je ne suis pas sûre de sa persistance à long terme.
(D'ailleurs, encore une fois, l'équivalent de l'Assurance maladie anglaise poste régulièrement des articles sur la santé mentale depuis qu'ils introduisent les différentes phases de confinement en l'Angleterre, mais je n'ai pas du tout vu la Sécu française prendre ce point comme une priorité alors que c'est quand même clé pour maintenir le confinement sur la durée - après je l'ai peut-être raté, mais ça m'a marquée que l'Angleterre y pense et que je vois ce sujet peut abordé en France).