TW : si la gravité du covid est anxiogène pour toi, ne lis peut-être pas mon post
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Plus je lis ces débats sur les joggings, moins je comprends la notion d'"indispensable" j'ai l'impression.
J'en ai parlé à ma grand-mère (qui est vieille et a du mal à comprendre certaines subtilités langagières), et on a fini par s'accorder sur cette formulation un peu démagogique mais assez pratique : s'il y avait des bombes invisibles qui tombaient du ciel aléatoirement, est-ce qu'on sortirait pour faire telle activité ? Et on pèse le risque.
-> Mourir de faim ou
peut-être me prendre une bombe sur la tête ? Ok, je vais faire des courses.
-> Aller prendre l'air ou
peut-être me prendre une bombe sur la tête ? Ok, je vais peut-être pas aller écouter les oiseaux chanter.
On peut ajouter un niveau de complexité : au lieu de partir du principe que la bombe tombera
peut-être sur notre tête, on peut se dire que si on fait telle action, une autre bombe tombera
peut-être sur la tête du voisin.
Pendant la guerre (je vous avais dit qu'elle était vieille ?
), c'était un peu ça le dilemme. Et comme ça a duré longtemps, elle ne pouvait pas rester éternellement dans sa cave, la vie devait continuer, mais chaque acte consistait à voir si on prenait vraiment le risque de
peut-être avoir un gros souci, soi, sa famille, un inconnu (dans ce cas-là, tomber sur un soldat mal luné plus que des bombes).
On va me dire "oui mais c'est pas la guerre, c'est différent, je peux me protéger", et "oui mais on peut pas me rendre responsable de la mort du voisin c'est anxiogène et un peu exagéré" mais pourtant, à chaque acte que l'on pose, même l'acte le plus anodin, peu importe les précautions qu'on prend, sortir, c'est jouer à la loterie, et c'est impliquer quelqu'un d'autre dans la loterie par la même occasion. Et c'est toujours un "peut-être", parce que même si on se dit qu'on va croiser personne, que ci, que ça, en fait : on n'en est jamais vraiment sûrs.
Alors y'a des gens qui oui, entre peut-être la bombe et sortir, doivent choisir le jogging, parce que les conséquences de pas de jogging seront plus fortes qu'avoir peut-être une bombe sur la tête. J'en suis convaincue, je suis convaincue de l'importance de la santé mentale. Mais je doute fortement que ces personnes soient autant que les gens actuellement dehors.
Et on chipote, on chipote, parce qu'on pense toujours qu'on a le luxe de pouvoir le faire. Mais en fait : non, ce luxe, on ne l'a plus vraiment.
(c'est donc un avis personnel, je me considère pas comme la haute autorité sur le sujet, même si j'ai pas mis "je pense" ou "selon moi" au début de chaque phrase)
Edit : ah oui et évidemment je sais que la vie est un risque permanent, et j'ai pas envie de vivre pour me prémunir de tous les risques, parce que je vivrais pas des masses. Mais il me semble assez évident que la situation actuelle n'est pas la vie quotidienne qu'on connaît en règle générale