Je vous rejoins les madz du dessus sur les critères carrément "pédo" ou de vulnérabilité/fragilité du harcèlement de rue (même si je pense que ce ne sont pas les seuls).
J'ai été beaucoup harcelée jeune dans les transports notamment. A 14 ans, je me souviens qu'un mec était venu nous voir avec mes copines, et qu'il avait fait ouvertement un classement de beauté entre nous, puis qu'il avait répété en continu à une amie qu'il la trouvait trop belle, qu'il allait faire un rêve... Il avait genre cinquante ans. Je me souviens aussi d'un homme qui m'avait suivi pour me parler dans une librairie. D'un homme qui nous touchait les mains à mes copines et moi sur la barre du métro. Bref, j'en ai des tas. C'est crade.
Ca s'est arrêté quand mon attitude et mon corps ont changé. J'ai vieilli, pris du poids, mes fringues sont devenues plus "classes" et j'ai naturellement une bitchy resting face que je n'avais pas plus jeune. Il arrive que je me fasse vite fait """complimenter""" quand je m'habille un peu plus "dénudée" (mais vraiment, juste le débardeur quoi) mais surtout, je me fais souvent alpaguer si je rentre ivre, ce que je trouve carrément horrible. Comme je suis habillée en tenue de soirée et que je tangue sûrement un peu, des mecs viennent me voir et ne me lâchent pas la grappe. Alors que j'avais ma capuche et que je ne répondais pas sur plusieurs mètres, j'ai dû un jour me relever, regarder le mec droit dans les yeux et lui dire "est-ce que vous pouvez me laisser tranquille ?" pour qu'il me lâche. Je trouve ça si malsain, cette tentative de profiter de l'état d'alcoolémie d'une personne pour l'approcher, même si tous les signaux montrent qu'elle n'en a pas envie. Mais ces mecs s'en foutent, de déranger, ou même de faire peur (car ce mec qui ne me lâchait pas m'a vraiment fait peur).
Après, j'ai une copine très "canons de beauté" et surtout avec une attitude comment dire, séduisante (?), classe (?), bref une personne dont on dit qu'elle a beaucoup de charme (mais c'est quand même très difficile à expliquer concrètement), qui continue à se faire alpaguer à 30 ans passés. Je me souviens aussi à Paris d'avoir été assise à côté d'une fille à la gare qui s'était fait approcher par un "photographe" et qui avait répondu au photographe que c'était souvent que ça lui arrivait (je n'ose même pas imaginer la dose de prédateurs qu'il doit y avoir parmi ces gars là). Donc la beauté doit jouer aussi un rôle parmi d'autres.
Réfléchir à ces facteurs je trouve que ça aide bien à prendre conscience d'où le harcèlement de rue prend ses racines, de comment il fonctionne. Une fois j'avais lu quelqu'un dire que remarquer ces critères c'était culpabiliser les femmes, mais non, celui qui vicieusement se sert de la jeunesse, de la vulnérabilité, d'une position de force pour intimider, pour arriver à ses fins, c'est lui le con. Celui qui voit dans un débardeur ou une jupe une excuse pour aller donner son avis sur le physique d'une personne qui n'a rien demandé SANS MEME se demander ce que ça va provoquer chez elle, c'est lui le con. J'ai vieilli en étant terrifiée par la rue, en sororité avec mes amies avec qui je faisais des plans "on s'appelle en rentrant comme ça ça va dissuader de nous emmerder ?", j'ai même déjà chialé face à un mec qui ne voulait pas me lâcher... Mais tout ce que ça peut provoquer chez nous, ça ne les questionne pas à l'avance, ils le font quand même
Le pire c'est que je peux comprendre que certaines aiment les compliments de la rue... Mais toutes les autres subissent, et si on voit plus grand, on voit que ça s'imbrique dans un système plus malsain, pernicieux, aux relents pédo, et que tout comme les violences sexuelles ça concerne encore une fois le corps des femmes, l'image des femmes, la sexualité des femmes, et l'imposition des hommes sur celui-ci.
Globalement, le chiffre de 99% peut paraître fake dit comme ça, mais en réalité je n'arrive pas à envisager qu'il y a un plus de 1% de femmes à qui ce n'est JAMAIS arrivé. C'est arrivé à toutes les femmes que je connaisse bien, à toutes les femmes de ma famille. C'est ultra commun.