D'ailleurs tu utilises souvent le terme "gommer". Une opération est une opération, appellons un chat un chat : tu as eu recours à une rhinoplastie.
Sauf que non, pas du tout, ce n'est pas moi qui utilise le verbe gommer, j'ai juste repris le terme d'Ifri
. C'est bien pour ça d'ailleurs que c'est entre guillemets, tout du moins au début.
Et j'ai écrit noir sur blanc la phrase "j'ai été opérée". Donc je sais appeler un chat un chat
.
C'est assez déplaisant de me faire prendre pour une gamine incapable d'assumer son geste alors qu'en fait je n'ai même pas été lue correctement
.
Car
oui, je
sais que j'ai fait faire une rhinoplastie.
Avec septoplastie pour la cloison déviée, turbinectomie pour les l'hypertrophie des cornets inférieurs et spreader grafts pour le collapsus des valves. Donc je sais très bien ce que la chirurgienne a fait de mon nez, ne t'inquiète pas pour ça.
Et ne t'inquiète pas que la plupart des gens opérés le savent aussi, ils n'ont pas besoin qu'on leur explique ce qu'ils ont vécu vu qu'ils l'ont... vécu, c'est un peu logique
.
La consultation initiale, le rendez-vous pré-opératoire de confirmation, le formulaire de consentement de 4 pages à signer, la fiche de recommandations à suivre, l'odeur du bloc opératoire, la tête dans le sac après l'anesthésie, l'éventuelle gorge irritée après l'intubation, les médicaments à avaler, les nettoyages de cicatrice à effectuer, les crèmes à appliquer, les pansements à changer, les éventuels oedèmes, les éventuels hématomes, la gêne voire carrément la douleur (ça dépend des gens et de la zone opérée, certains ne sentiront rien, d'autres vont douiller pendant des semaines), le compte-rendu opératoire donné à la sortie, les rendez-vous de suivi post-opératoire, tout ça, on l'a vécu, donc on sait mieux que les gens non-opérés ce que ça implique, on n'a pas un bouton Reset qui nous a tout fait oublier
.
Il faut juste ne pas instaurer une norme ou la chirurgie est banalisée et ou c'est presque considéré comme de l'"hygiène". Tout le monde se fait opérer car c'est comme ça.
Je ne sais pas où tu vis mais, et j'ai beau habiter une grande ville, la chirurgie est loin d'être banalisée chez moi
. Non seulement la chirurgie n'est pas la norme mais parmi ceux qui y ont eu recours, beaucoup ne disent rien à cause des préjugés qu'on se prend très vite à la figure
.
Il ne faut pas confondre ce que font les célébrités des réseaux sociaux et de la télé avec ce que font les gens lambda dans la vie de tous les jours.
Je ne suis pas naïve, je sais qu'il y a eu une augmentation des opérations mais pas forcément parce que les gens sont plus cons qu'avant et qu'on a besoin de discours paternalistes. L'amélioration des techniques opératoires et la diminution des coûts, ça joue.
Pour les prothèses, merci mais je sais qu'il y a une dimension fonctionnelle, là n'est pas le propos. Mais si on admet que :
1. Ils sont toujours des êtres vivants en ayant recours au "plastique"
2. Il n'y a pas de sous-êtres humains, d'êtres humains moins vivants que d'autres
Alors ceux qui ont du "plastique" suite à une chirurgie (ce qui je le répète, n'est même pas systématique) sont des êtres vivants. Donc dire que la chirurgie gomment (et je répète: ce n'est PAS moi qui ai utilisé ce terme) ce qui fait de nous des êtres vivants n'a juste... aucun sens.
Imagine-toi 2 secondes en train de lire un texte qui dit que tu as fait quelque chose qui a retiré ce qui faisait de toi un
être vivant .
Autant, et ça aussi je l'ai dit mais apparemment y a besoin de le redire, je suis contre la banalisation de la chirurgie, et totalement contre la moindre publicité à destination des adolescents. N'importe quelle chirurgie esthétique doit être mûrement réfléchie, faite pour soi et pas pour les autres, auprès d'un praticien compétent sur le plan technique mais également à l'écoute.
Autant je ne comprends pas ce besoin récurent qu'ont les gens de nous faire culpabiliser et de nous infantiliser. Voire, parfois (et je ne parle pas spécialement d'ici, je parle en général), de nous mépriser.