@Peutwishia
Salut. Pas de soucis pour les questions et les maladresses. C'est normal de pas tout comprendre surtout que cette question là est assez complexe.
En fait, en sociologie (mais il y a plusieurs courant qui ne sont pas forcément en accord), on parle de sociabilisation primaire. La sociabilisation primaire existe bien mais le postulat qui est défendu par les personnes trans (en général car on est pas un groupe monolithique)
- c'est que le fait de passer d'une classe sociale privilégiée d'homme à une classe sociale opprimée de femme, fait perdre en privilèges assez rapidement. Meme en début de transition (je dirais même plus en début de transition quand il n'y a pas de passing car c'est la période où les femmes trans s'exposent le plus au risque d'agressions).
- cette perte de privilège, elle s'accompagne en règle général (parce qu'il y a des cons partout), par une deconstruction rapide quand les femmes trans sont exposées de pleins fouets au sexisme de la société : harcèlement de rue, agressions, injonction sur le corps féminin (qui peut pousser à surperformer un stéréotype de genre d'ailleurs ultra féminin pour se faire accepter). + la transphobie qui peut entraîner une perte d'emploi, une précarité.
- je prends l'exemple d'une connaissance trans qui, a fini sa transition pour elle, se retrouve confrontée au sexisme médical car elle est est errance de diagnostic totale suite à des douleurs articulaires. Il y a de forte chance qu'elle n'aurait pas vécu ça si elle n'avait pas transitionné.
- rappeler à une femme trans et accuser son agressivité d'être due à sa masculinité intérieur c'est de ce fait nier son identité de genre, niée aussi que les femmes cis peuvent être agressives (et oui c'est pas une caractéristique masculine), c'est aussi véhiculer des stéréotypes de genre qui ne sont pas prouvé (la femme douce, l'homme agressif).
- si on parle de sociabilisation primaire on peut en parler aussi pour nous, les hommes trans. Or le fait que j'ai vécu comme une femme cis 30 ans de ma vie ne fait pas disparaître certains privilèges de classe que je vais gagner si j'obtiens un passing (et ceux même en étant perçu comme un mec gay efféminé). Certains mecs trans performant d'ailleurs la masculinité toxique pour être accepté, malgré une sociabilisation dit féminine.
Si jamais ça t'intéresse, j'ai développé avec des ressources dans l'autre sujets qui parle des thérapies de conversion (dernière page, je suis sur portable, j'arrive pas à link le message). Notamment avec Emmanuel Beaubatie qui décrit la sociabilisation primaire dans son livre "transfuge de sexe".
En fait moi ce que je trouve dérangeant c'est de rappeler constamment aux femmes trans des qu'elles ont une attitude jugée masculine comme l'agressivité, parce qu'elles sont trans. Tout en critiquant d'un autre côté (critiques venant des TERF), qu'elles ont tendance à superformer la feminité (D'ailleurs bon nombre changent une fois un certain passing obtenu car car début de transition, ça peut-être vitale de passer assez rapidement comme une femme pour éviter les agressions dans l'espace publique). C'est paradoxale. Et je trouve ça essentialisant.
Je sais pas si ça aura bien répondu à ta question.
Ceci dit, je suis totalement d'accord avec toi que c'est un processus de deconstruction qui n'est pas fait par tout le monde, mais comme le reste de la population. C'est pas du qu'aux femmes trans. Il y a des personnes racisées racistes, des personnes trans transphobes, des homos homophobes, des handis validiste, des femmes sexiste, etc.
C'est juste qu'en général la chute de classe est tellement vertigineuse que ça pousse à se deconstruire vitesse grand V puisque qu'en on vit les oppressions de la classe qu'on rejoint, on est beaucoup plus facilement partisan à la lutte.
Cest comme moi, avant que j'assume ma transidentité, j'étais favorable aux TERF. Et puis j'ai compris que j'étais directement concerné et ça m'a deconstruit à grande vitesse pour le coup...