« On essaiera souvent de ridiculiser la personne qui demande des comptes […] L’agresseur crée rapidement une impression générale qu’il est injustement attaqué et que sa victime est, en fait, l’agresseur. Les rôles et responsabilités sont entièrement inversés […] L’agresseur est agressif et la personne qui tenterait de lui faire prendre ses responsabilités est mise sur la défensive. »
Attendez ça me rappelle quelqu'un...
Une certaine personne qui hurle à son partenaire qu'il est un bébé parce-qu'il se plaint qu'elle lui a cogné le visage.
Qui prend la peine de préciser "je ne t'ai pas cogné, je t'ai frappé" (ah bah ça va alors).
Qui déclare sous serment qu'à "chaque fois qu'il est blessé" il "dramatise".
Au passage une technique bien utilisé par les agresseurs: utilisé des termes vagues, éviter le "je", pour se distancier des faits: "il est blessé" est mieux que "je l'ai frappé", pourtant la question portait bien sur les violences conjugales.
(Notez le "à chaque fois" qui évoque une habitude)
Qui se plaint constamment à son partenaire que celui-ci s'"enfuis". Et lorsque son partenaire lui répond qu'il part parce-qu'elle l'a frappé, elle réplique:
"Je ne vais pas rentrer dans les détails de cette dispute. Toi et moi savons que tu t'enfuis même quand il n'y a pas de violence physique du tout. Et que tu le fais, admit-le au tout début des disputes en ce moment. Et si tu t'enfuis, et que tu vas dans une différente pièce mais que tu ne quitte pas vraiment cette maison, ça ne fait rien que continuer la dispute."
Ah pardon je savais pas que le plus gros problème d'un couple c'est que la personne qui est frappé choisi de partir temporairement. Naïvement je pensais que le problème était la personne violente. Et puis il abusait grave à partir même les fois où elle l'avait pas
encore frappé.
Notez au passage le "je ne vais pas rentrer dans les détails" un grand classique des agresseurs: leur violence est quelque chose d'anecdotique et ça vaut pas la peine d'en parler.
Idem pour le "continuer la dispute" qui est un euphémisme pour dire qu'elle tambourinait à la porte de la salle de bain pendant des heures et le frappait ensuite.
Notez aussi que le mec qui s' "enfuit" "au tout début des disputes", qui se plaignait qu'elle le violentait, va bizarrement revenir le gars qui la frappait constamment... On parle de DARVO non?
Alors on pourrait me dire que c'est sorti du contexte mais la discussion entière n'est pas mieux. Voici d'autres mots, issus de la même discussion, de cette pauvre
agresseuse victime:
"Je ne voulais pas dire en tant que personne. Je n'ai pas confiance dans le mariage, je n'ai pas confiance en toi. Je ne me sens pas en confiance car tu t'en échappes tout le temps. Je veux que la confiance revienne. Tu peux dévié le sujet comme tu veux et dire que c'est ma faute, que je devrais pas me mettre en colère contre toi. Peu importe. Je te le dis."
Donc elle "ne se sens pas en confiance car [il] s'échappe tout le temps". Et c'est lui qui "dévie le sujet" parce-qu'il lui dit partir à cause de coups qu'elle lui donne.
Je sens mes larmes monter (ah non pardon c'est du vomi).
Bon même si elle a absolument besoin qu'il arrête de "s'enfuir" elle va pas lui promettre d'arrêter de le frapper ou lui lancer des objets à la figure. Faut pas déconner non plus:
"
Je ne peux pas te promettre que je serais parfaite, je ne peux pas te promettre que je ne serait plus violente à l'avenir. Dieu, parfois je suis tellement furieuse que je perds le contrôle."
Me voilà rassurée.
Notez aussi le sous-entendu: ne pas être violente=être parfaite. On n'a pas vraiment la même notion d'être parfaite. Je pourrais dire que pour moi ne pas être violente c'est la base mais même pas en fait. C'est encore moins que la base, c'est un pré-requis auquel devrait s'astreindre tout être humain.
Là ça devient "pauvre de moi, mon conjoint me demande l'impossible: il veut que je le cogne pas lorsque je suis vénère".
Un petit mot pour la fin:
"Tu n'as pas été cogné, tu as été frappé. Je suis désolée de t'avoir frappé comme ça, mais je ne t'ai pas cogné, je ne t'ai pas assommé put***. Je t'ai frappé. Je ne sais pas quelle position avait ma main, mais tu vas bien. Je ne t'ai pas blessé. Je ne t'ai pas cogné. J'étais en train de te frapper.
Tu n'es qu'un put*** de bébé, grandis put**.
- Parce-que tu as commencé à être violente?
- Oui j'ai bien commencé à être violente.
-Oui et j'ai dû me casser d'ici.
-Oui, tu es parti. Tu as fait la bonne chose, la meilleure des choses, tu sais quoi? Tu es admirable. (ton sarcastique) Et les autres fois où tu t'enfuis alors qu'il n'y a pas de violence? Tu es toujours aussi honorable... en prenant la fuite?"
Voilà ma foi en l'humanité restaurée.
Au cours de ma carrière, que ce soit lors d’affaires impliquant des violences intrafamiliales ou des violences conjugales, j’ai remarqué que les auteurs de violences conjugales ne se sentaient jamais coupables d’avoir violenté l’autre. Lorsque c’est arrivé, c’était toujours la faute de l’autre. S’il s’est mal comporté, c’est parce que la conjointe ne s’est pas comportée comme il fallait. Il la culpabilise en permanence. C’est un cas qui est systématique, ce n’est pas ponctuel. C’est LE schéma de ce type de violences.
Ça je veux bien le croire. Même si je tique sur la genrification des victimes et agresseurs. ("
S’il s’est mal comporté, c’est parce que la conjointe ne s’est pas comportée comme il fallait.)
OK, 28% de victimes de DV qui sont des hommes, c'est techniquement une minorité mais c'est pas négligeable non plus.
Et la DV ça existe aussi chez les couples homos.
Si on parle de violence intrafamiliale c'est encore pire. Il n'y a pas que les pères qui sont violents et il n'y a pas que les petites filles qui se font violentées.
Donc lorsqu'on parle des mécanismes de DV ou de violence en général, c'est mieux d'utiliser des genres neutres. Sinon on participe à invisibiliser des victimes et on participe inconsciemment à ce qu'ils/elles se taisent.
Sinon un article sur le DARVO c'est très bien. Attention aux exemples par contre.
Dans le genre DARVO j'aurais bien inclu Adrien Quatennens avec sa gifle donnait "dans un contexte d'agressivité mutuelle" et lorsque qu'il explique que si sa femme "s'est blessée" contre un meuble c'est parce-qu'elle lui a sauté dessus en voulant récupérer son portable et qu'il s'est juste débattu. (Genre le connard qui préfère pousser sa femme contre un meuble plutôt que de lui rendre le portable qu'il aurait jamais dû prendre et qui veut revenir faire de la politique dans un parti soit-disant féministe 4 mois plus tard).
Attention aussi à la citation suivante qui peut être blessante pour les victimes:
L’agresseur fera toujours bonne figure devant un juge. Le juge va donc plus le croire que croire la victime qui, comme on l’a dit, est plus en proie à ses émotions.
Pas toujours. Des victimes ne pleurent pas pendant l'agression, ni après (ou seulement à l'abri des regards). Elles ne pleurent pas forcément pendant le procès non plus.
A l'inverse des agresseurs peuvent se mettre à pleurer lors d'un procès (hello Kevin Spacey, hello Norman en salle d'interrogatoire).
Bref évitons de laissez entendre aux victimes qu'elles se comportent comme un agresseur si elles gardent leur calme.