@Clémence Boyer Intéressant. Mais (je me trompe peut-être) est-ce que, pour les enfants/gens "transgenres", le changement de prénom ne participe pas au processus de changement par rapport à le "genre de naissance" / leur passé ?
Ça dépend, et ça va dépendre entre autre de sa relation avec sa famille ou sa vie à l'instant T. Des personnes parfaitement cis choisiront un autre prénom pour rompre avec leur cellule familiale ou leur "ancienne vie" quand certaines personnes trans* choisiront une version proche de leur nom de naissance (neutre, masculinisée ou féminisée) ou s'approprieront le prénom que les parents avaient envisagé si iel avait eu une autre assignation à la naissance (perso je sais que si j'avais été assignée garçon je me serais appelée Gwendal
, je pense pas que c'est un prénom que j'aurais pu m'approprier sachant que ça aurait aussi pu être celui de ma soeur donc je n'ai pas l'impression qu'il m'appartienne à part entière)
Je crois que chacun devrait pouvoir librement choisir son prénom quand celui donné par les parents ne lui convient pas.
Je bosse en collège et j'ai plusieurs élèves cisgenres et non-cisgenres qui demandent à utiliser d'autres prénoms, l'une souhaite que l'on utilise son 3e prénom pour une raison que je n'ai pas cherché à connaitre, l'autre demande à ce qu'on l'appelle par Gabriel sachant que son prénom de naissance est un prénom composé sur-représenté chez les boomers et 4 élèves se sont approprié·es ou commencent à s'approprier des prénoms mixtes/masculins, les 4 ont des prénoms très connotés féminins se terminant tous par "a" - d'ailleurs l'un·e avait très temporairement essayer de se faire appeler Noa avant de changer pour un prénom en "o".
Ça créé pas mal de tensions chez certain·es profs et on a eu une discussion très houleuse à ce sujet avec ma supérieure, je ne vois personnellement strictement aucun problème à appeler une personne par le prénom qu'elle désire utiliser (peu importe qu'il ait été choisi par ses parents ou non, peu importe que cette utilisation soit temporaire ou définitive) je considère ok et même salutaire que nos élèves puissent explorer leur identité par différents biais et j'ajoutais que les 2e et 3e prénoms servaient justement à ça. Ma collègue était très choquée car iels n'utilisent pas le prénom pourtant choisi par leurs parents et que pour beaucoup de parents les 2e et 3e prénoms n'ont pas été attribué avec en tête qu'ils pourraient substituer au 1e (en tous cas ce n'est pas son cas à elle, j'ai perso grandi dans une adelphie avec systématiquement 3 prénoms : 1 original, 1 classique et 1 très très original, mes parents nous disant que nous pouvions toujours changer l'ordre si nous en avions envie)
Le prénom est la première chose qu'on dit de soi quand on rencontre quelqu'un, c'est une des premières infos qu'on a sur une personne, et ça influence donc la perception qu'on a de la personne. La manière dont on nomme son enfant me paraît donc très importante.
Je me demande en quelle mesure un prénom épicène a connotation plus masculine peut être bénéfique pour une petite fille et à l'inverse un prénom épicène à connotation plus féminine un obstacle aux petits garçons, dans la manière dont ils seront perçus par autrui et dans la manière dont ils seront sociabilisés, étant donné que nous vivons dans une société patriarcale où le féminin est dévalorisé au profit du masculin. Mon questionnement se poursuit pour les personnes adultes bien sûr. Par exemple avec un CV sans photo, quand on ne voit que le prénom on attribue des qualités à la personne pour celui-ci, on peut s'imaginer son genre sans qu'il soit indiqué sur le CV ; est-ce que les prénoms épicènes favorisent les personnes qui le portent ? Est-ce que ça dépend selon le genre de la personne et la connotation du prénom ? Je ne serais vraiment pas surprise qu'un même prénom épicène serve les femmes en leur donnant un attribut plus masculin et desserve les hommes en leur donnant un attribut plus féminin, par rapport à comment ils seront perçus par la société.
Par contre le fait qu'un prénom soit mixte ou non n'est pas du tout le seul critère qui modulera la manière dont une personne sera perçue par rapport à son prénom. Quand je regarde la liste proposée, je vois notamment que des diminutifs de prénom sont proposés (Lou/Loup). Personnellement je serais d'avis de donner à l'enfant un prénom complet, quitte à ce qu'il soit non mixte, et de l'appelet comme ça en privé en tant que surnom affectueux parce que justement l'impact sur la perception qu'auront les autres de lui ou elle sera trop important. Si des patrons d'emblée s'adressent à quelqu'un en utilisant ce qui est perçu comme un surnom très familier, est-ce que cette personne gagnera autant leur respect et sera perçue comme aussi compétente que quelqu'un qui a le prénom complet ? Je ne pense franchement pas. Une Lou ne sera pas perçue comme une Louise, un Alex ne sera pas perçu comme un Alexandre. Le nom complet sonne plus sérieux et je pense que le choix du diminutif vs le nom complet peut également être perçu comme un marqueur de classe sociale et avoir un impact sur la personne.
Aussi il y a la question des prénoms non français. C'est tendu parce que pour beaucoup ça fait un hommage à ses racines. Mais ça a un impact sur la vie de la personne aussi, et l'origine du prénom choisi les conséquences seront différentes, la perception des gens ne sera pas la même. Personnellement si je devais nommer quelqu'un je lui choisirai un prénom qui sonne bien français pour qu'il ou elle subisse moins de discrimination ici et pour qu'à l'étranger il ou elle bénéficie de la perception souvent positive de la France.
Pour finir je précise que j'ai beaucoup parlé de la manière dont autrui percevra quelqu'un avec tel ou tel prénom mais su coup je crois sincèrement que ça impactera la personnalité de la personne. Non pas dans le sens que les Marie ont toutes les mêmes attributs etc comme on peut le lire quand on cherche la signification de son prénom, mais dans le sens où notre prénom renvoie une certaine image de nous, que les gens vont nous traiter en fonction, et qu'on réagira en conséquence. Et que du coup ça fait partie des nombreux éléments qui participent à forger une personnalité.
Je suis absolument en désaccord avec ton message, j'ai un gros attrait pour les prénoms n'allant pas avec le genre généralement associé ; j'adore
Cléo pour un garçon,
Maxime pour une fille,
Ambre pour un garçon,
George pour une fille, pendant toute une période je songeais à appeler mon hypothétique fils Lola - idée que j'ai finalement abandonné + car ce prénom est trop chargé émotionnellement pour moi que parce que c'est un prénom "trop féminin" pour un garçon. Tu vois le gain que l'on pourrait avoir en tant que meuf portant un prénom dit "masculin" mais ça te parait forcément négatif dans le cas inverse ? Y a plein de qualités dites "féminine" qui sont importantes à acquérir en tant que garçon et en soi Lola n'est vraiment pas si éloigné en terme de sonorités que Lucas.
D'autant que tu ne parles qu'en terme de travail. Je me projette actuellement énormément sur des prénoms arabes du fait des origines de l'amoureux. Ça me parait primordial que mon gosse soit relié à ses racines mais également de banaliser ces prénoms qui sont tout aussi légitimes en France que Jules, Matéo ou Issa - la France a une forte histoire migratoire ET coloniale. Aujourd'hui l'islamophobie se porte très bien par ici, ça fait peur mais ça me semble d'autant + important que des gosses avec un passing + important puissent rendre acceptable les prénoms de leurs camarades bien + racisés. D'autant que y a des prénoms S
I BEAUX dés qu'on sort un peu le nez des listes tradis. Par rapport à ce que racontait les autres Madzs, faut voir que l'humain ne maitrise pas du tout l'arabe alors que son père a vécu au Maghreb jusqu'à ses 20 ans, on a déjà une perte énorme en à peine 1 génération.
Je suis pas d'accord non plus sur les diminutifs, je trouve toujours étrange de donner un prénom très long alors que l'on a aucune intention de l'utiliser sauf pour faire bien sur le CV. C'est vraiment un truc très américain d'ailleurs, l'actuel président des USA se fait appeler Joe Biden, je doute que des personnes l'ait réellement appelé Joseph récemment et je ne suis pas certaine que ses électeurices auraient changer leur vote si son prénom avait été simplement Joe. Sur un exemple + français
Lou a été + donné que
Louise en 2005 et la même année,
Lilou a battu ses 2 prénoms en terme d'attributions. Y a près de 40 000 personnes qui portent aujourd'hui ce prénom, l'écrasante majorité à moins de 20 ans. C'est un prénom qui est devenu courant et quand elles arriveront sur le marché du travail ce prénom sera beaucoup moins étrange dans une pile de CV que Marie-Cécile ou Sylvie (et puis franchement faut aussi voir en fonction du dit métier, on a un collègue qui a un prénom pour nom de famille ça donne un truc genre Henri Thomas et on s'était énormément interrogé pour savoir quel était son prénom, pour moi c'était forcément Thomas qui était + raccord avec son âge et en fait non et ça m'a fait bizarre parce que "Henri" c'est plutôt un prénom vieux/bourgeois et peu en adéquation avec le taf - d'ailleurs on se moque de sa dégaine de premier de la classe)
Membre supprimé #351551 a dit :
Suite à une conversation avec une copine sur la transidentité il y a plusieurs années j'avais décidé que si j'avais un gosse un jour il aurait au moins un prénom mixte voire carrément un prénom de l'autre genre en deuxième ou troisième prénom. Si jamais mon enfant se révélait trans le changement de prénom serait grandement simplifié si il suffisait de changer l'ordre de ses prénoms voire de supprimer les premiers.
J'aimais bien et j'aime toujours l'idée d'éduquer mon - hypothétique - gosse en lui inculquant que a/ nous on s'en fout que ce soit un garçon ou une fille, on lui a donné un prénom de garçon parce qu'il avait un zizi mais si jamais il se sent plutôt fille ben on a déjà prévu l'éventualité et il sait d'avance qu'on l'aimera toujours peu importe le genre auquel il s'identifie (et inversement proportionnel ou égal) et b/ ça lui inculque aussi que y a rien de réservé aux filles ou aux garçons il peut jouer avec qu'il veut, envisager n'importe quel métier, son prénom représente une part de l'autre genre qui fait partie de lui et qu'il peut explorer ou non.
Fin entre temps je me suis aussi découverte nihiliste du genre (je me retrouve bien dans la définition qui en est faite
ici) et je suis de + en + tentée d'élever un bébé dont on ne saurait pas le genre. Quand je vois toutes les injonctions, présomptions en fonction du genre sur des gosses voire des foetus je trouve très séduisante l'idée de laisser pour seule info au reste du monde que c'est un bébé, si ça pleure c'est parce que ça a faim ou fait caca et non parce que c'est jaloux, triste ou en colère. J'ai une connaissance qui fait ça, son bébé va bientôt avoir un an, je connais son prénom (mixte) et je suis les pérégrinations de la dite maman qui fait beaucoup d'expériences ("Si je lui mets un pyjama dinosaure les gens genre bébé au masculin, si on sort la sucette rose ça passe au féminin, si y a un truc dans les cheveux c'est automatiquement un fille" etc etc)
Le but serait vraiment de limiter le + longtemps possible les constructions genrées à mon enfant et de se concentrer sur ses besoins et non les intentions qu'on lui attribue selon si il possède une vulve ou un pénis.
Ah et pour pas être complètement HS après ce looooong message j'avais partagé
ici une liste de prénoms mixtes.