paradisdesbilles;4246888 a dit :
Oui mais ça finit toujours par se rejoindre à un moment où l'autre de toute façon. Si tu veux être une "bonne féministe" (avec les plus grosses guillemets du monde, hein), il faut que tu t'intéresses aux femmes, toutes les femmes. Et ça inclue les femmes qui ont une autre couleur de peau, ce qui touche également au racisme, ça inclue les femmes lesbiennes et les femmes trans*, ce qui touche au mouvement LGBT*, ça inclue les différentes religions, ce qui touche à l'islamophobie pour ne citer que cela...
Au final, être féministe c'est être assez polyvalente, c'est s'intéresser à toutes les discriminations parce qu'elles touchent toujours au femmes d'une manière ou d'une autre.
Je ne dis pas ça pour te montrer du doigt en particulier, hein, soyons bien clair, mais une féministe qui dit ne pas faire des autres discriminations son combat, c'est comme dire qu'une féministe ne s'intéresse qu'aux femmes blanches cisexuelles hétéro de classe moyenne... Et c'est déjà quelque chose que l'on reprochait aux premiers mouvements féministes il y a quelques années.
Mais bien sûr, je crois que @lelaina pense la même chose que toi (et elle n'a jamais dit qu'elle ne voulait parler que des femmes blanches occidentales). Sauf que les problèmes de sexisme ont des conséquences spécifiques et des manifestations spécifiques.
Quand on veut traiter un sujet de manière approfondie, il vaut parfois mieux choisir un éclairage particulier, le développer au maximum, et éventuellement ensuite utiliser les conclusions pour aborder un angle un peu différent. Sinon, on se disperse trop!
Par exemple, un sociologue ne va pas étudier "la société". Il va étudier un
aspect de la société qui va l'aider à apprendre des choses sur la société elle-même. Et plus cet aspect est précisément défini ("les femmes"), plus les résultats seront précis car il est humainement impossible tout traiter d'un coup.
Perso, j'ai étudié l'Histoire et les bouquins du genre "L'Histoire de France de la Préhistoire à nos jours" ont beau faire 2500 pages, ils sont vachement moins pertinents et éclairants sur les sujets qui m'intéressent qu'un article intitulé disons "Les femmes ouvrières à Paris de 1914 à 1920". Ce dernier article m'en apprendra probablement plus sur la société en générale au début du XXe siècle que le gros bouquin qui veut nous parler de tout, et c'est normal, chacun a un but différent.
Pour moi, c'est valable pour le militantisme. Plus on généralise dans son discours, moins on a de chance d'y voir clair et d'être percutant sur les cas individuels.
Si cet article avait traité de toutes les discriminations possibles au monde, je pense qu'il aurait été totalement vidé de substance!
Alors bien sûr, en embrassant le combat féministe, les militantes (et militants) se sensibilisent à d'autres injustices connexes (ou à d'autres questions de société) : le racisme,la xénophobie, l'homophobie, la transophobie etc. Elles réalisent aussi que cela va au-delà des discriminations (que les hommes sont aussi touchés par ce système par exemple).
Mais ce n'est pas parce qu'on est sensible à d'autres causes qu'on va devoir toutes les citer quand on parle de cas précis, en l'occurence ici, le traitement des femmes dans le cinéma hollywoodien (et sur MadmoiZelle en général, le traitement des femmes jeunes dans les sociétés occidentales).
Parler de ça ne veut pas dire qu'on pense que c'est plus important que tout le reste ou que c'est la cause qui doit triompher, mais c'est que c'est l'angle qu'on a choisi temporairement ou de manière permanente pour réclamer un changement social en profondeur ou tout simplement pointer du doigt certains points de crispations sociaux.
Donc je suis d'accord, si on discute de féminisme, on n'est pas nécessairement obligé de se lancer dans une analyse sociale plus générale, au risque de se disperser et de rater le coeur du problème à force de vouloir tout traiter.
Après, oui, il y a le risque de perdre de vue les autres causes en n'en parlant jamais mais concernant MadmoiZelle, je n'ai pas l'impression que ce soit le cas et concernant beaucoup de féministes, elles n'oublient pas de préciser que les hommes en position de force sont généralement blancs dans les pays occidentaux (parce que là, on parle de l'Occident mais si on parlait de pays africains par exemple, les questions de racisme ne seraient pas les mêmes donc est-ce qu'on ne devrait pas aussi cesser d'avoir un point de vue occidentalo-centré dans tous les articles et essayer de se mettre à la place de tous les pays du monde si on continue dans ce sens?)
lamina;4247117 a dit :
Les assos anti-racistes ne font pas de distinctions hommes/femmes dans leur combat. Je n'ai pas encore vu ça.
Si, elles en font parce que le traitement des minorités ne se résume pas à leur origine/communauté, mais va avoir des manifestations différentes selon le genre de la personne. Par exemple, bien avant l'arrivée de Barack Obama les films et séries fantasmaient déjà sur une femme blanche ou un homme noir en président des Etats-Unis fictif, mais JAMAIS sur une femme noire, et là on ne parle que d'une forme de représentation.
En dehors de cela, les assos anti-racisme n'ont pas nécessairement pour but de traiter du sexisme justement. Donc dans les grosses campagnes, on ne va pas mettre l'accent sur le genre mais bien sur la discrimination raciste.
Comme les assos féministes vont compter disons dans leur taux de femmes dans les films, les femmes de n'importe quelle origine sans faire de distinction particulière...
EDIT : Ok, j'avais pas vu ton post après, c'est intéressant et c'est un peu ce que je voulais dire, j'avais lu un truc là-dessus par HRW sur les contrôles au faciès ciblant surtout les hommes