J'aime cet article pour deux raisons.
D'abord, il appelle un chat un chat : une fille grosse est grosse, pas "généreuse" ou "pulpeuse", et une fille maigre est maigre et pas "svelte" ou que sais-je. Ces euphémismes qu'on utilise pour ne froisser personne sont une plaie. Gommer les différences dans le vocabulaire ne nous aide pas à les accepter dans la réalité, au contraire, ça ne fait qu'entretenir la peur de sortir de la norme. Maintenant des termes qui, à la base, étaient bien pratiques pour essayer de couvrir le fascinant spectre des morphologies humaines, se retrouvent bêtement galvaudés. Ainsi dans un magazine féminin lambda, "pulpeuse" peut qualifier aussi bien Liv Tyler que Beth Ditto. Pourtant elles n'ont pas franchement la même morphologie... !
Autre chose que j'apprécie dans l'article : il met le doigt sur l'hypocrisie qui se cache derrière cette pseudo-tendance des émissions de télé et des magazines à encourager les gens à accepter leur corps et leur apparence en général. On s'attendrait à ce qu'on conseille aux gens d'envoyer valser les préjugés, de porter ce qui leur plaît, de retrouver le plaisir simple de prendre soin de soi. On s'attendrait à ce que le mot d'ordre soit : soyez épanouies ! Au lieu de ça, on les culpabilise et on les encourage à se restreindre à certaines couleurs ou à certaines coupes pour "mettre en valeur leurs atouts" mais surtout "gommer leurs défauts" (et c'est valable pour les grosses, comme c'est évoqué dans l'article, mais aussi pour les maigres, qui sont encouragées à mettre des soutifs rembourrés et à ne surtout jamais montrer leurs abominables épaules, par exemple). Super l'épanouissement... On entretient l'idée qu'elles ne seront jamais belles telles quelles, mais seulement au prix d'efforts, d'astuces et d'artifices... "Belle toute nue" tu parles !
Après je n'ai rien de particulier contre cette émission, elle n'est jamais que le reflet de ce que chacun peut observer autour de lui tous les jours, et, malheureusement, pas que pendant 2h un soir par semaine à la télé.