Comme tous ceux qui ont réagit à ce témoignage, je commencerais par te féliciter pour ton courage. Parler d'auto-mutilation n'est pas facile, et souvent mal compris. Je trouve que tu as bien exprimé le côté libérateur de cette pratique.
Pour ma part, j'ai commencé à me couper en 4ème, sans vraiment savoir pourquoi. ça a duré de nombreuses années (jusqu'à ma troisième année de licence).
Pour moi aussi me couper permettait d'extérioriser un mal-être profond, inexprimable autrement car j'étais "coincée" dans une image de fille modèle et calme. Or à l'intérieur je bouillonnais et ma seule façon de m'exprimer et de concrétiser ma colère et ma frustration était de me blesser physiquement.
La seule différence est le côté caché. Déjà je ne me suis pas "lacéré" les bras ou les jambes, j'ai donc quelques cicatrices, mais c'était facilement camouflable (montre, bracelet...). Et surtout, je pense que ces coupures étaient des appels à l'aide. Comme je n'arrivais pas à exprimer verbalement que je n'allais pas bien, en me coupant et en laissant voir à certaines personnes mes blessures, je leur montrait physiquement que quelque chose n'allait pas. Comme toi, mes coupures étaient mûrement réfléchies et préméditées, je pensais à ma lame cachée dans ma chambre et au moment des "retrouvailles" pour libérer ma colère. Mais je réfléchissais aussi à l'endroit où j'allais me couper en fonction de la personne que je voulais atteindre. Par exemple, si c'était destiné plutôt à mon copain, je le faisais sur une partie que lui seul pouvais voir (ventre, poitrine), si c'était plutôt mes amies et ma mère, c'était plutot les poignets. Et forcément, lorsque l'autre voyait mes blessures, il demandait "qu'est ce que c'est??". Et là, je pouvais expliquer (plus ou moins). En tout cas, l'autre voyait mon malaise.
Donc chez moi il y avait 2 dimensions : me libérer et communiquer aux autres.
et puis j'ai commencé à le faire moins souvent, et au fur et à mesure, c'est parti. Maintenant, quand je vais mal, j'y pense, mais je n'ai plus le "courage" de le faire.
Je ne sais pas si on peut parler d'addiction (je ne me suis jamais pensé addict à l'auto-mutilation), mais comme j'ai progressivement transféré mes problèmes sur la boulimie, on pourrait effectivement faire le lien. La question reste ouverte, je n'ai pas vraiment de réponse.
Voilà ma petite contribution
bon courage pour cet été, ça sera peut-être le moment du "déclic" qui t'amènera doucement mais sûrement vers le "sevrage"