Je suis une "jeune" homo, puisque j'ai 17 ans, et que je m'assume réellement depuis 2 ans. Ce qui n'est déjà pas la chose la plus évidente à vivre pour un ado, qu'on soit clair. Je suis dans une famille méga engagée, super tolérante, où l'homosexualité n'a jamais été un tabou, et pour ça, j'ai eu de la chance. Même si j'ai tardé à en parler, ils ont accueilli ma première copine comme si je ramenais un garçon, il n'y a pas eu de réaction, c'est peut-être ça le mieux d'ailleurs. Pas de "on t'aime quand même", pas de "ça change rien" de prononcé, parce que, pour eux, c'était évident que ça changerait rien.
Par contre, au lycée, ce n'est pas vraiment la même chose. Je suis dans une ville où un rassemblement de partisans FN et de cathos se sont rassemblés pour nous faire chier, et c'est un peu violent. Disons que la situation actuelle délie les langues, et que c'est plus difficile à vivre que quand il n'y a pas de débat, parce qu'on entend à chaque coin de rue (enfin, pour moi, à chaque coin de couloirs, puisque je ne sors pas de mon lycée 5 jours sur 7) des "arguments" débiles anti-homo, des injures... Des exemples simples mais flagrants, un abruti de ma classe à afficher des dépliants "un papa, une maman" sur le tableau de la prof de philo, pour la provocation. La prof de philo a tenté d'ignorer le truc jusqu'à ce qu'on entende un "Vous devriez ne pas vous mettre devant le tableau madame, ça cache ce qu'Emma devrait lire." Si le débat ne se passait pas actuellement, et qu'on en parlait pas autant, cet abruti n'aurait jamais fait cette réflexion très intelligente parce que ça n'aurait pas été dans ses pensées non-stop. Parce que, concrètement, le débat est PARTOUT.
Même si admettre que j'étais homo a été affreusement compliqué, je me suis relativement vite assumée auprès de mes amis/famille... et je ne me suis jamais sentie inférieure A CAUSE de ça. La déferlante d'articles, de reportages télé, d'interviews d'anti-mariage gay, c'est d'une violence assez extraordinaire. L'homophobie est décuplée, et, actuellement, la seule sensation qui nous reste, c'est de ne pas être comme tout le monde. D'être mis à part, pointés du doigt, et ridiculisés à longueur de journée. Et c'est pas franchement agréable.