8 ados privilégiés des « beaux quartiers » suivis pendant 15 ans

[PetitePaille]

@skärgård
Apres ça dépend ce que tu appelles travailler à Bercy. Sauf si tu es Directeur ou sous directeur à la rigueur... si tu diriges seulement un bureau comme FIPU1 ou un truc dans le genre, je vois pas ce que t’apporte de plus à tes enfants par rapport à un parent médecin à la campagne.

 

[PetitePaille]

@skärgård

Je dis ça parce qu’un proche a travaillé à Bercy plusieurs années. Dans les faits, la plupart des gens n’étaient pas spécialement réseauteurs.
Un député par exemple aura beaucoup plus de réseau si tu veux mon avis.

 

[Maus]

j'ai beaucoup aimé ce reportage qui entre en écho et pas vraiment avec moi
il s'avère que je viens d'un milieu modeste mais par hasard j'ai grandi à Neuilly-Sur-Seine, et j'ai passé mon bac dans un lycée privé catho, et je reconnais en fait dans tous les gens du reportage mes amis. Je connais toutes les écoles citées etc... Bref j'étais pas du tout perdue pendant le doc, et je l'ai trouvé réellement très réaliste.

La principale chose qui m'ait manqué dans mon éducation familiale et que je suis très heureuse d'avoir pu apprendre en contact de cette "classe" aisée c'est la motivation, c'est savoir que tout est possible, c'est se dépasser, se cultiver .... ça n'a jamais été ma famille qui m'a encouragée à partir dans tous mes voyages ou à entreprendre tout ce que j'ai fait. Jamais. Et j'ai quand même pu le faire en venant de cette famille, pour moi c'est vraiment pas une question de "privilège" de richesse monétaire, c'est avant tout une richesse culturelle et motivationnelle qui va faire la différence, pour pouvoir s'accomplir au mieux et sans barrière. Tout ce que ma famille a constamment fait c'est me mettre des barrières, me dire qu'on était pas assez riche pour tel ou telle chose ... sans chercher de solutions.

Donc très heureuse de ce reportage qui à mes yeux a retranscrit exactement ce que j'ai vécu autour de moi et tout ces parcours qui m'inspirent au quotidien. C'est incroyable comme ils sont divers !

J'avais peur qu'au titre on me serve un remake de Gossip Girl ou ce genre de clichés ... finalement je le redis mais j'y vraiment reconnu plusieurs réalités.

 

[Nastja]

Certains parents milieux modestes sont prêts à se saigner ou à faire des prêts pour que leurs enfants puissent aller dans les bonnes écoles.

Quand on dit que tout se joue par rapport au milieu social on pense souvent au milieu familial mais en réalité le milieu dans lequel on évolue (amis, école etc.) participe énormément. Certes c'est moins facile mais ça ouvre beaucoup de portes.
Je lisais récemment la fiche wikipedia d'une députée à New York (Alexandria quelque chose, désolée je ne me souviens plus) et elle vient du Bronx mais ses parents se sont sacrifiés pour qu'elle aille dans de bonnes écoles dès la primaire.
Ça te met tout de suite en contact avec des objectifs différents et des possibilités que tu n'auras peut-être pas avec des écoles de quartiers défavorisés.
Le truc c'est que ça demande une certaine intelligence sociale de la part des parents. Pas tous les parents d'origine modeste pensent à contourner les cartes scolaires pour mettre leurs enfants en contact avec des personnes aisées et de l'enseignement de qualité. Certains sont fatalistes et d'autres savent qu'ils peuvent changer leur classe sociale en 2 générations.

 

[Margay]

Il y a cette émission d'Arrêt sur image à regarder après le documentaire, avec Monique Pinçon-Charcot et Mathilde Larrère, qui est éclairante.

Franchement, super intéressant!
Surtout la partie sur l'absence de politisation de ces jeunes. Je m'étais fait la remarque en regardant mais je me demandais si c'était pas un biais de ma part qui suit pas mal politisé, du coup, j'ai confirmation que c'est bien lié à leur classe Et les intervenantes sont super intéressantes dans leurs analyses et leurs remarques, ça mets en évidence des choses dont on ne soupçonne même pas l'existence (ayant moi même une vision très stéréotypés et caricaturale des riches)

Et le docu est très intéressant aussi. Je me suis fait la réflexion que je comprends mieux comment les riches peuvent se sentir légitimes dans ce qu'ils font, parce que ces jeunes là bénéficient d'énormément de privilège de classe (pouvoir être proprio d'appart à Paris avant 30 ans par exemple, plus les stages plus facile à trouver grâce au fameux """réseau""" (piston)) mais ils rencontrent des "galères" dans leur parcours (pas des galères grave qui les mettent vraiment dans la merde hein).
Je précise que je ne dis pas que je les trouve légitime ou "plus légitime que", c'est vraiment une réflexion que je me fais sur la psychologie humaine (j'avais vraiment l'image de l'enfant de riche qui fait tout son parcours sans accro, maintenant, ça remets en cause ma manière de voir le problème de cet entre-soi de riche et reproduction sociale, mais ça ne change rien sur le fond de la violence de classe)

 

[Membre supprimé 225371]

Je n'avais pas pu regarder ce docu en entier à sa sortie pour cause d'aigreur extrême mais je pense que je le ferai un jour, d'autant que j'ai été scolarisée 2 ans dans ce lycée mais ne faisant absolument pas partie de ce milieu (j'étais en "intégration").
Donc je viendrai certainement développer plus tard quand je l'aurai vu.
En attendant je pose ça là France Culture rediffusait cette semaine sa Série documentaire (LSD) sur les transfuges de classe où Chantal Jacquet (chercheuse sur le sujet) explique comment les personnes "issues" et en tout cas ayant grandi dans les classes aisées voient comme une évidence d'atteindre un statut social élevé, de faire de longues études, de se projeter responsable politique, écrivain-e, intellectuel-le, là où c'est loin d'être le cas dans les classes modestes.
Du coup je trouvais très intéressant le commentaire de @Maus qui met en évidence que l'apprentissage scolaire, encyclopédique, et même social n'est pas le tout mais qu'il y a aussi des spécificités plus proprement psychologiques (motivationnelles disons) qui découlent du fait de venir de ou de côtoyer les classes les plus favorisées.
Pour ce qui est de la carte scolaire, il me semblait avoir entendu à une époque (je crois que c'était beaucoup débattu à la présidentielle 2007) qu'au Royaume Uni il y avait eu des politiques de tirage au sort pour favoriser la mixité sociale. Mais je ne trouve rien de vraiment éclairant en cherchant, si jamais quelqu'un-e a une piste ...

 

[Nastja]

@Clematis
Le soucis c'est que ça a beaucoup trop de répercussions sur la vie future de ton enfant. Fréquenter le kebab du quartier ou faire ses courses chez l'épicier du coin n'a pas vraiment d'impact sur tes chances pour l'avenir. Mettre tes enfants dans des écoles moins bien classées c'est risquer gros pour leur futur.

Comme le dit @Manhole c'est pas qu'une question d'enseignement, c'est tout les problèmes qu'il y a à côté. Et je ne crois pas que des élèves de milieux favorisés relèvent les autres. Parce qu'ils sont quand même en minorité dans ces établissements et que les mauvais comportements déteignent plus facilement. Ou bien il font de l'entre-soi.

Je ne connais pas les études qui disent que la mixité est favorable mais je pense qu'en réalité ce n'est pas qu'elle est favorable c'est qu'elle semble être "moins pire".
Un peu comme si à un contrôle tout le monde a 5 et ça fait une moyenne générale de 5 et là quelqu'un a 15 et ça fait monter la moyenne générale à 10. Et là quelqu'un dit : "ah vous voyez la moyenne a augmenté!" (Oui enfin tout le monde a eu 5 sauf un).

Et puis ce n'est même pas qu'une question d'école, plus tu traînes avec des gens de milieux aisés plus tu adoptes leurs codes, leurs idées, leurs projets que tu t'appropries toi-même. Ça peut-être un club de sport ou des activités culturelles.
Je connais des parents qui s'inscrivent pas leurs enfants au foot parce qu'ils ne veulent pas que leurs enfants soient en contact avec une majorité d'enfants issues de milieux populaires par peur. Et qui les inscrivent au tennis ou à des sports fréquentés par des gens de milieux aisés.

C'est juste qu'on passe une grosse partie de notre enfance à l'école donc c'est crucial de choisir un bon établissement.

Très honnêtement si un jour j'ai des enfants je ferai très attention à l'établissement dans lequel je les inscrirai.
Malheureusement il n'y aura même plus de carte scolaire à contourner car vu comme l'État sabote l'école publique les gens aisés iront vers des écoles privées type écoles bilingues, écoles internationales avec plein de sport, plein d'activités culturelles, plein d'attention de la part des profs... aller à l'école publique sera mal vu

 

[Chat-au-Chocolat]

J'avoue j'avais de gros a priori avant de regarder le documentaire, mais en fait c'était très intéressant !
Je m'attendais à voir des têtes à claques du genre fils et filles de millionnaires, mais en fait pas du tout. Ce sont bien des personnes (très) privilégiées, mais il n'en reste pas moins qu'ils et elles ont leurs galères et leurs états d'âme, qu'ils et elles doivent bosser comme tout le monde, et au final on peut quand même s'identifier à eux. Ce ne sont pas non plus des ultra-riches, en mode "je vis dans un palace, je prends des jet privés et je n'ai pas besoin de travailler puisque papa-maman me donnent 5000€ par mois pour subvenir à mes besoins".

Même si, j'avoue, j'ai ressenti une pointe de jalousie face à la jeune femme qui s'est acheté un appart à Paris en "empruntant de l'argent à des taux très intéressants" à ses parents… Y a pas à dire, c'est quand même vachement facile d'avancer dans la vie dans ces conditions.

 

[Nastja]

@Clematis
En fait l'attrait des options dépend de l'établissement aussi.
Ouvrir des classes de chinois dans un lycée REP n'aura pas vraiment d'impact positif parce que beaucoup de gens préféreront ne pas faire de chinois plutôt que de mettre leurs enfants dans un quartier et lycée REP.
Par contre les options rares peuvent fonctionner dans des lycées moyens, ni mauvais ni bons.

Et les élèves de bon niveau et de familles aisées ne veulent pas bouger parce que la force de ce genre de profil c'est l'entre-soi. Envoyer des enfants de bonne famille dans des quartiers défavorisés c'est les sacrifier en quelque sorte. Surtout que je ne pense pas que quelques élèves de bonne famille puissent apporter grand-chose. Le nivellement se fait par la majorité : beaucoup d'élèves en difficulté, troubles du comportement, violence, t'as les bons élèves qui baissent en niveau et qui peuvent mimer les élèves autour d'eux.
A l'inverse quand t'es entourée de beaucoup de bons éléments et que t'es motivée ça ne peut que te pousser à faire mieux.

Je me suis retrouvée dans un collège très médiocre voire mauvais et ma scolarité en a beaucoup pâtit en plus d'avoir acquis de mauvaises habitudes. Je n'ai relevé le niveau de personne et ça a été une catastrophe. Je ne participais pas trop en cours parce que c'était mal vu et je me mettais à faire comme les autres pour mieux m'intégrer. Les cours d'EPS et la récré étaient un lieu hostile et il y avait beaucoup d'élèves très violents, du genre caïd qui te retournent la tête si tu leurs réponds mal.
Puis je suis partie dans un lycée parmi les mieux notés de la ville en contournant la carte scolaire et ma vie a été bien plus facile. Plus de cassos violents à la récré, plus d'élèves qui foutent le bordel en cours exprès pour déstabiliser le prof, plus de moqueries si tu réponds en classe, des gens qui veulent réussir et qui ont des projets... c'est là aussi que j'ai entendu parler de formations post bac plus ambitieuses (en discutant avec mes camarades) bref mon niveau est redevenu normal et j'étais bien plus sereine et avec des projets plus ambitieux.

Donc je comprends les gens qui font tout pour que leurs enfants aient un bon établissement pour s'ouvrir des portes plus tard et avoir les bonnes relations (amis, futur conjoint etc).
Les échanges de culture peuvent se faire ponctuellement sans que ça ait un impact irréversible.
C'est peut-être égoïste mais dans la vie en réalité je crois que c'est chacun pour soi et quand on croit trop aux grands principes on finit perdant parce que la société ne marche pas comme ça malgré tout ce qu'on peut imaginer ou espérer.

 

[Margay]

@Clematis
Sur ce sujet là, je pense que ça ne peut être réglé que par intervention de l'Etat. A partir du moment où certains ont la possibilité de contourner les cartes scolaires et augmentent par la même les chances de réussite scolaire/sociale/professionnelle de leurs enfants, il y aura forcément qu'une minorité à ne pas profitier de cette possibilité par principe. Ils ne seront pas suffisamment nombreux pour influencer sur les classes défavorisées et se "tireront une balle dans le pied". A mon sens, les seules chances d'améliorer les choses par ce biais là, c'est de compter sur l'Etat/les lois mais l'action individuelle à un effet nul (un peu le même effet pour l'écologie, sauf que pour l'écologie, il y a moins une notion de sacrifice individuel parce que tous le monde y gagne même la personne qui fait l'effort, tandis que quelqu'un qui a la possibilité de mettre ses enfants dans une école réputée et qui ne le fait pas n'y gagne absolument rien). Sans compter que c'est une chose d'accepter pour soi même des conditions plus difficiles par principe, et une autre d'imposer à son enfant des conditions plus difficile pour lui, pour des principes d'adultes

 

[Toasted_Almond]

J'ai vu la vidéo passer dans mes suggestions Youtube et j'avais prévu de la regarder, mais premier truc qui m'a interpelée, c'est le mot "élite" pour une école comme Victor Duruy à vrai dire.
Dans mon collège du VIIème arrondissement qui était un peu merdique et qui accueillait des élèves d'horizons très hétérogènes, Victor Duruy, c'était le lycée où retrouver ses copains du collège car c'était celui à proximité.
L'époque où ont été dans ce lycée les élèves-témoins de cette vidéo correspond à l'époque où j'aurais pu être à ce lycée, et je suis encore plus surprise qu'on parle "d'élite". A l'époque, les lycées d'élite, c'était Henri IV ou Louis le Grand ou Lakanal...
Tous les élèves de mon collège qui n'avaient pas spécialement un métier spécial dans le viseur et ils étaient acceptés là-bas avec un 12 de moyenne... Tu parles de "prestige"... Après je ne doute pas de la qualité d'enseignement, mais je pense que quand tu sors "Victor Duruy" à un entretien, ça ne cligne pas dans la tête d'un recruteur "école d'élites".
Alors oui dans ma classe il y avait des élèves avec une bonne situation familiale (appartement énorme dans le VIIème arrondissement à deux pas de la tour eiffel), mais ils paraissaient "normaux" dans la vie de tous les jours et humbles, enfin je veux dire ils étaient habillés classique (jean baskets), avaient une attitude comme tout le monde, et n'aspiraient pas à être grands scientifiques ou autres métiers très rémunérateurs... Des jeunes sans prise de tête quoi.
Aujourd'hui, je n'ai plus de contact avec eux, mais en regardant sur Linkedin niveau métiers il y en a beaucoup qui font maintenant barman, guide touristique, qui sont partis dans l'élevage des chèvres... (véridique). Ce sont de beaux métiers mais ce ne sont pas les métiers auxquels je pense forcément quand on sort d'une école de "prestige". Après l'orientation ça se discute, c'est encore un sujet différent, mais finalement ça montre bien qu'on ne peut parler "d'élitisme" car ça reste subjectif.

 

[Toasted_Almond]

@Aska Mais est-ce que la réputation de Henri IV, Louis le Grand, Lakanal etc ne vient pas davantage de leurs prépas (qui sont sélectives) plutôt que de leurs classes de lycée ? Après, si c'est un lycée de proximité mais que les gens qui habitent à proximité sont très aisés, et sachant que les élites sont majoritairement issues de ces milieux, y a une logique quand même.

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Je ne parlais pas du tout de la prépa, que ce soit pour Lakanal ou les autres lycées.
Justement je voulais dire le contraire, ce n'est pas parce que les élèves habitent à proximité qu'ils vont à Victor Duruy ou sont aisés. Ils y vont parce qu'ils sont sûrs de retrouver leurs anciens camarades alors qu'il y a des lycées plus proches de chez eux (mais peut-être moins réputés aussi je ne sais pas, genre Jean-Baptiste Say ou Janson de Sailly). Dans le collège d'où je venais certains venaient de loin en tout cas.
Et la réputation de Lakanal est vraiment en soi pour le lycée selon moi

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Pour les lycées tels qu'Henri IV et Louis le Grand, déjà quand il fallait faire les voeux en 3ème, je me souvenais que déjà les profs disaient en fonction de ta moyenne si c'était assez béton pour tenter de le mettre en premier choix ou pas. Et en 3ème pas sûre que tout le monde pense à la prépa, du moment de rentrer déjà dans une bonne école pour rendre fiers papa/maman.
Donc voilà, entre "élite" Victor Duruy, et "élite" Louis le Grand, y a une différence...