"L’idée ici n’est pas de nier, ni d’invisibiliser la souffrance des hommes".
On s'y tromperait.
C'est tout à fait louable de rappeler que le sexisme est institutionnalisé de façon à privilégier une minorité masculine (je dis minorité parce qu'il ne suffit pas d'être homme, encore faut-il être intégré socialement, avoir un travail, un bon revenu, être blanc, etc.; le jeu des privilèges se croise, ce n'est évidemment pas qu'une question de sexe).
Mais je suis vraiment perplexe quand on réduit le féminisme au féminisme
tel qu'il se pratique sur Twitter et Tumblr en 2014 (je ne sais pas trop comment l'appeler
.). Bien sûr qu'il existe un héritage réellement misandre. Je ne suis pas du tout une spécialiste, mais pour avoir étudié les années 60/70 aux Etats-Unis, je peux déjà citer le SCUM Manifesto de Valerie Solanas (qui a déjà été mentionné ailleurs, il me semble) >
Sans compter les groupes féministes qui contribuaient aussi à la discrimination sexuelle en prônant la supériorité de l'hétérosexualité (je pense aux Redstockings) et donc en condamnant l'homosexualité sous toutes ses formes.
Il est totalement illusoire de réduire le féminisme à une seule chose animé par une seule raison. Le patriarcat? Mais qu'est-ce que c'est que le patriarcat? Ce n'est pas plus les hommes que les femmes, c'est un système dépersonnalisé. Tous les hommes n'ont pas le pouvoir, et toutes les femmes n'en sont pas (plus) dépourvues. C'est toujours le problème des sciences sociales, mais ça me semble quand même très important de prendre du recul pour considérer que quand on parle de "système" et de "faits sociaux", on ne parle pas d'individus. Avec cette logique, et malgré tous les warnings qu'on peut glisser en fin de texte, on finirait par croire que les hommes sont nos ennemis et... que nous sommes des femmes avant d'être des personnes.
J'ai l'impression qu'à force de simplifier une multiplicité des facteurs complexes en eux-mêmes, on devient de plus en plus grossier et on finit de plus en plus à coté de la plaque.
Comme @
Impromptue , je déplore le titre que je ne peux pas m'empêcher de trouver provocateur.