En fait pour ce qui est de la grossesse tardive de Lynette dans
Desperate, c'est même pire que de simplement passer la question de l'avortement sous silence : le sujet est évoqué mais d'une telle manière qu'on aurait limite pu préférer que les personnages n'en parlent pas du tout
Lynette n'est pas ravie de sa grossesse (ce qu'on ne peut guère lui reprocher vu qu'elle a plus de quarante ans, déjà quatre enfants et pas trop envie de repasser par la maternité) et elle avoue à Susan au cours d'une scène à fort caractère émotionnel (
) qu'elle en est venue à envisager l'avortement, mais sans en parler directement, à tel point que j'ai mis un moment avant de comprendre que c'était de ça qu'il s'agissait quand j'ai regardé l'épisode
. Là dessus, on a le droit à un regard de chaton noyé de Susan, l'air de dire
ma pauvre amie, tu dois être vraiment désespérée pour en arriver à envisager une telle chose , le tout à grand renfort de musique dramatique, évidemment. La scène dans son ensemble est utilisée comme un moyen de faire comprendre à Lynette que sa grossesse est un cadeau plutôt qu'un coup du sort, et le fait qu'elle ait songé à avorter est présenté comme un moment d'égarement avant qu'elle ne revienne sur le droit chemin
De manière générale, DH est une série qui est devenue de plus en plus conventionnelle et routinière au fil des saisons alors que sa volonté première était au contraire de casser les clichés et briser les tabous. L'exemple de la grossesse de Julie dans la dernière saison le montre bien.
À l'inverse,
Grey's Anatomy est devenue plus courageuse : Cristina tombe enceinte à deux reprises au cours de la série, mais la première a lieu dans les premières saisons et les scénaristes choisissent d'expédier le problème par une fausse couche (bien que le personnage ait l'intention d'avorter). La deuxième fois en revanche, Cristina avorte bel et bien et la scène est montrée à l'écran. Je pense que c'est parce que la série avait plus de poids au niveau des audiences et de sa popularité auprès du public que les scénaristes ont pu se le permettre à ce moment là.