Bon, au risque de me faire lyncher, je vais aller contre l'opinion générale. Personnellement, rien ne me choque dans les propos de Lou Doillon. Est-ce-que c'est dit de manière maladroite ? Certes. Suis-je d'accord avec son message général ? Oui, plutôt. Je commence à en avoir sérieusement ras le bol qu'on nous foute Beyoncé et Minaj en pleine gueule comme les nouveaux visages du féminisme noir. Le "black feminism" américain, je le connais, je l'ai étudié ; en précurseur de l'intersectionnalité et mené par des pointures comme Angela Davis, ce n'est certainement pas un féminisme qui véhicule le genre de messages aussi débiles que ceux qu'on trouve dans les paroles de ces deux nanas. En tant que féministe et en tant que femme, je trouve leurs messages d'une vulgarité, d'un sexisme et d'une hypocrisie exacerbée (on est d'accord que je parle ici de leurs paroles). Elles peuvent faire ce qu'elles veulent, certes, absolument, totalement ! Mais quand elles se cachent derrière un mot qu'elles ne comprennent pas, j'ai le droit de critiquer ! J'en ai aussi ras le bol qu'on me parle de libération sexuelle dès qu'une nana montre son cul à une caméra. C'est un peu (beaucoup) plus complexe que ça et cette manière qu'on a de constamment simplifier des discours à la base très intellectuels me gonfle au plus haut point. Il y a une énorme différence entre libération sexuelle et hyper sexualisation du corps féminin, entre nudité et perversion. Beyoncé et Minaj, c'est du capitalisme pornographique, c'est une récupération dégueulasse d'un mouvement de pensée que j'adore, c'est faire du féminisme un outil marketing, c'est parler de libération tout en jouant le jeu du patriarcat le plus pervers. Oui, j'y vais fort, mais bon des fois, ça fait du bien hein ?! J'ai aussi lu beaucoup d'articles qui attaquent très sévèrement Lou Doillon pour ce qu'elle a dit. Ce qui me fait rire (jaune) c'est que sur tous les articles, les extraits de son discours sont modifiés et modelés. On enlève des bouts de phrases par si par là, on change l'ordre des phrases etc, résultat : on manipule ses arguments. Bref, pour moi, tout ce qu'elle dit c'est que c'est dangereux de penser que bouger son cul devant un écran qui dit féministe tout en chantant des chansons qui glorifie la relation violente entre Whitney Houston et son mec, qui glorifie le mariage, qui glorifie le fait de devenir esclave de son mec, le matérialisme, le capitalisme, la superficialité, qui qualifie toutes les femmes de "bitch" (ne venez même pas me dire que "bitch" peut être un terme positif parce que je risque de péter un câble), qui insulte toutes les femmes minces parce que en gros "si t'as pas de formes t'es pas une vraie femme" peut être quelque chose de "cool". Bref, elle a osé critiquer les deux nanas les plus mainstream qui ont accepté les normes de l'hyper sexualisation pour se vendre, et du coup elle se fait lyncher de tous les côtés. Tout le monde refuse la conversation, tout le monde se braque. Je trouve ça aussi très moyen de limiter Lou Doillon au mannequinat, elle est aussi et avant tout une chanteuse, auteure, compositrice au talent fou, et comme tout artiste, elle utilise sa plateforme pour s'exprimer. Qu'on soit ou non d'accord avec elle ne justifie pas les attaques malsaines (pas vu sur Madmoizelle évidemment mais sur d'autres sites !!!) auxquelles elle fait face depuis le début de cette pseudo polémique. Dernière chose que j'ai envie de dire c'est que j'ai vécu 3 ans aux états unis, les trois pires années de ma vie ! La culture américaine me sort par les trous de nez, c'est une culture basée sur le mensonge et sur la superficialité. Beyoncé et l'autre en sont l'image parfaite. Le mouvement féministe américain a beaucoup de choses à dire et j'en admire ses leaders (Gloria Steinem, Angela Davis et compagnie) mais il est mis à mal par l'essor du "féminisme pop" qui, pour le coup, n'a RIEN à dire d'intéressant. Il faut sérieusement qu'on arrête de dire que Beyoncé et Minaj sont les seules exemples d'émancipation pour les jeunes femmes noires aux Etats Unis dans la culture pop. C'est faux. India Aria, c'est autre chose. Lauryn Hill, c'est autre chose. (j'suis pas fan non plus de leurs non-stop références à la religion mais ça c'est un autre problème). Bref, il y en a des exemples, il faut juste chercher plus loin que l'industrie mainstream qui est contrôlée par des hommes, majoritairement blancs, sexistes (limite misogynes...) qui ne veulent qu'une chose : nourrir leurs fantasmes.
Je suis désolée si mon commentaire part dans tous les sens et si je peux paraître un peu agressive, ce n'est pas le but voulu
Ce n'est même pas cet article qui m'a énervé, ce sont ceux que j'ai pu lire sur d'autres sites ainsi que leurs commentaires d'une virulence et d'une méchanceté assez incroyable.
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