Avant tout : J'espère que ta pote va aller mieux et que toi-même, tu iras mieux.
Et maintenant : Merci. Pour ton témoignage, pour manifester ce que beaucoup d'entre nous ressente en silence à cause de préjugés. La peur. L'angoisse. La tétanie. Aujourd'hui, cela fait une semaine que les attentats ont eu lieu. Une semaine que la peur habite nos rues, les villes, villages et surtout, nos vies. Certains se révoltent en levant le poing dehors, en criant que non, ils n'ont pas peur et qu'on les emmerde. Et pour ça, je les admires. Mais certains, en sont encore incapables. Est-ce que cela fait d'eux des lâches? Putain non. Bien sûr que non.
Je n'ai ni été témoin, ni touché de près ou de loin par les attentats. Je n'ai pas eu d'amis décédés, ni de connaissances blessés. J'ai juste assisté comme vous tous à l'horreur humaine derrière l'écran, atterré par cette violence, cette... barbarie. Parce que voir des gens mourir parce que certains jugent qu'ils ont tous les droits de tuer, ça me révolte autant que ça m'angoisse. J'ai eu quelques échos de mon propre côté, souvent moqueur ou réprobateur, parce que oui, de Vendredi 13 à Jeudi 19, je ne suis pas sortie de chez moi et ce, pas seulement parce que j'habite à 10min des lieux, mais parce que la prise de conscience est là : Ces types, aussi fous que dangereux, peuvent frapper partout, à n'importe quel moment. Et je suis d'accord avec les slogans qui mentionnent que nous ne devons pas avoir peur, que nous ne devons pas les laisser avoir cet ascendant sur nous... J'ai moi-même affreusement culpabilisé parce que contrairement au 129 personnes décédées, j'ai la chance de pouvoir vivre encore. Alors pourquoi me plaindre? Pourquoi rester tétanisé quand d'autres ont plus de raison de l'être ?
Parce que c'est humain.
Il faut arrêter de rapprocher de ne pas avoir encore la source de courage suffisante pour joindre le mouvement majoritaire. C'est humain d'avoir la trouille devant des événements pareils. Merde, on parle pas d'un petit braquage, on parle d'au moins huit mecs qui ont déboulés dans l'unique but de tuer et de faire couler le plus de sang possible. Alors oui ON A PEUR. Et c'est normal, c'est humain. J'm'appelle pas Wonder Woman, ni Superman, j'ai pas des supers pouvoirs qui me permettent de kicker ces types d'un coup de balayette si je les croise. J'ai rien de tout ça. J'ai juste une vie, un corps, un esprit, comme les 6 millions que nous sommes en France, comme les 6 milliards que nous sommes dans le monde, mais aussi une conscience qui me rappelle que ça peut arriver à n'importe qui demain.
Ça me désole que nous soyons obligés de nous justifier, obligés d'expliquer pourquoi on a la trouille lorsque la solution et la réponse est pourtant aussi simple qu'humaine. Ça me donne la gerbe de voir que nous sommes aussitôt vu comme des lâches, comme des faibles ou des pathétiques. Non, nous sommes justes humains. Et oui, nous aurons le même courage que tous ceux qui le manifestent dans la rue. Oui, un jour nous aussi nous allons lever notre doigts bien haut face à ces enfoirés ailleurs que chez nous. Ça viendra, on le sait. Mais le temps est aussi notre meilleur alliés pour colmater les plaies que tout ça nous provoque. Le courage ne tient pas qu'au fait de réussir à sortir sans angoisse, ça ne tient pas qu'au fait de prendre les armes, ni de leur rire au nez. Non le courage se tient aussi à l'acceptation. Accepter que oui, nous avons la trouille est courageux. Accepter de prendre le temps de vivre avec cette peur et d'aller de l'avant, est courageux. Nous le sommes tous, à notre manière.
Désolé pour ce message... colérique. Mais j'entends à la pelle des témoignages où je vois que l'on juge ceux qui sont angoissés, j'entends tout autant des critiques à ce sujet et je trouve ça injuste. Surtout en ces circonstances où le but est justement d'être solidaire. Ça me révolte et fallait que ça sorte.
En tout cas, effectivement, ne lâchez pas prise. Nous ne nous arrêtons pas de vivre, nous prenons juste le temps de tous nous remettre de tout ça, d'avaler la pilule et de la digérer. Nous y arriverons, ensemble. C'est ce que nous appelons la solidarité.
J'vous fais à toutes et tous de gros bisous et de gros câlins parce que ça aussi, c'est cool pour le moral. Et plein plein d'amour ♥ Maintenant, pour calmer ma colère je vais aller papouiller mon chat qui va sûrement m'ignorer et me fuir de l'avoir déranger dans son sommeil ....