Oui, merci @Dana Scully , j'ajoute ce post FB à l'article puisque @Grumpy trouve que ça l'étaye
je suis historienne de formation. J'ai été formée par des maîtres de grandes qualité à la Sorbonne (Paris I) dans les années 80. Je travaille dans une bibliothèque de l'ENS-Ulm. Je lis assez régulièrement les articles de ce site et je suis un peu lassée par la manière dont l'histoire est instrumentalisée à des fins politiques, quel qu'en soit le but. Un de mes maîtres s'appelait Antoine Prost, en historiographie et méthodologie. Dès le premier cours il nous apprenait avec justesse qu'on ne peut pas lire le passé avec les yeux du présent. Une des difficultés de l'histoire entre autre est d'écrire le passé avec des mots du présent... Ce qu'on attend d'un historien ou d'une historienne c'est une neutralité axiologique (cf Max weber, l'immense Marc Bloch et bien d'autres).Bonjour et merci pour ton commentaire
Non, je ne parle pas du fait d'être noir "comme on l'entend aux États-Unis".
En France, être noir, c'est subir une assignation à une race sociale qui est stigmatisée.
Peu importe sa couleur de peau (qu'on soit clair ou non) et/ou l'origine de ses parents et leur culture. Car on peut être un enfant noir adopté par deux parents blancs, par exemple, et subir du racisme. C'est ce que raconte très bien l'autrice et cinéaste Amandine Gay, elle-même une femme noire adoptée par deux parents blancs. Je te recommande chaudement son brillant documentaire "Ouvrir la voix" si le sujet t'intéresse
C'est parce qu'on est perçu comme noir, assigné noir, donc racisé, qu'on risque de subir des discriminations à l'embauche, au logement, davantage de contrôle de police, et toutes ces autres violences structurelles qui font du racisme un système (et c'est pour ça qu'on parle en France de racisme systémique).
En France en 2017, une enquête menée avec impartialité par le Défenseur des droits de l’époque, Jacques Toubon, pointait que les jeunes hommes perçus comme noirs et arabes encourent 20 fois plus de risques d’être contrôlés par la police que le reste de la population.
Je doute que les policiers n'aient checké l'arbre généalogique de chaque personne avant de les interpeler.
En France, aujourd'hui encore, on risque de se voir refusé des logements parce qu'on est perçu comme noir, peu importe son arbre généalogique et ses "codes sociaux acquis".
Ça n'a donc rien d'une importation américaine. Ce sont des réalités bien françaises, théorisées notamment par la française Paulette Nardal dès les années 1920, le français Frantz Fanon dès les années 1950, ou encore la française Colette Guillaumin dès les années 1970 (c'est à elle et cette époque qu'on doit le terme bien français de "racisé" qui désigne ce processus de racisation, c'est-à-dire assignation à une race sociale).
Et oui, même la page wikipedia de Christian Louboutin indique qu'il a une mère bretonne et un père biologique égyptien (donc pas un lointain ancêtre). C'est littéralement ce que j'écris dans l'article
Qu'il apprenne tardivement que son père biologique vient d'Egypte ne fait que confirmer combien peu importe la blancheur de la famille qui nous éduque, et comment on se perçoit soi-même, même si l'on se persuade d'être blanc soi-même, ça n'empêchera pas que si l'on est perçu comme noir dans l'espace public, on sera traité comme tel. Et risque donc de subir du racisme.
Quand tu écris, << Aussi il n'a a priori pas baigné dans une culture où il aurait acquis les codes sociaux "Noirs" a priori >>, (je me demande ce que tu penses être << des codes sociaux "Noirs">> mais passons, le raisonnement reste le même ), encore une fois, peu importe la culture transmise par ses parents et les codes sociaux transmis par ses parents, un jeune homme — comme Christian Louboutin a pu l'être — a 20 fois plus de risques d'être contrôlé par la police. C'est un fait statistique.
C'est une réalité bien française, avec une longue histoire bien française. Pas une importation américaine (les États-Unis appliquent beaucoup de théories venues d'Europe, d'ailleurs, à commencer par cette invention si française qu'est le Code noir, ordonnance royale des années 1720 contre les esclaves français sur les îles de l'Amérique française et de la Louisiane alors française…)
Je comprends tes questionnements et j'espère que mon message que je veux bienveillant y répondra
je suis historienne de formation. J'ai été formée par des maîtres de grandes qualité à la Sorbonne (Paris I) dans les années 80. Je travaille dans une bibliothèque de l'ENS-Ulm. Je lis assez régulièrement les articles de ce site et je suis un peu lassée par la manière dont l'histoire est instrumentalisée à des fins politiques, quel qu'en soit le but. Un de mes maîtres s'appelait Antoine Prost, en historiographie et méthodologie. Dès le premier cours il nous apprenait avec justesse qu'on ne peut pas lire le passé avec les yeux du présent. Une des difficultés de l'histoire entre autre est d'écrire le passé avec des mots du présent... Ce qu'on attend d'un historien ou d'une historienne c'est une neutralité axiologique (cf Max weber, l'immense Marc Bloch et bien d'autres).Bonjour et merci pour ton commentaire
Non, je ne parle pas du fait d'être noir "comme on l'entend aux États-Unis".
En France, être noir, c'est subir une assignation à une race sociale qui est stigmatisée.
Peu importe sa couleur de peau (qu'on soit clair ou non) et/ou l'origine de ses parents et leur culture. Car on peut être un enfant noir adopté par deux parents blancs, par exemple, et subir du racisme. C'est ce que raconte très bien l'autrice et cinéaste Amandine Gay, elle-même une femme noire adoptée par deux parents blancs. Je te recommande chaudement son brillant documentaire "Ouvrir la voix" si le sujet t'intéresse
C'est parce qu'on est perçu comme noir, assigné noir, donc racisé, qu'on risque de subir des discriminations à l'embauche, au logement, davantage de contrôle de police, et toutes ces autres violences structurelles qui font du racisme un système (et c'est pour ça qu'on parle en France de racisme systémique).
En France en 2017, une enquête menée avec impartialité par le Défenseur des droits de l’époque, Jacques Toubon, pointait que les jeunes hommes perçus comme noirs et arabes encourent 20 fois plus de risques d’être contrôlés par la police que le reste de la population.
Je doute que les policiers n'aient checké l'arbre généalogique de chaque personne avant de les interpeler.
En France, aujourd'hui encore, on risque de se voir refusé des logements parce qu'on est perçu comme noir, peu importe son arbre généalogique et ses "codes sociaux acquis".
Ça n'a donc rien d'une importation américaine. Ce sont des réalités bien françaises, théorisées notamment par la française Paulette Nardal dès les années 1920, le français Frantz Fanon dès les années 1950, ou encore la française Colette Guillaumin dès les années 1970 (c'est à elle et cette époque qu'on doit le terme bien français de "racisé" qui désigne ce processus de racisation, c'est-à-dire assignation à une race sociale).
Et oui, même la page wikipedia de Christian Louboutin indique qu'il a une mère bretonne et un père biologique égyptien (donc pas un lointain ancêtre). C'est littéralement ce que j'écris dans l'article
Qu'il apprenne tardivement que son père biologique vient d'Egypte ne fait que confirmer combien peu importe la blancheur de la famille qui nous éduque, et comment on se perçoit soi-même, même si l'on se persuade d'être blanc soi-même, ça n'empêchera pas que si l'on est perçu comme noir dans l'espace public, on sera traité comme tel. Et risque donc de subir du racisme.
Quand tu écris, << Aussi il n'a a priori pas baigné dans une culture où il aurait acquis les codes sociaux "Noirs" a priori >>, (je me demande ce que tu penses être << des codes sociaux "Noirs">> mais passons, le raisonnement reste le même ), encore une fois, peu importe la culture transmise par ses parents et les codes sociaux transmis par ses parents, un jeune homme — comme Christian Louboutin a pu l'être — a 20 fois plus de risques d'être contrôlé par la police. C'est un fait statistique.
C'est une réalité bien française, avec une longue histoire bien française. Pas une importation américaine (les États-Unis appliquent beaucoup de théories venues d'Europe, d'ailleurs, à commencer par cette invention si française qu'est le Code noir, ordonnance royale des années 1720 contre les esclaves français sur les îles de l'Amérique française et de la Louisiane alors française…)
Je comprends tes questionnements et j'espère que mon message que je veux bienveillant y répondra
je ne parle pas du bien-fondé du Code Noir, mais du pourquoi. Pour votre édification, à l'époque des traites négrières, les Barbaresques fomentaient des razzias sur les côtes nord de la Méditerranée pour asservir des Européen(nes). Je rappelle que ce sont des particuliers en Europe qui se sont lancés dans ce triste commerce et que ce sont les royaumes d'Angleterre et de France qui y ont mis fin. Quant à Marc Bloch, j'ai lu son oeuvre. Je rappelle qu'il est mort en héros fusillé par les Nazis en tant que Résistant et juif.J'ai trouvé les échanges ici très intéressants et pédagogiques. J'espère qu'on pourra rire ensemble du poste de @Agnodice et que ça ne tournera pas en débat absurde où on ose citer Marc Bloch pour finir par..... discuter du bienfondé du Code noir ? Sérieusement ?