Eh les madz, je vous lis quand je suis au travail et je ne réagis pas toujours, mais ça me rend triste de vous voir vous questionnez votre légitimité, votre douleur parce que vous n'êtes pas touché.es directement, parce que vous n'êtes pas sur place, parce que vos collègues/votre famille/vos ami.es ne semblent pas réagir. Mais vous avez le droit vous savez, d'avoir peur, d'avoir mal, d'être pleine de rage, de pleurer peu importe votre degré d'implication si je puis dire ou votre localisation, c'est quelque chose de très humain et de totalement légitime. Ne vous laissez pas atteindre par les remarques que l'on peut vous faire, c'est une épreuve qui est difficile et tout le monde essaye de la surmonter à sa façon.
Au bureau, on en a parlé lundi, mais d'une manière très détaché. C'était perturbant, ma collègue et moi entendions les filles de l'open space voisin parlé avec le soulagement normal de ceux qui constatent que tout va bien pour leur proches et collègues, ma collègue a perdu qqn et c'était très pesant. Mon autre collègue à deux heures de transport en commun le matin, on n'a jamais évoqué le sujet, elle a toujours son sourire collé aux lèvres et on pourrait la croire indifférente, mais je ne l'ai jamais autant entendu insister sur ses projets futurs, sur ce qu'on va faire le mois prochain et celui encore d'après. Elle rit très fort pour tout et pour rien, surtout pour la grève des bus et les pb de métro, elle rit beaucoup d'ordinaire mais là c'est pire (je dis pire parce que son rire m'agace ^^) et toujours plus fort. Et moi non plus, je n'en parle pas, je travaille. Beaucoup. Bien plus. Sans vraiment en parler, on a tous notre manière de compenser et d'avancer, l'une n'est pas meilleure que l'autre, pas moins bonne non plus. Je m'égare, mais je voulais juste vous dire que, vous n'avez pas à vous justifier d'être humain.e et d'avoir des émotions, au contraire.
