@Impromptue : Prenons ton principe à l'envers : n'est-ce pas déjà une domination idéologique que de toujours représenter les Noirs sous la forme de cliché ?
Cela ne fait-il justement pas parti intégrante du système de domination hégémonique blanche ?
Si l'on est d'accord pour dire que c'est déjà une domination idéologique que de toujours les représenter d'une unique façon, pourquoi demander le contraire, ou l'ouverture a une diversité lui est vu comme une "propagande idéologique". sémantiquement, il s'agit plus d'une contre propagande ou du moins d'une contre-idéologie.
Si l'on est pas d'accord pour dire que toujours les représenter d'une unique manière ne tient pas de l'imposition idéologique, alors demander l'inverse n'en est pas non plus.
CQFD.
Donc arrêtez de nous accusez de demander au cinéma de s'emparer d'idéologie, car il est DEJA imprégné d'UNE Idéologie.
Nous ce qu'on demande c'est de sortir de cette idéologie LA. C'est un peu le propre de la pensée antiraciste et féministe intersectionnelle.
Enfin, je dirais que si vous vous accordez à dire qu'on a pas à demander à un réalisateur de faire un film sur les Noir-es de manière militant intersectionnelle, on a pas non plus à demander aux gens concerné d'adorer son film.
je cite ces articles-interview:
http://www.lefigaro.fr/cinema/2014/...a-banlieue-et-des-filles-qui-se-cherchent.php
et surtout celui -ci :
http://next.liberation.fr/cinema/20...itoires-plutot-qu-ils-ne-les-occupent_1124324
Osez me dire qu'elle n'a pas un langage politique là ! qu'elle n'avait pas des velléités politiques, voire idéologique pour le cinéma!
dans le 1er article elle décrit tout ce qu'elle s'est refusé à évoquer :
-pas de policiers : ni politique territoriale, ni politique tout court en fait, donc zéro réflexion sur le système qui étreint ces filles, mais les gens de banlieue en général. Déjà parler de la banlieue sans faire référence au système, ça me sèche, mai parler des minorités en banlieue, sans faire référence au système ça me tue encore plus.
- pas de blancs, pour éviter la confontation: ok c'est un point de vue, sauf que la confrontation elle existe, le racisme anti-noir existe et pas que de la part des blancs d'ailleurs, mais vu qu'elle parle que des blancs on va rester là-dessus, donc en gros évacuer les blancs pour pas parler de racisme. bon ok.
- pas de religieux : ok c'est un autre point de vue, mais la n'empêche que la pression religieuse existe aussi
Elle se targue de n'avoir choisi que certains axes d'oppression (aka le sexisme / domination masculine) en en oubliant les 3/4 de ce qui fait qu'on est une fille de banlieue, de ce qui fait qu'on est une fille dans une bande de fille... ce qui fait que de facto les personnages paraissent forcément fake et irréls.
Pourquoi alors s'étonner de la non-représentativité de ces personnages, en effet! Elle les a juste exurgé d'une (grosse) partie de leur réalité!
Quand un personnage ne contient qu'une parcelle de réalisme, qu'il est purgé volontairement toute des autres types d'oppressions et du système dont les personnages réelles sont tirés , oui ça me pose un problème fondamental.
La représentation est fausse, elle est tronquée. et dans ce cas là tu t'abstiens de faire un film sur les bande de filles, quand manifestement tu ne les comprends pas et tu ne sais pas ce qu'elles vivent et que de ton propre aveu , tu ne t'es ni documenté ni a fait des recherches sur le sujet..
Pour terminer, je ne supporte absolument pas les propos de Sciamma quand elle dit qu'elle leur rend la parole.
Elle ne l'ont jamais prise et elle ne l'ont jamais eu.
Les actrices se sont contenté de suivre un rôle pré-écrit par Sciamma et dont elle n'avait pas à sortir. Au mieux ces actrices ont été la voix et le visage d'une image fantasmée d'une bande de filles. En aucune manière elle n'a tendu le micro à ces filles, en aucune manière ce sont elles qui parlent . C'est Sciamma qui parle. Donc "Merde à la fin!", comme dirait Arthur de Kaamelot.
Qu'elle assume son regard de blanche exotisante "fascinée" qui veut parler de féminisme mais qu'elle ne parle ni d'intersectionnalité ni de racisme ni de "filmer la banlieue et ces filles".
Là ce qui l’intéressait c'est le sexisme en banlieue et c'est tout.
Et c'est pas un mal, mais qu'elle se contente de dire ça clairement, et qu'elle ne parle pas surtout pas de racisme, de visibilité des noires et d'intersectionnalité, quand son film a fait le parti-pris de ne PAS en parler.
Sinon, je viens de lire une critique de militants qui sont allé à un débat avec la réalisatrice pour une avant-première en banlieue.
-A la question du "je n'ai pas vu de message dans votre film, il n'était pas clair"
elle sort du "mais en fait il n'y a pas de message, il faut sortir de ce type de cinéma on est dans le post-moderne" ... ah ouais donc y a juste aucun message,.. Ok.
Donc toute la presse et toute ses interview c'était du mytho ?
Donc d'où elle ouvre sa gueule sur les marges , les marginalités, les enjeux racistes et féministes ? WTF quoi.
-quand on lui pose la question , du "pourquoi vous représentez des clichés?"
elle répond "de toute façon en France, on ne peut plus faire que des films antiracistes ou des films raciste comme qu'est-ce qu'on a fait au bon dieu"...
Mais LOL.
Ahh j'étais pliée de rire. Elle reconnait que la montagne de cliché ayant donné ce film de merde qu'est "qu'est-ce qu'on a fait au bon dieu" lui confère un caractère raciste, mais quand on pointe les clichés de SON film , elle chouine ???
mon radar whitetears a bien bipé , j'ai envie de dire.
Elle est juste sur la défensive parce qu'elle ne comprend pas que son film ait pu heurter des gens.
Fallait peut-être se poser la question avant.
Si elle s'était documenté sur ces gens AVANT de faire ton film, peut-être qu'elle comprendrait pourquoi on est crispé.