Désolée d'insister mais je pense vraiment que ton article (le paragraphe sur l'esthétique en tout cas) ne fait qu'appuyer cette interprétation et ne la critique pas du tout, tu laisses entendre que l'esthétique = tendance, mode et ce n'est pas ça du tout. Céline Sciamma utilise un vocabulaire précis parce qu'elle parle de sa place de cinéaste et je pense que c'est aux journalistes de faire le travail de recherche pour comprendre le vocabulaire qu'elle utilise et pour le faire comprendre, pour moi le/la journaliste a pour objectif d'informer mais aussi de permettre le lien entre les lecteurs/lectrices et un sujet, là je pense que tu n'as pas fais ce travail là puisque tu tombes dans le panneau esthétique=beauté, mode, tendance et non esthétique=concept philosophique permettant de penser l'oeuvre d'art. Evidemment, si vous ne parlez pas de la même chose, la confusion règne, Céline Sciamma utilise un vocabulaire cinématographique et les journalistes ne font pas le travail qu'ils/elles doivent faire en en cherchant le sens de son propos et préfèrent parler de ce qu'ils/elles croient être la définition de ce terme, à partir de là, je pense que les points de vue des journalistes sont biaisés, et je trouve ça très grave. Pour moi, Céline Sciamma ne se rend pas complice de ça, tout simplement parce que ce n'est pas son travail d'expliquer aux journalistes comment rendre compte de ses propos dans la presse, elle dit "c'est un parti pris esthétique de FILMER ces filles-là, noires", c'est à dire que c'est un parti-pris esthétique de choisir de porter un regard exclusivement sur elles (et là je ne parle pas du fond et de la manière dont elle réalise ce film, je n'ai pas vu le film), elle ne dit pas "les filles noires c'est esthétique", elle explique simplement qu'elle a choisi de focaliser sa pensée sur une minorité (au sens classe opprimée dans la société actuelle) comme de nombreux réalisateurs et réalisatrices l'ont fait avant elle, et là je te renvoie à toute une vague de films ouvriéristes, féministes , LGBTI etc... Pour moi il y a un réel enjeu esthétique et politique à dire "je vais montrer exclusivement des personnes minorisées et discriminées dans la société" parce que ces personnes sont tenues dans l'invisibilité et ne sont que peu représentées dans les médias et arts dominants, donc nécessairement, filmer celles et ceux qui sont opprimées c'est un parti-pris politique (après, reste à voir quelle pensée politique elle sert et ce qu'elle fait réellement, c'est une autre histoire et là dessus j'entends les critiques mais n'ayant pas encore vu le film, je ne peux encore donner mon avis), mais l'attaquer en déformant ses propos, je trouve cela très grave, on ne peut pas partir du postulat que son oeuvre est raciste rien que parce qu'elle dit "filmer ces filles-là, noires, c'est un parti-pris esthétique", qu'on le dise sur l'oeuvre, je le conçois parce qu'on parle de quelque chose de concret, on parle de comment est traité le sujet, qu'on le dise sur une intention, ça me paraît extrêmement grave et c'est ce que tu fais dans le paragraphe en question, je te cite : "considérer qu'un casting composé de personnes noires est "un parti-pris esthétique", c'est raciste". Donc, si je te suis bien, les réalisateurs et réalisatrices qui ont choisi de filmer les homosexuel-les, les femmes... sont homophobes et sexistes ? (là encore, on ne parle pas du traitement du sujet mais bien de l'intention puisque c'est l'objet du paragraphe en question).Idem sur l'esthétique. Je ne critique pas du tout son parti pris esthétique, je critique le fait qu'elle réponde ça à la question "pourquoi un casting 100% noir", sans recul, sans corriger cette déclaration quand elle voit que toute la presse reprend ça en mode raciste. (Faut-il citer ici les titres de la presse sur bande de filles ? beaucoup trop de référence au physique des actrices avec des métaphores à base de "sauvage" et "d'exotisme"...)
Bien sûr que l'expression "parti pris esthétique" n'est pas en soi problématique, je critique son interprétation dans ce contexte par l'ensemble de la presse, et le fait que Sciamma se rende complice de ça (vu qu'elle ne clarifie pas ses intentions).
=.
Et quand tu dis que tu critiques l'interprétation de cette expression dans la presse, en fait tu ne dis que "et ça fait mal de lire ça dans la presse française", ce n'est pas très critique, c'est juste ton jugement personnel mais pas du tout une analyse critique surtout que, dans le paragraphe précédent, tu fais exactement la même chose en interprétant mal cette expression...