Tu as raison j'ai fait une généralisation. Disons que je me base sur ce que je vois autour de moi et sur ce que me renvoient bon nombre de supporters.
Tu sais, j'ai fait du foot pendant toute mon enfance (oui, ça peut faire sourire) et c'est un sport que j'ai adoré réellement. En 1998, j'étais alors adolescente (j'avais seize ans) j'ai soutenu corps et âme l'équipe d'italie pendant la coupe du monde. Lorsqu'ils gagnaient contre une équipe, avec ma famille, nous sautions dans tous les sens, on hurlait, on avait des élans de joie et d'euphorie, c'est assez fort comme sensations, ça prend le corps, on developpe une forme d'amour fou pour ces joueurs qui représentent un pays, des souvenirs, des origines.
Lorsqu'ils ont perdu, ça a été terrible pour moi. Je me souviens que je suis partie en courant dans le jardin en pleurant à n'en plus finir. Surtout que je trouvais injuste cette défaite - aux ballons d'or, les ballons de la chance. La victoire de la France m'a dégoûtée, tout cet étalage de populisme, de fierté absolue, cet orgueil démesuré - on a bouffé pendant des années les mêmes images de la réussite du siècle, du matraquage - cette mise sur un piedestal des joueurs, et je l'ai très mal vécu. Plus tard ce sera l'équipe d'italie qui gagnera, dans les mêmes conditions que l'équipe de france pourtant, et qui pourtant se fera fustiger par bon nombre de supporters français qui trouveront cela injuste (ce qui est normal, mais pas le reste) et se laisseront aller à des critiques méchantes et dégueulasses à tout va sur les italiens de l'équipe, mais aussi les italiens eux-mêmes (l'un va souvent avec l'autre), presque assimilées à du racisme. Ca m'a fait très mal personnellement.
Je me souviens qu'à mon boulot bon nombre de gens m'ont regardée de travers et m'ont fait des reflexions parce que je portais un tee-shirt de l'équipe d'italie. "Bah, les italiens." "C'est des tricheurs." "Bééé, je te parle plus." Ca a renforcé mon sentiment du monopole de supporters cons, fermés d'esprit et en plus ségrégataires à la limite, je le redis, d'une espèce de racisme pour la nationalité italienne.
Cela me fait plaisir de lire que tu es différente là-dessus; si seulement tous les supporters étaient comme ça!
Il n'y a pas que le milieu du foot qui me dégoûte pour cette ambiance intolérante; le rugby aussi me déplaît fortement, mais pour des raisons différentes. Déjà je trouve ce sport laid, mais cela n'engage que moi. Et ensuite et surtout la mentalité des supporters est souvent pitoyable à mes yeux (et des joueurs d'équipes, petites ou non). Encore une fois cet égo démesuré et cet orgueil. On dirait des seigneurs lorsqu'ils arrivent dans une soirée ou en ville. Ils se sentent surpuissants et font les beaux. Et puis pour en connaître quelques-uns, ils passent souvent des soirées à boire comme des trous, et en sont fiers, ce qui me les rend encore plus antipathiques. Bien sûr, tous ne sont pas comme cela!
Et pour finir, oui, il n'y a pas de mal à ce que des milliers de gens se rassemblent pour soutenir une équipe ou célébrer sa victoire. Je comprends cette forme de rassemblement qui créé des liens, donne de la joie aux gens, leur fait partager des choses qui les libèrent de leur vie quotidienne. Mais ce qui m'a toujours fait mal, c'est de voir qu'une telle solidarité peut se créer autour d'un ballon, autour de quelque chose au final de tellement dérisoire dans nos vies et pas pour des causes extrêmement bien plus importantes, capitales, des causes citoyennes, des causes sociales. La solidarité des gens s'arrête au niveau d'un sport, ça me fait mal. Les rassemblements d'une telle échelle dans d'autres domaines n'existent qu'une fois tous les cinquante ans, je trouve ça aberrant.
Voilà, j'espère que tu comprends mieux ce que je voulais dire. J'ai tendance à généraliser, c'est vrai. Mais j'ai vraiment l'impression que beaucoup de supporters sont comme ça. En même temps, lorsque j'étais moi-même une supportrice effrenée, je ne voyais pas vraiment ce côté-là, j'étais un peu comme toi, je voyais surtout la joie, le rassemblement, l'admiration. Peut-être que selon ou non qu'on est impliqué on voit les choses différemment.