@helvira Dans la "vraie vie", on fait attention à ce qu'on dit aussi, non ? Donc je ne vois pas pourquoi ce forum, qui est ici pour échanger et apprendre, dérogerait à la règle.
Bien sur je fais attention à ce que je dis, et malgré mes dires il est probable que je continuerai à faire attention à ce que j'écris. Mais je persiste à détester le politiquement correct, qui n'a rien à voir avec le respect. Le politiquement correct, c'est dire "il n'est pas aveugle, il est non voyant". Très grossièrement on appelle ça cacher la merde au chat, parce qu'un non voyant n'aura pas plus de facilité à utiliser un distributeur automatique de billets qu'un aveugle. Mais ça fait plus joli de dire non voyant : c'est politiquement correct, et tout de suite on voit bien que la canne blanche est plus légère. Les noirs insultés se sentent bien mieux quand on leur dit qu'ils sont de couleur. Les parents de Sonia, que vous ne connaissez pas, après qu'on leur ait refusé l'inscription dans trois écoles, ont été très heureux d'apprendre que leur fille n'est pas trisomique mais simplement différente. Benjamin, amputé des deux jambes suite à un cancer des os à 16 ans, fut grandement soulagé d'apprendre qu'il était grand invalide civil et non pas cul de jatte. Et si on vous dit : "on pourrait appeler le 15?", vous serez beaucoup moins efficace que si je vous hurle "ce type va crever si tu ne me laisses pas lui faire un massage cardiaque".
Et reprocher à quelqu'un de dire "cette connasse dans son patelin de merde" alors qu'elle a été humiliée et insultée par ladite connasse en lui disant "oula, mais là tu fais du classisme", c'est très hypocrite. Je sais très bien que les bouseux, les putes, les connards de Parisiens, les abrutis de provinciaux, les salauds de paysans, ce ne sont pas de simples mots, ce sont des insultes, humiliantes et à vomir. Et pourtant il m'arrive de les employer, dans des moments de colère, ou dans une blague à la con mais qui me fait rire. Je suis un être humain avec mon lot de crasse, de laideur. Et aussi d'humour et d'humanité. Mais je déteste les étiquettes, le "propre sur lui", le "oh on jamais chez moi", et le politiquement correct.
Je m'emporte, et en me relisant je me rends compte que je pars un peu loin. Mais pas trop loin.
Vous avez raison d'être vigilants, tous (toutes ?). Mais il serait tellement plus agréable et convivial de ne pas recevoir une agaçante leçon moralisatrice dès qu'un mot hors-la-loi est lâché sous le coup d'une émotion. Soyez soucieux de vos contemporains, soyez tolérants, laissez-les se tromper, dire des sottises voire des énormités, Vous êtes très attentifs aux mots, donc vous savez comme les mots peuvent faire des miracles dans une discussion intelligemment menée.
Ceci dit, merci à
@mido et
@the-spare-key pour leurs remarques pleines de diplomatie, je ne suis pas certaine d'avoir fait preuve d'autant de mesure. A mon âge, ce n'est pas qu'on ne se refait pas, c'est qu'on a appris à se connaître telle qu'on est.